Rudy Eugene a été abattu par la police de Miami samedi dernier alors qu’il était en train de déchiqueter le visage d’un sans abri. D’après les forces de police, ce cannibale était sous l’emprise d’une drogue synthétique, proche du LSD et de l’ecstasy, de puissants hallucinogènes.
LE FIGARO.- La police de Miami a évoqué la piste d’un « bad trip » sous acide en attendant le rapport de l’autopsie. Est-ce qu’une drogue peut véritablement conduire à un acte de cannibalisme ?
Pr Michel Lejoyeux. - Il n’y a pas de drogue du cannibalisme et il n’y a pas de lien spécifique entre drogue et cannibalisme. En réalité, les toxiques ont un fort potentiel de psychose sur ceux qui les consomment. Le premier effet que ces substances peuvent avoir, c’est de déclencher un « délire de persécution ». On peut alors croiser un passant dans la rue et être persuadé qu’il nous veut du mal. Par conséquent, on va développer un comportement très agressif, comme ça a pu être le cas pour Rudy Eugene et ce sans abri.
Le second effet, ce sont les hallucinations, c’est-à-dire des fausses perceptions, une fausse vision induite par la drogue. Est-ce que Rudy Eugene a réellement vu un homme quand il s’en est pris à sa victime ? Le troisième effet, la désinhibition. On a un comportement impulsif et non réfléchi. Le temps écoulé entre la réflexion et la mise en action est considérablement réduit. Enfin, ces produits mettent dans des états d’excitation et d’hyperactivité.
L’aggresseur grognait comme une bête sauvage et a continué de manger le visage de l’homme malgré l’intervention de la police. Pensez-vous qu’il s’agit uniquement d’un comportement dû à la consommation de drogue ?
On est moins dans du cannibalisme que dans du comportement désorganisé. Ces substances hallucinogènes ont aliéné Rudy Eugene, qui est devenu totalement étranger à lui-même. Elles ont aboli son discernement et l’ont complètement coupé de la réalité. En somme, l’agresseur s’est retrouvé dans un état de furie, de fureur toxique. Il ne s’agit donc pas de cannibalisme à proprement parler car il aurait tout aussi bien pu se jeter sur l’autre, l’étrangler, etc.
Son ex-femme l’a qualifié de « violent » dans un témoignage publié dans le Miami Herald. Faut-il d’autres facteurs combinés à la drogue pour qu’un tel comportement se manifeste ?
On ne peut pas savoir. Mais une chose est sûre. Plus on est sujet à des troubles du comportement, plus la drogue va les révéler. Il faut aussi avoir une personnalité particulière pour consommer ce genre de produits car le but recherché est de se retrouver déconnecté du réel. Tout le monde n’aurait pas plaisir à être dans cet état là.
La drogue ingurgitée par Rudy Eugene serait considérée comme un nouveau type de LSD. Un porte-parole des forces de l’ordre de Floride a parlé d’une drogue baptisée « sels de bain » qui serait la synthèse de plusieurs narcotiques proche du LSD et de l’ecstasy. Connaît-on cette nouvelle substance ?
Personnellement, je ne la connais pas mais ces drogues de synthèse sont de plus en plus fréquentes. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Elles sont d’abord produites localement et ne font pas l’objet de trafics internationaux donc elles sont plus difficiles à intercepter. Ensuite, elles sont plus faciles et moins chères à produire car, contrairement au cannabis, elles ne nécessitent pas de culture. Il suffit d’avoir des connaissances en chimie et un atelier clandestin.
Caroline Piquet, Le Figaro
LE FIGARO.- La police de Miami a évoqué la piste d’un « bad trip » sous acide en attendant le rapport de l’autopsie. Est-ce qu’une drogue peut véritablement conduire à un acte de cannibalisme ?
Pr Michel Lejoyeux. - Il n’y a pas de drogue du cannibalisme et il n’y a pas de lien spécifique entre drogue et cannibalisme. En réalité, les toxiques ont un fort potentiel de psychose sur ceux qui les consomment. Le premier effet que ces substances peuvent avoir, c’est de déclencher un « délire de persécution ». On peut alors croiser un passant dans la rue et être persuadé qu’il nous veut du mal. Par conséquent, on va développer un comportement très agressif, comme ça a pu être le cas pour Rudy Eugene et ce sans abri.
Le second effet, ce sont les hallucinations, c’est-à-dire des fausses perceptions, une fausse vision induite par la drogue. Est-ce que Rudy Eugene a réellement vu un homme quand il s’en est pris à sa victime ? Le troisième effet, la désinhibition. On a un comportement impulsif et non réfléchi. Le temps écoulé entre la réflexion et la mise en action est considérablement réduit. Enfin, ces produits mettent dans des états d’excitation et d’hyperactivité.
L’aggresseur grognait comme une bête sauvage et a continué de manger le visage de l’homme malgré l’intervention de la police. Pensez-vous qu’il s’agit uniquement d’un comportement dû à la consommation de drogue ?
On est moins dans du cannibalisme que dans du comportement désorganisé. Ces substances hallucinogènes ont aliéné Rudy Eugene, qui est devenu totalement étranger à lui-même. Elles ont aboli son discernement et l’ont complètement coupé de la réalité. En somme, l’agresseur s’est retrouvé dans un état de furie, de fureur toxique. Il ne s’agit donc pas de cannibalisme à proprement parler car il aurait tout aussi bien pu se jeter sur l’autre, l’étrangler, etc.
Son ex-femme l’a qualifié de « violent » dans un témoignage publié dans le Miami Herald. Faut-il d’autres facteurs combinés à la drogue pour qu’un tel comportement se manifeste ?
On ne peut pas savoir. Mais une chose est sûre. Plus on est sujet à des troubles du comportement, plus la drogue va les révéler. Il faut aussi avoir une personnalité particulière pour consommer ce genre de produits car le but recherché est de se retrouver déconnecté du réel. Tout le monde n’aurait pas plaisir à être dans cet état là.
La drogue ingurgitée par Rudy Eugene serait considérée comme un nouveau type de LSD. Un porte-parole des forces de l’ordre de Floride a parlé d’une drogue baptisée « sels de bain » qui serait la synthèse de plusieurs narcotiques proche du LSD et de l’ecstasy. Connaît-on cette nouvelle substance ?
Personnellement, je ne la connais pas mais ces drogues de synthèse sont de plus en plus fréquentes. Plusieurs raisons expliquent ce phénomène. Elles sont d’abord produites localement et ne font pas l’objet de trafics internationaux donc elles sont plus difficiles à intercepter. Ensuite, elles sont plus faciles et moins chères à produire car, contrairement au cannabis, elles ne nécessitent pas de culture. Il suffit d’avoir des connaissances en chimie et un atelier clandestin.
Caroline Piquet, Le Figaro