Eux, les parents, avaient en commun leur abandon à Dieu, leur amour pour le prophète Mouhamad (PSL) et leur passion partagée de la lecture du saint Coran. Et nous jeunes étions naturellement réunis par les joies de l’enfance. Nous avons vécu ensemble des moments extraordinaires comme l’insouciance de l’enfance, les déceptions, les joies et les peurs de l’adolescence.
Des peurs nous en avons eues, cet après-midi d’un jour d’août 1973, quand Samane, un de nos copains de jeu, a fracturé ta jambe avec un tacle d’une rare violence. Tu en garderas quelques séquelles visibles sur ta façon de marcher et sur ton allure de playboy et de dandy habité par une joie contagieuse et une envie insatiable de vivre.
Nous avons accompli toutes ces étapes qui marquent à jamais la vie d’un enfant. Nous avons grandi ensemble et en avons gardé des souvenirs merveilleux restés comme des braises mal éteintes dans un coin de nos mémoires. Pour l’éternité ! Nos retrouvailles étaient souvent l’occasion de les revivre et de parler de notre passion commune, le journalisme.
Ce sont les souvenirs de l’enfance tantôt rappelés qui nous ont conduits à te trouver le nom de signature de Samboudian Kanté quand tu m’as proposé d’animer une chronique dans la Gazette. Samboudian Kanté. Il fut notre frère, notre «grand», notre copain, notre totem, le veilleur mystique et mythique sur notre club de navétane.
Et ce sont ces mêmes souvenirs de gosse qui m’ont donné le nom de plume d’Oumar Barrou Senghor quand je signais des reportages et des enquêtes dans le magazine 52 que tu publiais avec notre confrère Ibrahima Gaye, pendant quelques mois.
En vérité, c’est Cheikh, mon aîné, qui était ton ami. Ta maman l’adorait. Le jeune frère vous prenait comme modèle et admirait à l’émerveillement vos résultats scolaires. Tu étais toujours d’un pas en avant, par rapport aux jeunes de ton âge. C’est pour cette raison que tu étais avec Cheikh et ses amis.
Devenu adulte, tu ne feras que confirmer ce trait de caractère qui était en définitive une des marques symboliques de ton intelligence pétillante. C’est avec plaisir que j’ai pris la place du frère ami auprès de toi à la faveur de mon engagement professionnel. C’est depuis l’école de formation que tu t’es fait le devoir de m’encadrer.
Tu m’ouvris les portes du «Soleil», alors que j’étais en deuxième année au Cesti. Tu étais fier de dire aux autres : «c’est mon jeune frère «et moi tout aussi fier de revendiquer ce statut auprès de toi, l’aîné dans la profession.
Tu te souviens de l’Association les «Kings boys» ? Les associations de ce type étaient le symbole achevé dans les années 60 et 70 du désir de liberté et d’émancipation des jeunes héritiers d’un passé colonial récent, décidés à intégrer avec le plus grand bonheur la modernité. Tu étais le plus jeune membre de «l’assos», mais aussi l’un des plus brillants de la classe.
C’est dans ces associations que continuait pendant les vacances scolaires l’apprentissage de la vie moderne et de la vie tout court. La vôtre était très distinguée et très populaire auprès des jeunes filles. C’est mon frère Cheikh, ton ami qui en assurait la présidence. Vous nous serviez de référence.
La mode en cours à l’époque au sein des associations de jeunes, c’était de se donner le nom d’une des célèbres stars connues à travers le monde. Les noms des musiciens faisaient fureur. Tu avais choisi de porter celui d’Elvis Presley : le meilleur de sa génération dans la catégorie musique Rock et Pop.
Comme on le voit, tu as toujours visé haut et pris pour référence les meilleurs. Tu étais parmi les meilleurs de ta profession chez toi et ailleurs en Afrique. Un professionnel accompli. Quand vous êtes devenus journalistes, toi et l’autre grand frère, Abdallah Faye, nous en éprouvions une énorme fierté à Sokone. Vous avez ainsi affiné davantage mon amour pour ce métier.
