Musiciens, danseurs, promoteurs bref, tous les acteurs culturels de la région de Kolda se sont retrouvés au CRD spécial organisé pour le lancement des activités de la promotion de la diversité culturelle dans la localité. Dès l’entame, le ministre de la Culture Abdou Aziz Mbaye a eu droit à une mention spéciale à travers un mot de bienvenue assez particulier, en raison de cette visite exceptionnelle. «C’est la première fois depuis presque 30 ans qu’un ministre de la Culture accorde une pareille importance aux acteurs culturels locaux en se rendant à la base», a souligné le violoniste Bobo Baldé, qui parlait au nom des artistes.
A la suite, des allocutions d’usage, les artistes ont profité de la rencontre pour exposer leurs difficultés qui vont du manque d’infrastructures culturelles à l’accompagnement au quotidien en passant par l’absence de visibilité et la promotion de la culture du Fouladou, du Pakao et du Balantakounda.
Dans les réponses à ces questions, le Ministre de la Culture, leur a demandé de s’organiser et de fédérer leurs énergies pour mettre sur pied un festival annuel régional pour la promotion de la diversité. Abdoul Aziz Mbaye a aussi annoncé la transformation des centres culturels régionaux en Maison des Arts et de la Culture, en vue d’une meilleure prise en charge de la Culture. Le Ministre a par ailleurs salué le fait que certains intervenants aient pris la parole dans leur langue maternelle. « C’est déjà, un aspect important dans l’acceptation de l’autre car c’est ce qui fonde la culture de la paix » a-t-il indiqué.
En ce qui concerne la visibilité de la diversité culturelle peulh, Abdoul Aziz Mbaye a souligné que tous les produits culturels sélectionnés seront documentés et proposés aux chaines de télévision comme contenu, en plus de la promotion sur le site internet du ministère de la culture.
Soirée de présentation des expressions et produits culturels
La veillée de présentation des produits culturels a tenu toutes ses promesses. Sur la scène qui s’impose majestueusement au terrain Réveil du quartier « Sikilo », les artistes koldois ont étalé le meilleur de leurs talents à travers les instruments traditionnels de musique.
Le bal a été ouvert par des musiciens locaux, avant la prestation de l’orchestre national du Sénégal, qui a mis le feu avec le morceau « Diaral nama ». Le public déchainé, a visiblement voulu rendre au Ministre de la Culture la monnaie de la pièce après avoir bravé plus de 700 KM pour se rendre dans la capitale du Fouladou.
Au fur et à mesure que les groupes passaient, le public se déchainait davantage. Du mbalakh de l’orchestre national, on passe à la musique traditionnelle du Fouladou Pakao avec des artistes de renom comme Dialy Counda, Dimba Siliko, Aliou Djingui Baldé, Mayo Diao et Daby Baldé « le king du Fouladou ». Le virtuose du « Riti », instrument de musique traditionnelle peulh, Bobo Baldé a été ovationné par le public venu nombreux, séduit par la dextérité et la grâce avec laquelle il joue au violon. La soirée culturelle a pris fin avec la montée sur scène d’un autre virtuose, mais cette fois ci de la Kora, Vieux Kanouté, connu pour son aisance dans le maniement de son instrument de musique.
Vernissage de l’exposition : Abdoul Aziz Mbaye au « Puits de Dieu »
S’il y a un produit culturel qui a fait l’objet d’une grande attraction, c’est bien « l’Allah La Kolong » ou « Puits de Dieu » en français, situé dans le département de Vélingara. Il fait partie des dix expressions et produits culturels choisis par les acteurs eux même pour mettre en exergue la culture de la région. Ce puits centenaire, contiendrait de l’eau considérée bénite et toute prière formulée sur place se voit exaucée. Autre miracle de puits, le niveau de l’eau ne bouge pas et toute personne qui y tombe accidentellement en ressort indemne.
Outre, le « puits de Dieu » classé dans la composante Mythes et histoire, l’exposition met en scène le savoir faire traditionnel comme le « Mondeh » ou fête des vaches, le système agraire traditionnel, les outils aratoires, le système de traitement du coton appelé « Kardungal », les jeux traditionnels et le système de traitement du lait de vache. Dans la composante Musique traditionnelle, on retrouve : le « Hoddu », le « Mola », le « Kumu » et le « Gnagnérou » tous des instruments de musique. Tout un patrimoine qui mérite d’être connu et promu selon le ministre de la Culture.
L’autre moment fort de la tournée pour la diversité culturelle à Kolda, a été la conférence sur le droit d’auteur et les droits voisins à l’intention des artistes de la région. La rencontre présidée par le ministre, fut une occasion d’échanges entre les acteurs culturels et leur tutelle sur les questions liées à la mise en place de la nouvelle société de gestion collective et le statut de l’artiste. Le conseiller technique numéro 1 du ministère, Abdoul Aziz Dieng a mené le débat en faisant un exposé sur le droit de suite, la rémunération sur la copie privée entre autres textes de la loi de janvier 2008 relative au droit d’auteur et droits voisins.
Hip Hop Biz : le civisme à l’ordre du jour
Le dernier acte de ce weekend de ressourcement a été le concert hip hop de la journée dédiée aux cultures urbaines. A l’ère du civisme et de la citoyenneté, c’est l’hymne national du Sénégal qui donne le ton. Le ministre de la Culture Abdoul Aziz Mbaye et son collègue de la formation professionnelle et technique ont magnifié ce geste qui, à leurs yeux, donne une autre image plus positive du hip hop.
Après le passage des artistes locaux qui ont tenu en haleine les vingt mille personnes venues pour le concert, c’est le danseur Alex qui ouvre la deuxième partie avec une expression corporelle sans commune mesure sur une variété musicale (mbalakh, dance hall, pop et bakk des lutteurs). Il cédera la place au groupe de rap « Alien zik » avant la prestation de Books de Sen kumpa. A ce stade, l’effervescence est au summum, le rappeur de la Médina, vainqueur du Tube de l’année 2012, électrise le public sur scène. Son énergie est transmise spontanément au public qui entonne avec lui toutes les chansons. Pour boucler la boucle, le rappeur Simon, couronne le spectacle avec un morceau dédié à la Casamance, pour le retour d’une paix définitive.
Ibrahima Ngom Damel