Et les auteurs des massacres eux-mêmes, bien avant les faits, interviewés, reçus à l’Elysée – pour l’un d’entre eux –, étudiés par des sociologues, des psychiatres… Des bibliothèques entières… Essais, romans, films… 20 ans, 60… Césaire, Baldwin, Fanon… Dénonciations des mécanismes, des mensonges, des valeurs bafouées… Violence du mépris… Une sensation de grande fatigue et d’affliction. Oui, enfin, certains commencent à reconnaître que ces crimes ont été commis par des enfants de ce pays. C’est, je crois, nouveau, nécessaire, et cela peut faire du bien. Mais la ligne d’arrivée semble toujours s’éloigner. Il faut sans cesse prouver, faire amende honorable, et maintenant il le faudra plus encore. Alors que dans le même temps, rien n’est donné. Les petites victoires s’arrachent au prix de longues luttes, et font grincer des dents. Tout a déjà été dit, alors que nous reste-t-il à faire, si ce n’est à essayer de protéger nos enfants des sentiments – justifiés ou non – d’humiliations, d’injustices, de négations, d’amalgames, dont nous savons qu’ils nous détruisent, et détruisent nos familles en premier lieu. Retourner au combat, et les aider à se tourner vers la paix partout où elle se trouve. Leur dire que c’est l’histoire de chacun d’entre nous. Ouvrir… Et croire à nouveau en une capacité d’échange, d’écoute réelle ? Espérons qu’ils n’aient pas trop à fermer les yeux ou à se boucher les oreilles. Et espérons que nous aurons été capables de vaincre notre colère avant de risquer de la leur transmettre. »
Alain Gomis : « Une sensation de grande fatigue et d’affliction »
SETAL.NET-Joint par Le Monde, le réalisateur de L’Afrance réagit aux attentats.
« Je lis les réactions, les articles, les analyses… pertinents parfois… Mais j’ai le sentiment que tout a déjà été dit, mille fois.
Lundi 19 Janvier 2015 08:28
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