ALLIANCE POUR LA REPUBLIQUE DE KOLDA : Souleymane Demba Sy " général d’une armée mexicaine"

Plusieurs «crocodiles» sont dans la mare de l’Apr de Kolda et donnent déjà à la formation politique du chef de l’Etat l’image d’une armée mexicaine" Un semble émerger du lot! Mais reste à savoir l’attitude des autres"


« Entendez-vous!» Cette injonction ne vient pas de n’importe qui. C’est le «chef de l’Etat lui-même Macky Sall qui l’a proféré à l’endroit de ses militants de Kolda. Et c’était en marge du conseil des ministres décentralisé tenu à Ziguinchor. Sall recevait quelques ténors de son parti à Kolda. Au Fouladou justement, une subite passion pour la politique est dans l’air.

Nombre de cadres de cette région qui rechignaient à descendre dans l’arène ont fini par franchir le Rubicon. Il en est ainsi de l’assistant en mathématique à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar Moussa Baldé, de l’inspecteur des impôts El Hadj Mamadou Diao alias Mame Boye, de l’assistant à la Faculté des sciences économiques et de gestion Abdoulaye Bibi Baldé, du Dr Ousmane Sané, ancien directeur de l’antenne nationale de la Bourse au Sénégal, aujourd’hui consultant international et de l’administrateur civil et directeur de cabinet du ministre de la Communication, des Télécommunications et Tics, Souleymane Demba Sy. D’autres cadres, en lice, ont piqué le virus depuis bien des années. Il s’agit du professeur-inventeur Sanoussi Diakité, de l’inspecteur de l’enseignement Ousmane Baldé et du censeur du lycée de la ville Tafsir Oumar Bocoum.
 
A cette liste s’ajoutent Mor Ndiaye, ce longiligne au teint noir d’ébène et à la voix traînante qui se plaît à rappeler son statut de pionnier, le tout nouveau député Alpha Baldé, patron provisoire de l’Apr, Mme Coumba Baldé, agent de développement, Mame Coumba Cissé, première femme à s’afficher en «marron», Khady Diaw, fille d’un lieutenant du défunt député maire Demba Koïta, Mme Siga Diouf Boiro. L’ex-directeur de l’antenne régionale de la Rts Souleymane Diack. C’est lui qui a été limogé à l’entre-deux-tours pour son appel aux poulars à voter Macky. Chacun cultive son jardin, va seul à la pêche des militants, anime en solo ses meetings ou autres thé-débat. Ces intellos entrés en politique à la faveur de l’accession de Macky Sall au pouvoir s’ignorent parfois royalement. S’évitent et, souvent en privé, se lancent des piques. Il y en a qui montent sur leurs grands chevaux dès qu’un «rival» empiète sur leur «territoire» politique. Même la coalition Benno Bokk Yakaar n’est pas parvenue à les rassembler tous. Quelques-uns se sont pliés aux exigences du rassemblement, d’autres ont continué leur déploiement en solo, sûrs de leur bonne étoile. Pourtant, il y a bel et bien un patron local de l’Apr. Il s’agit du tout nouveau député Alpha Baldé.

Coordonnateur provisoire des apéristes, Baldé n’a pour autant aucune prise sur ses camarades de parti. Très peu sont passés à son domicile pour le féliciter de son élection à la prochaine Assemblée nationale. Dans cette armée mexicaine semble émerger de plus en plus Souleymane Demba Sy.

Il cultive son jardin comme les autres dans le vieux quartier de Doumassou que d’aucuns considèrent comme le foyer ardent du Fouladou. L’affaire Dominique Lopy est partie de ce quartier. Le Kankourang, c’est encore là. Autour de lui on retrouve nombre de grosses pointures locales de l’Apr. Ce qui commence à le mettre dans les habits d’un leader régional. Nombre de ses alliés politiques ont renoncé à leurs ambitions «régionales». Le soutien le plus décisif est sans doute l’ex-directeur de l’antenne régionale de la Rts, Souleymane Diack. Aujourd’hui conseiller du directeur de la radio nationale avec rang de chef de département, Diack est crédité d’un bon ancrage en milieu rural. Son réseau s’étend jusque dans les milieux maraboutiques de Médina Gounass. Il entretient aussi des admirateurs dans la diaspora. Dans l’entourage de Sy, on retrouve des cadres politiques éprouvés tel Moussa Mboup, principal de collège, un ancien d’Aj/Pads, l’ex-responsable Ujtl Mamadou Bilo Diallo, lui aussi principal de collège. Le censeur du lycée Alpha Molo Baldé, Oumar Tafsir Bocoum et son intendant Oumar Kandé, tous deux sont d’anciens responsables politiques du Pds.

Dans la galaxie de Souleymane Demba Sy, il y a des néophytes politiques à l’envergure sociale imposante comme Saykou Bah, lui aussi principal de collège, par ailleurs secrétaire général régional de l’Association sénégalaise des professeurs d’histoire et de géographie, Mme Kadidiatou Camara, Amadou Bâ, Souleymane Dramé, Ibrahima Kandé, nombre de professeurs du lycée Alpha Molo Baldé comme Amadou Sadio Sow et Ibou Dieng. Sy est parvenu à tisser sa toile dans le monde estudiantin. Le puissant commerçant Mamadou Diang Barry est dans sa mouvance tout comme le talentueux koriste Vieux Kanouté et Mme Téddi Baldé toute puissante responsable d’un groupement de femmes notoirement connu dans la fabrication du savon local.

