Le Sénégal vit Aujourd’hui un tournant décisif dans son évolution. Ce serait une grosse erreur d’entrer dans le piège d’Abdoulaye Wade consistant à poser le prochain vote du deuxième tour de ces élections de 2012, sous l’angle de l’opposition Mouride-Anti Mouride.
Avant l’indépendance, Serigne Fallou en tant que Khalif Général des mourides a toujours soutenu le chrétien Senghor contre le musulman Lamine Gueye. Dans les années soixante aussi, ce même Serigne Fallou avait pris position pour Senghor dans le bras de fer qui l’opposait à Mamadou Dia. Et plus récemment, en 1988, on se souvient de l’appel de Serigne Abdoul Ahad pour voter pour Abdou Diouf. Et pourtant Serigne Abdoul Ahad en homme avisé savait qu’Abdoulaye Wade était « mouride ».
Malgré le soutien (Baatine) que Serigne Saliou lui a toujours apporté, nous avons toujours en mémoire la menace d’Idrissa Seck de sortir le CD où Abdoulaye Wade raillerait le Cheikh.
Essayer d’amener le débat sur ce terrain, c’est essayer de semer la confusion dans l’esprit des gens, et récupérer au maximum le vote mouride. Mais je pense qu’aujourd’hui, la majorité des sénégalais ont découvert le véritable visage d’Abdoulaye Wade, et tout le monde doit être vigilant.
Abdoulaye Wade a tellement fait de dégâts dans ce pays, et pour cinq raisons principales, il doit quitter la tête de l’Etat :
Il sème le discrédit et la division dans les confréries et les religions
Depuis 2000, des signes de division sont notés dans presque toutes les confréries du pays, et les dissidents ont toujours été directement ou indirectement instrumentalisés par le Régime :
A Touba Abdoulaye Wade utilise des ministres qui sous prétexte qu’ils sont Talibés, infiltrent la Famille du Khalif. A défaut de pouvoir traiter directement avec le Khalif, ces ministres corrompent une partie de l’entourage du Marabout qui leur donne des informations qu’ils distillent dans la presse, et ces membres essaient toujours d’influencer le marabout pour aller dans le sens voulu par les tenants du régime. Toujours par la corruption, ces ministres utilisent certains dignitaires mourides considérées comme porteurs de voix et dont les positions vont, la plupart du temps à l’encontre de celles du Khalif Général et de la majorité des mourides;
A peu près, c’est la même méthode qui est utilisée à Tivaouane. Des fois c’est les Moustarchidines qui sont utilisés, des fois c’est l’entourage du Khalif Général. L’agression contre les confréries a atteint son paroxysme dans les violences qui ont précédé le vote du premier tour, lorsque des éléments de la Police Nationale ont lancé une grenade lacrymogène dans l’enceinte même de la Zawiya Tidiane ;
Dans la famille de Ndiassane, Abdoulaye Wade a nommé sénateur, le porte-parole. Pour être en phase avec le Régime, ce dernier est obligé de prendre des positions qui sont souvent contestées par d’autres membres de la famille ;
La famille Layènne n’est pas épargnée. Il y’a quelques mois, l’une des épouses du Khalif a fait une sortie dans les médias, pour dénoncer l’accueil chez le Khalif, de hautes autorités de l’Etat par des membres de la Famille, sans qu’elle ne soit mise au courant. Plus récemment, lors de cette campagne électorale du premier tour de l’élection présidentielle, le fils du Khalif se sentant « insulté » par Abdoulaye Wade a dû répliquer devant le Khalif ;
En plus de la méthode de division qui est utilisée, Abdoulaye Wade tente de discréditer les confréries. Pour défendre ses statues, il s’est permis de dire que les chefs religieux n’étaient pas contre puisqu’ ils passaient devant les statues de Faidherbe et autres sans piper mot.
Mais Abdoulaye Wade ne se limite pas aux confréries musulmanes. A chaque fois que l’occasion se présente, il en profite pour lancer des propos méprisants, à l’endroit des chrétiens. Une illustration parfaite de son manque de considération pour cette religion a été la poursuite de Jean Paul Diaz jusque dans l’enceinte de la Cathédrale de Dakar, à une heure de prières.
Au vu de tout cet acharnement contre la Religion, nous pouvons affirmer que si ce n’est pas l’exécution d’un plan maçonnique, ça y ressemble fortement.
Il encourage la corruption et l’enrichissement illicite
Depuis l’Alternance, la corruption et l’enrichissement illicite ont pris des proportions insoupçonnées dans notre pays. Les marchés gré à gré, les détournements et les surfacturations se sont multipliés. Des scandales ont été révélés avec des audits, et aucune sanction n’a été prise. La sortie récente de Bara Tall contre Abddoulaye Baldé vient s’ajouter à la longue série.
