Affaire Gorgui Sy Dieng : Où est la vertu ?


Dans ce pays le Sénégal, on semble vraiment être fâché contre le sérieux et la vertu. Au moment où on nous chante inlassablement et impudiquement un modèle de ‘’gouvernance sobre et vertueuse’’, les pratiques de nos dirigeants et les actes posés continuent honteusement d’écœurer les citoyens qui ne demandent, ni plus ni moins, que respect dans leur quotidien pourtant très précaire.

Qui peut vraiment comprendre qu’un patriote assumé comme Gorgui Sy Dieng puisse être abusé à ce point par des autorités sportives ? Un Lion du basket-ball obligé de crier sur tous les toits pour demander à se faire rembourser une ‘’modique’’ somme de moins de 39 millions de francs Cfa, après avoir fièrement rendu service à son pays dont l’image était fort menacée sur le plan international. Le plus ridicule est que celui qui est à la tête du département des Sports a été publiquement et chaleureusement félicité par le président de la République, Macky Sall, après la qualification des Lions du football à la prochaine Coupe du monde de football Russie-2018.

Il est évident que ce n’est pas le montant de la somme qui a fait sortir la star sénégalaise de Nba de ses gonds. Parce que de l’argent, Gorgui Sy Dieng n’en manque pas, il en a même assez. La rage de l’enfant de Kébémer, dont le salaire annuel avait été estimé à deux milliards de francs Cfa, est à chercher ailleurs. Le mal est donc plus profond que cela. En analysant la situation, on peut dire, sans risque de se tromper, que ça ressemble à un manque de respect à son égard, de devoir être obligé  de courir à gauche et à droite pour rentrer dans ses fonds.

Pourtant, les autorités devraient jeter un tout petit coup d’œil dans le rétroviseur pour voir ce que cet homme a apporté et continue d’apporter à notre cher Sénégal. Ses actes de bienfaisance ont fini de bâtir somptueusement son image. L’homme est connu pour sa générosité sans limite, son patriotisme exemplaire et sa discipline enviable. Il n’hésite pas à sortir le chéquier pour soulager des personnes démunies et régler une situation, comme il l’a fait avec cette histoire de menace d’expulsion de la délégation sénégalaise d’un hôtel, lors du stage en Espagne, préparatoire à l’Afrobasket masculin 2017.

Cette affaire confirme nettement un comportement symptomatique de nos gouvernants dans la gestion de la cité. Le nécessaire est relégué au second plan au profit des choses mondaines. C’est certain qu’ils n’auraient pas réfléchi deux fois pour débloquer plus de 50 millions, même à l’inopiné, pour un meeting. Sans compter les fortes sommes utilisées pour ‘’acheter’’ des transhumants politiques. L’on se rappelle cette sordide affaire de radiothérapie en panne qui a condamné des patients, des contribuables abusés. L’avenir des enfants est aujourd’hui compromis par faute d’une éducation scolaire aux normes standards, parce qu’on préfère mobiliser des fonds pour créer des institutions pour caser une clientèle politique plutôt que de régler les problèmes prioritaires.

Notre mode de gérer notre pays interpelle sincèrement. Il est inéluctable de tout changer (ou presque), d’emprunter le vrai visage du développement, de mettre en avant un peu d’éthique dans notre gouvernance. Sinon, tous les efforts seront vains. La concrétisation du Plan Sénégal émergent (Pse) passe par le respect mutuel entre citoyens de ce pays.



Vendredi 15 Décembre 2017 05:50

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