En dépit de la discrète adversité au sein de l’Apr, Souleymane Demba Sy est parvenu à nouer un partenariat politique avec des leaders comme la jeune Mame Coumba Cissé, première femme apériste de Kolda qui voit en lui l’incarnation de l’ouverture, Coumba Baldé qui totalise une bonne vingtaine d’années dans le développement, Khady Diaw, responsable respectée au quartier Sikilo, Sanoussi Diakité, l’inventeur de la machine à décortiquer le fonio dont la fidèle base politique ferait pâlir d’envie plus d’un politicien. Le déploiement politique du directeur de cabinet du ministère de la communication s’étend jusqu’à Diaobé où il a scellé un partenariat avec l’ex-député Moussa Diao, inspecteur des impôts, rallié à l’Apr avant la Présidentielle dernière. A Mampatim, Médina Chérif, Thiara et Dabo, Sy a de solides relais grâce à la coopération du puissant leader socialiste Boubacar Mané. On annonce dans sa galaxie deux grosses pointures libérales qui frappent à la porte. Notre source nous a supplié de ne point révéler leur nom. Mais, leur adhésion au groupe politique de Sy passe déjà pour un séisme dans la commune. L’ex-directeur du Cdeps de Kolda Amadou Joe Kane, ancien instituteur de Macky Sall et l’inspecteur d’académie de Kolda Mamadou Mbaré Anne sont parmi les soutiens de Sy. Sorti de l’Ena, «Jules», pour les intimes, grand commis de l’Etat, a servi tour à tour à la direction de la fonction publique, au ministère de l’Information, du Nepad et des Relations avec les Institutions comme conseiller technique sous Abdoul Aziz Sow et Moustapha Guirassy. Il devient ensuite conseiller technique du ministre d’Etat, ministre de la Justice chargé des Projets et Programmes. Promu coordonnateur du Programme sectoriel Justice (Psj), il pilote la Cellule d’exécution administrative et financière dudit programme jusqu’à sa nomination comme directeur de cabinet du ministre de la Communication, des Télécommunications et des Tics. Sa contribution à la logistique de la coalition Benno Bokk Yakaar (quatre véhicules) aux dernières Législatives lui a attiré la sympathie de ses alliés de l’Afp, la Ld, le Model et autres. Autant d’atouts qui lui donnent, aux yeux de nombre de Koldois une bonne longueur d’avance sur ses «adversaires» dont le plus redoutable est Mame Boye Diao, inspecteur des impôts.

Fils de deux politiciens, l’ex-sénateur socialiste Mountaga Diao et son épouse Aminata Niang, notoirement connus, Mame Boye tente de déployer son réseau dans le département grâce à l’entregent de ses parents dont la tutelle est un précieux avantage.

Sans compter qu’il peut bénéficier de l’appui du sérieux Malick Diao, son jeune frère, tête de pont de l’affaire Dominique Lopy. C’est aussi un voisin de Sy dans le mythique quartier de Doumassou.Ancien chef du centre des services fiscaux de Fatick, il a sans doute dû y cultiver un bon entrelacs dans l’entourage familial du chef de l’Etat. Jusque-là inconnu dans le monde politique comme du reste Souleymane D. Sy, Moussa Baldé et Abdoulaye Bibi Baldé, Diao peut être, paradoxalement gêné, par la tutelle de ses parents. Car, certaines mauvaises langues parlent déjà de «dévolution monarchique».

Les tendances, une maladie congénitales à Kolda

Les guerres de tendances qu’on redoute à l’Alliance pour la République de Kolda sont aussi vieilles que la cité. Les premières rivalités incarnées par Diop Michel et Yoro Kandé sont quasi cinquantenaires. Puis survient la mortelle bagarre entre Demba Koïta et Yoro Kandé. Au cours de leur riva-lité Alassane Baldé et Yoro Kandé lui-même ont été emprisonnés à Ziguinchor pour quatre mois. C’est sans doute à cette époque que le mystique a fait son entrée en politique. Baldé et Kandé sont reconnus coupables d’avoir saccagé la mairie de Kolda suite aux querelles de tendances au sein de l’Ups. Elargis, ils se voient exclus du Ps et interdits de politique. Plus tard, Baba Kandé, héritier politique de Yoro Kandé, anime la tendance B face à Sandigui Baldé, fils spirituel de Demba Koïta qui tient le flambeau de la tendance A. les deux s’affrontent dans le départe-ment alors que dans la commune, Dicory Diop estampillé proche de Demba Koïta affronte Moctar Kébé, joker de Yoro Kandé. L’alternance politique survenue en 2000 n’a pas eu raison des velléités antago-niques. Le Parti démocratique sénégalais en a souffert. Qui ne se souvient d’ailleurs de cette fameuse phrase de Bécaye Diop : « mi sonkota, mi khabata» (en français, je ne me querelle pas, je ne me bats pas)? N’empêche, sa fin de carrière a été marquée par le mouvement «Bécaye yoni !» animée par le président du conseil régional Fabouli Gaye et le 2è adjoint au maire, Ndiogou Dème.

Auparavant, il a dû faire face au Front unitaire libéral (Ful) de l’ex-député Moussa Diao, à la Génération du concret de Thierno Bâ Demba Diallo et du sénateur Tapa Diao, à l’Espoir animé par Assane Bâ (Bcg) et l’ex-Pcr Boubacar Bâ et même au Gral de Souleymane Sidibé et d’Abdoul Baldé. L’Apr est-elle menacée par ces querelles de clochers. On peut bien le craindre, même si les «gladiateurs» s’affublent du titre de cadres.
 
 
Hamidou SAGNA

La Gazette

Abdou Khadre Cissé

Dimanche 15 Juillet 2012 11:16

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