L’enrichissement spectaculaire de personnes qui n’ont jamais travaillé avant 2000 peut aussi susciter des interrogations. Comment un salaire de ministre de 1 500 000 ou bien 2 000 000 FCFA peut permettre d’avoir des immeubles, d’importants parkings automobiles, des terrains et ce, en l’espace d’une dizaine d’années.
Il favorise la disparition des valeurs morales dans notre société
En 2000 beaucoup de gens comme moi pensaient que les personnes qui étaient accusées de fautes de gestion dans le régime socialiste, même si elles n’étaient pas auditées et sanctionnées, au moins, elles ne devraient plus occuper de postes de gestion de finances publiques. Le signe annonciateur a été le ralliement de Mbaye Jacques Diop (baron du régime socialiste) dans l’entre deux tours de l’élection. Après, les Sada Ndiaye, Adama Sall, Abdoulaye Diack, Abdou Rahim Agne … seront accueillis et protégés. Tour à tour les gens qui ont soutenu Abdoulaye Wade pour son élection, et ceux là même de la coalition qui l’a poussé à être candidat, sont renvoyés.
Durant les deux mandats d’Abdoulaye Wade, tous les jours c’est des combinaisons politiciennes qui renvoient aux sénégalais l’image de « Je peux retourner ma veste quand je veux ». Et le résultat est qu’aujourd’hui, il n’est entouré que de ceux qui le combattaient farouchement, et a en face de lui, des gens avec qui il a longtemps cheminé.
Il a désintégré l’Etat et a fait démystifier l’autorité publique
Les fonctions de ministres, Directeur Général et PCA n’ont jamais été aussi dévalorisées que sous Abdoulaye Wade. N’importe qui peut être ministre, il suffit tout simplement de se montrer intraitable quand il s’agit de défendre le Président, ou bien d’être son laudateur.
L’augmentation considérable de salaires de quelques fonctionnaires peut être une bonne chose, mais le problème c’est qu’Abdoulaye Wade ne fait rien gratuitement. Ces augmentations pourront créer beaucoup de problèmes aux prochains régimes. Pour maintenir le niveau de salaire, ils seront obligés de continuer à jouer sur les taxes, ce qui aura une conséquence sur la cherté de la vie des sénégalais.
Abdoulaye Wade ne s’arrête pas là. Pour régler des problèmes électoraux de son parti le PDS, il fait recours à un découpage abusif du territoire national. Presque tous les six mois, des communautés rurales ou communes ou régions sont créées par ci et par là, sans qu’on ne voie l’intérêt.
Il a trahi la confiance de beaucoup de sénégalais
Mais le plus difficile à accepter pour beaucoup de sénégalais, c’est la perpétuation de certaines pratiques des quarante années de régime socialiste – des pratiques que l’opposant Abdoulaye Wade dénonçait vigoureusement, et qui lui valaient le soutien de beaucoup de ses compatriotes.
L’accaparement des médias d’état s’est considérablement accentué. L’opposition n’a presque pas accès à ces médias, et souvent, le public n’est pas informé sur ce qui l’intéresserait ;
Abdoulaye Wade s’était opposé à la création du Sénat. Quand il est venu au pouvoir, il a renvoyé les membres qui le composaient, et a créé son propre sénat avec la majorité des membres choisis par lui ;
Il a dissout le Conseil Economique et Social et l’a recréé sous une nouvelle forme, en l’appelant CRAES. Quand il s’est brouillé avec le président, Mbaye Jaques Diop, il supprime le CRAES pour recréer le Conseil Economique et Social qu’il confie à Ousmane Masseck Ndiaye;
Il a augmenté le nombre de députés pour satisfaire sa clientèle politique;
Et il tripatouille quotidiennement la constitution.
Conclusion
Si dans un pays quelqu’un qui aspire à devenir Président de la République ne pense s’appuyer que sur une frange de la société (les religieux dans notre cas), ça commence à être dangereux.
Avec le lancement de grenages lacrymogène dans la Zawiya de Dakar, les accusations de vote ethnique portées contre le candidat Macky Sall, les incendies des maisons d’Ahmed Khalifa Niass (Kaolack) et de Sohibou Cissé (Touba), c’est la cohésion nationale qui est menacée et le risque de guerre civile qui plane sur notre pays.
Au vu de tous ces éléments, les sénégalais doivent aller voter massivement lors du deuxième tour de l’élection présidentielle, pour barrer définitivement la route à Wade. Pour nous mourides, ce sera l’occasion de le sanctionner sévèrement pour l’ampleur du préjudice moral qu’il ne cesse de nous causer. YAPLU NANU TE MINGUINUY TUUMAAL.
Par Serigne Bassirou MBACKE
Toronto – CANADA
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Source: Xalimasn.com