C’était le divin enfant. Aujourd’hui, Karim Wade est un grand pari manqué à la hauteur de son génie célébré par son père baba devant l’ingénierie financière de son brillantissime fils. Cette ingénierie financière, étudiée dans le must de Sorbonne, le cloue à la citadelle de Rebeuss. Placé sous mandat de dépôt pour enrichissement illicite, il est au cœur d’un écheveau difficile à démêler pour ses avocats qui crient à «l’arbitraire et à l’injustice».
Le dossier est aussi corrosif que les risques qui entourent le chef d’inculpation d’enrichissement illicite. Dans cette affaire où des prête-noms et des hommes de pailles auraient servi de bras armés à Karim Wade, il y a deux affaires qui ont précipité la chute du fils du chef de l’Etat : Ahs et Dp world. D’après des informations, ces deux sociétés captent une part importante de l’économie nationale «privatisée par lui (Karim) pour ses intérêts personnels». «C’était des rentes à vie», rajoute-t-il en mettant en relief le domaine d’intervention de ces deux entreprises qui exercent au niveau du Port et de l’Aéroport de Dakar. Il s’agit là des deux secteurs les plus rentables de l’économie nationale. Sur les vint-deux sociétés mentionnées dans le procès verbal, Dp World limited et Africa handling service (Ahs) font 400 milliards de francs Cfa sur les 694 milliards francs Cfa évalués comme étant la valeur approximative du patrimoine de Karim Wade. Un empire financier dans un monde misérable. «C’est la clé de Rebeuss. On aurait laissé l’économie sénégalaise entre ses mains», s’exclame-t-elle. Pourtant, Karim Wade a continué à nier la paternité de ses entreprises à lui reprochées en se défaussant sur ses ex collaborateurs. En évidence, la stratégie n’a pas marché et n’a pas convaincu les enquêteurs, le procureur spécial et aussi la commission d’instruction de la Crei qui ont accéléré la procédure dès la fin de sa mise en demeure, lundi.
Hier, la Commission d’instruction de la Cour de répression de l’enrichissement illicite a planté le dernier clou du cercueil de l’ex divin en le plaçant sous mandat de dépôt pour «enrichissement illicite». Après ses réquisitions qui accusent sans ambages l’ex ministre des Transports aériens, des Infrastructures, de la Coopération internationale et de l’Energie, Alioune Ndao a transmis le dossier à la Commission d’instruction de la Crei. Indépendante et convaincue par le réquisitoire du Procureur, elle a expédié l’ancien candidat à la mairie de Dakar à la prison.
L’épilogue était pourtant prévisible. La garde à vue créait un faux suspense préalable à l’évidence de l’emprisonnement de Karim Wade coulé par un enrichissement présumé de près de 694 milliards de Francs Cfa, selon le rapport d’enquête de la Section de recherche de la gendarmerie transmis au Parquet spécial. C’est le début de la fin d’un feuilleton qui a duré depuis cinq
Il est devenu…une peste après avoir atteint les étoiles. Certains dont la proximité avec Karim Wade ne fait aucun doute, renient leur amitié. D’autres thuriféraires dont l’intérêt, l’ambition ballonnaient, donnent un libre vol à leur rancœur pour cracher sur sa tombe politique. C’est le temps des regrets….
Sans support paternel, son destin est en vrac. Quelle chute à la hauteur de ses ambitions. Karim Meïssa Wade, omnipotent fils de l’ex chef de l’Etat, cristallise toutes les attentions et les rancœurs. Piédestal des rêves de grandeur de son père, la renommée et la réputation de Karim Wade s’effritent comme l’assemblage d’un puzzle mal façonné. Sans équilibres. À présent, les quatre juges d’instruction ont 6 mois, jusqu’au 16 octobre, pour boucler leur instruction. Mais il n’est pas dit que Karim Wade restera en prison jusqu’à l’ouverture d’un éventuel procès.