Tu étais tout juste stagiaire au journal «le Soleil», après ta première année au Cesti, nous nous passions à Sokone le numéro du journal dans lequel tu publiais l’un de tes premiers reportages : «Dakar comme Chicago», tu l’avais titré. Tu n’en étais qu’à tes débuts, certes, mais je suis sûr que ton texte de l’époque peut encore aujourd’hui servir de référence pédagogique pour les formateurs en journalisme.
J’ai mesuré, alors que j’assumais à tes côtés le poste de directeur des programmes de la première radio privée du Sénégal, Sud Fm et toi celui de Directeur général de la station, ton volume de travail, ton intelligence et ta subtilité professionnelle. J’ai été heureux d’avoir compris et décidé avec Babacar Touré et les autres amis de Sud communication qu’il n’y avait pas meilleur choix dans le contexte de naissance de Sud Fm que toi pour diriger la station.
Nous nous devions de rassurer les autorités qui nous avaient fait confiance en nous concédant une fréquence. Tu as été présent et bien présent, pour assurer une admirable direction professionnelle à la radio, en ne cédant rien par rapport aux principes et en rassurant en même temps. Tu as été un homme de synthèse et d’équilibre. C’est l’une de tes qualités qui ont fait ta réputation. Tu as beaucoup apporté à ton pays et à l’Afrique.
Tu as été un pionnier dans la façon de fédérer par la communication et par l’information journalistique les efforts d’intégration et d’harmonisation des politiques régionales de développement, tentées ça et là sur le continent. Tu n’avais pas de frontière. Tu étais partout présent en Afrique.
Tu étais un bon. Un homme courtois et affable. Tu trouveras debout les portes du paradis pour te conduire dans ta demeure éternelle les membres de ton «Kings boys», trop vite partis avant toi: Maj (Mamour Bâ), Michel Delpech (Mbaye Diassé Thionkhéré), Charles Aznavour (Alioune Cissé).
Je te voyais tenir avec ta maigre silhouette le cercueil de Cissé, mais aussi t’occuper le jour de ses obsèques avec soin de certains détails avec sa femme et ses enfants, je me faisais du mauvais sang pour toi. Ta santé m’inquiétait. Tu avais changé et trop maigri. Tu ne doutais point ce jour que c’est toi qui le suivrais. Je me rappelle que quelques semaines avant le décès de votre ami, Alioune Cissé, nous avions pris ensemble un café tôt un samedi matin. Il y a exactement trois ans. Nous étions restés plus de trois mois sans nous voir.
Je t’attendais depuis une dizaine de minutes dans le café. Quand je t’ai vu arriver et poser le regard sur toi, je me suis réellement demandé si c’était vraiment celui que j’ai connu qui s’avançait de ce pas lent et hésitant vers moi. C’était bien toi. Pour parler avec pudeur, je t’ai dit que tu avais quelque peu maigri. En réalité, tu avais fondu et étais devenu méconnaissable.
Tu as vite compris mon désarroi et tenté de dissiper mes inquiétudes. Tu consentiras avec beaucoup de pudeur à me révéler une partie de la réalité : «A Bruxelles j’ai consulté, les médecins m’ont dit que j’avais quelques ennuis de santé liés aux nerfs. Certes, ils sont gênants, mais parfaitement maîtrisables. Ce n’est pas grave. C’est pour cela que je maigris.»
Ennuis de santé maîtrisables ? J’eus envie de te demander maîtrisables jusqu’à quand. Ils le furent jusqu’à cet ultime voyage au Kenya. C’est là que tu as été surpris par la mort. Aujourd’hui, je me demande bien si tu as été réellement surpris. Face à la maladie tu as été d’un courage remarquable.
Tu travaillais comme un forcené, courais dans tous les sens pour le bonheur de ta famille. Que Dieu protège ta veuve : Ndèye Coumba, tes enfants, Pape Moussa, Lolo, Seydina et tous les autres proches à qui tu apportais beaucoup. Ce ne sont pas des mots de circonstance quand nous disons que la profession perd beaucoup avec ta disparition.
