Même s’il est exagéré de parler de « traitement de faveur » pour ces quatre dignitaires de l’ancien régime qui ont été inculpés et placés sous mandat de dépôt par le Doyen des juges d’instruction, il reste évident que Ndongo Diaw, Amadou Kane Diallo, Baïla Wane et Condetto Niang sont des privilégiés, comparés à leurs compagnons d’infortune. A la prison centrale de Rebeuss où la rigueur carcérale varie en fonction de la gravité du chef d’inculpation, Kane Diallo et Ndongo Diaw, l’ancien directeur général du Conseil sénégalais des chargeurs, actuellement pensionnaires de la chambre 43 de la célèbre Maison d’Arrêt et de Correction (Mac) communément appelée « Cent mètres », sont des détenus de luxe. C’est une grande salle qui avait été construite, au lendemain du déclenchement de la rébellion casamançaise, pour servir de cellule à feu l’Abbé Diamacoune Senghor et sa dizaine de lieutenants arrêtés dans le cadre de ce conflit. Cette même chambre a accueilli, par le passé, d’illustres détenus à l’image de Jean Paul Diaz, Sada Ndiaye, le défunt Abdou Latif Guèye, etc.
Luxe sobre, prière et lecture
En plus d’un lit aménagé avec oreillers, les Vip de Rebeuss disposent de ventilateur, téléviseur, d’une salle de bain et d’une courette. C’est dans le tranquille « Secteur 2 » de la prison que les ex-directeurs généraux du Cosec et de l’Artp font leur cent pas chaque matin à partir de 9 heures avant de retourner en cellule à 11 heures. Le même temps leur est accordé l’après midi, de 15 à 17 heures. Préparés depuis leurs domiciles, les mets qui leur sont servis sont très loin du « diagan » de la prison. Sans y avoir goûté, « Le Pays » est convaincu que les repas acheminés aux pensionnaires de la chambre 43 sont généralement succulents. Kane Diallo et Ndongo Diaw utilisent souvent les heures de cour pour se détendre. Sous un manguier au feuillage touffu, ils discutent, causent et échangent avec leurs codétenus de la chambre 42. Mais, la vie en prison de ces dignitaires de l’ancien régime, c’est surtout la prière et la lecture. S’ils ne sont pas en train de prier, ils lisent ou regardent la télé, dans un univers où le mot délestage ne fait pas partie du jargon.
Avenir obstrué
Leur quotidien carcéral est à peu près identique à celui de Baïla Wane et de Condetto Niang qui ont rejoint, depuis leur première nuit, les locaux de l’infirmerie. C’est un bâtiment aménagé dans la prison pour accueillir les détenus à la santé fragile. Des techniciens spécialisés veillent au quotidien sur eux avec des rapports régulièrement établis sur l’état de leur santé. Condetto Niang passe sa journée à regarder la télé et à relire ses cours en Master 2, arrêtés depuis son incarcération pour « détournement de la somme de 300 millions ». Quant à Baïla Wane, il ne trouve pas d’autre passion que la lecture. C’est dire qu’en tant que détenus, Kane Diallo, Ndongo Diaw, Baïla Wane et Condetto Niang ne cohabitent pas avec des « desperado » arrêtés pour des crimes, des infractions, des faits de braquage, vol avec violence, viols, etc. L'inégalité des conditions de détention dans les prisons sénégalaises est une réalité. Même s’il n’est pas trop facile pour les Vip de Rebeuss de se projeter dans un avenir qui n'existe pas pour le moment, ils envisagent un futur qui dépendra de l’évolution de leurs dossiers soumis à l’appréciation de Dame Justice.
NDIOGOU CISSE
Le Pays au Quotidien