Adieu, Sirif, le frère !
Des peurs nous en avons eues, cet après-midi d’un jour d’août 1973, quand Samane, un de nos copains de jeu, a fracturé ta jambe avec un tacle d’une rare violence. Tu en garderas quelques séquelles visibles sur ta façon de marcher et sur ton allure de playboy et de dandy habité par une joie contagieuse et une envie insatiable de vivre.
Nous avons accompli toutes ces étapes qui marquent à jamais la vie d’un enfant. Nous avons grandi ensemble et en avons gardé des souvenirs merveilleux restés comme des braises mal éteintes dans un coin de nos mémoires. Pour l’éternité ! Nos retrouvailles étaient souvent l’occasion de les revivre et de parler de notre passion commune, le journalisme.
Ce sont les souvenirs de l’enfance tantôt rappelés qui nous ont conduits à te trouver le nom de signature de Samboudian Kanté quand tu m’as proposé d’animer une chronique dans la Gazette. Samboudian Kanté. Il fut notre frère, notre «grand», notre copain, notre totem, le veilleur mystique et mythique sur notre club de navétane.
Et ce sont ces mêmes souvenirs de gosse qui m’ont donné le nom de plume d’Oumar Barrou Senghor quand je signais des reportages et des enquêtes dans le magazine 52 que tu publiais avec notre confrère Ibrahima Gaye, pendant quelques mois.
En vérité, c’est Cheikh, mon aîné, qui était ton ami. Ta maman l’adorait. Le jeune frère vous prenait comme modèle et admirait à l’émerveillement vos résultats scolaires. Tu étais toujours d’un pas en avant, par rapport aux jeunes de ton âge. C’est pour cette raison que tu étais avec Cheikh et ses amis.
Devenu adulte, tu ne feras que confirmer ce trait de caractère qui était en définitive une des marques symboliques de ton intelligence pétillante. C’est avec plaisir que j’ai pris la place du frère ami auprès de toi à la faveur de mon engagement professionnel. C’est depuis l’école de formation que tu t’es fait le devoir de m’encadrer.
Tu m’ouvris les portes du «Soleil», alors que j’étais en deuxième année au Cesti. Tu étais fier de dire aux autres : «c’est mon jeune frère «et moi tout aussi fier de revendiquer ce statut auprès de toi, l’aîné dans la profession.
Tu te souviens de l’Association les «Kings boys» ? Les associations de ce type étaient le symbole achevé dans les années 60 et 70 du désir de liberté et d’émancipation des jeunes héritiers d’un passé colonial récent, décidés à intégrer avec le plus grand bonheur la modernité. Tu étais le plus jeune membre de «l’assos», mais aussi l’un des plus brillants de la classe.
C’est dans ces associations que continuait pendant les vacances scolaires l’apprentissage de la vie moderne et de la vie tout court. La vôtre était très distinguée et très populaire auprès des jeunes filles. C’est mon frère Cheikh, ton ami qui en assurait la présidence. Vous nous serviez de référence.
La mode en cours à l’époque au sein des associations de jeunes, c’était de se donner le nom d’une des célèbres stars connues à travers le monde. Les noms des musiciens faisaient fureur. Tu avais choisi de porter celui d’Elvis Presley : le meilleur de sa génération dans la catégorie musique Rock et Pop.
Comme on le voit, tu as toujours visé haut et pris pour référence les meilleurs. Tu étais parmi les meilleurs de ta profession chez toi et ailleurs en Afrique. Un professionnel accompli. Quand vous êtes devenus journalistes, toi et l’autre grand frère, Abdallah Faye, nous en éprouvions une énorme fierté à Sokone. Vous avez ainsi affiné davantage mon amour pour ce métier.
Tu étais tout juste stagiaire au journal «le Soleil», après ta première année au Cesti, nous nous passions à Sokone le numéro du journal dans lequel tu publiais l’un de tes premiers reportages : «Dakar comme Chicago», tu l’avais titré. Tu n’en étais qu’à tes débuts, certes, mais je suis sûr que ton texte de l’époque peut encore aujourd’hui servir de référence pédagogique pour les formateurs en journalisme.
J’ai mesuré, alors que j’assumais à tes côtés le poste de directeur des programmes de la première radio privée du Sénégal, Sud Fm et toi celui de Directeur général de la station, ton volume de travail, ton intelligence et ta subtilité professionnelle. J’ai été heureux d’avoir compris et décidé avec Babacar Touré et les autres amis de Sud communication qu’il n’y avait pas meilleur choix dans le contexte de naissance de Sud Fm que toi pour diriger la station.
Nous nous devions de rassurer les autorités qui nous avaient fait confiance en nous concédant une fréquence. Tu as été présent et bien présent, pour assurer une admirable direction professionnelle à la radio, en ne cédant rien par rapport aux principes et en rassurant en même temps. Tu as été un homme de synthèse et d’équilibre. C’est l’une de tes qualités qui ont fait ta réputation. Tu as beaucoup apporté à ton pays et à l’Afrique.
Tu as été un pionnier dans la façon de fédérer par la communication et par l’information journalistique les efforts d’intégration et d’harmonisation des politiques régionales de développement, tentées ça et là sur le continent. Tu n’avais pas de frontière. Tu étais partout présent en Afrique.
Tu étais un bon. Un homme courtois et affable. Tu trouveras debout les portes du paradis pour te conduire dans ta demeure éternelle les membres de ton «Kings boys», trop vite partis avant toi: Maj (Mamour Bâ), Michel Delpech (Mbaye Diassé Thionkhéré), Charles Aznavour (Alioune Cissé).
Je te voyais tenir avec ta maigre silhouette le cercueil de Cissé, mais aussi t’occuper le jour de ses obsèques avec soin de certains détails avec sa femme et ses enfants, je me faisais du mauvais sang pour toi. Ta santé m’inquiétait. Tu avais changé et trop maigri. Tu ne doutais point ce jour que c’est toi qui le suivrais. Je me rappelle que quelques semaines avant le décès de votre ami, Alioune Cissé, nous avions pris ensemble un café tôt un samedi matin. Il y a exactement trois ans. Nous étions restés plus de trois mois sans nous voir.
Je t’attendais depuis une dizaine de minutes dans le café. Quand je t’ai vu arriver et poser le regard sur toi, je me suis réellement demandé si c’était vraiment celui que j’ai connu qui s’avançait de ce pas lent et hésitant vers moi. C’était bien toi. Pour parler avec pudeur, je t’ai dit que tu avais quelque peu maigri. En réalité, tu avais fondu et étais devenu méconnaissable.
Tu as vite compris mon désarroi et tenté de dissiper mes inquiétudes. Tu consentiras avec beaucoup de pudeur à me révéler une partie de la réalité : «A Bruxelles j’ai consulté, les médecins m’ont dit que j’avais quelques ennuis de santé liés aux nerfs. Certes, ils sont gênants, mais parfaitement maîtrisables. Ce n’est pas grave. C’est pour cela que je maigris.»
Ennuis de santé maîtrisables ? J’eus envie de te demander maîtrisables jusqu’à quand. Ils le furent jusqu’à cet ultime voyage au Kenya. C’est là que tu as été surpris par la mort. Aujourd’hui, je me demande bien si tu as été réellement surpris. Face à la maladie tu as été d’un courage remarquable.
Tu travaillais comme un forcené, courais dans tous les sens pour le bonheur de ta famille. Que Dieu protège ta veuve : Ndèye Coumba, tes enfants, Pape Moussa, Lolo, Seydina et tous les autres proches à qui tu apportais beaucoup. Ce ne sont pas des mots de circonstance quand nous disons que la profession perd beaucoup avec ta disparition.
Adieu, Sirif, le frère !