Assises internationales sur le Hadji : Les événements survenus à la Mecque appellent a des reformes profondes et inclusives.


L’Arabie saoudite réalise un chiffre d’affaire d’environ 2750 milliards de francs CFA durant la période du Hadji, c’est dire que le Hadj est un défi de taille dans son organisation et un énorme business, pour le transport aérien, l’hébergement, la restauration et les transports terrestres.. Les autorités saoudiennes  n’ont jamais accepté de comprendre que le Hadji est en quelques sorte du tourisme religieux et qu’il, s'agit d'acheminer sur les lieux saints quelques millions de pèlerins venus du monde entier en quelques semaines et d’organiser leur déplacement autour des mosquées et des lieux ou se passent le pèlerinage.
Cette organisation de taille requiert beaucoup de moyens logistiques humains surtout expérimentés, ouvert, généreux, attentifs et compréhensifs, pour aider, accompagner et orienter les pèlerins. A l’heure ou le nombre de pèlerin croit il est plus que nécessaire aujourd’hui d’associer tous les états qui participent a ce hadji, pour apporter leur concours auprès des siens dont la plupart ne parle pas la langue du pays et sont analphabètes.
Des pèlerins, qui, pour la plupart d’entre eux, n’ont jamais pris l’avion. Si ce n’est plus le cas à l’heure actuelle, on a pu assister dans le passé à des situations très difficiles. Pour régler, le problème des pèlerins qui ne savent ni lire, ni écrire, les autorités saoudiennes ont adopté un système de code couleurs pour les guider vers leurs avions. Autre casse-tête, celui des bagages. Il est dans la tradition de ramener de la Mecque des cadeaux pour la famille.
Il n’est pas rare de voir les pèlerins partir avec 10 kg de bagages et revenir avec plus de 50 kg. Il est fréquent de voir des avions cargo spécialement dédiés pour le transport des bagages pour le hadji.
Et là où ça se complique, c’est au niveau de la sûreté, lorsque les pèlerins ont coutume de ramener dans des bidons tous semblables, l’eau de "Zam-Zam" et autres objets non conformes à la sécurité. Aujourd’hui, ils sont beaucoup mieux préparés avec les agences de voyages, mais  il faut savoir que des quotas sont attribués à la centaine de pays qui envoient des pèlerins à la Mecque et c’est en moyenne, 1% de la population musulmane de chaque pays concerné. Cela dépend aussi des relations que les pays demandeurs entretiennent avec les autorités saoudiennes. Un nombre limité d’agences de voyage et de compagnies aériennes sont accréditées, ce qui n’est guère suffisant pour prendre en charge les millions de pèlerins venus des quatre coins du monde. C’est toute une logistique qu’il faut déployer en sus de la sécurité,  des agents de la circulation, et des médecins secouristes pour prévenir, aider et agir le plus rapidement possible pour sauver des pèlerins en situation de danger.
L’Arabie Saoudite ne doit plus être seule à décider des règles de l’organisation du Hadji
Le ministère saoudien du Hadj accrédite un nombre limité d’agences de voyage et de compagnies aériennes après des audits très poussés et avant de décider du quota pour chaque pays. Une rigueur nécessaire lorsqu’ on sait que l’un des accidents aériens les plus meurtriers de l’histoire de l’aviation commerciale s’est produit sur l’aéroport de Djeddah en 1991, ou 261 pèlerins nigérians avaient trouvé la mort. Cela veut dire que la sécurité et la sureté ne sont pas négociables. Et il est de la seule responsabilité du pays récepteur c'est-à-dire le pays d’accueil. Le Hadj lorsqu’il tombe hors périodes scolaires et l’hiver avec la haute saison, constitue une opportunité intéressante pour les Tours operator,  les avionneurs et affréteurs de faire de bonnes affaires en période de pèlerinage. Pour régler définitivement les problèmes du Hadji il urge que la ummah islamique, les musulman du monde réclament des assises internationale sur le pèlerinage de façon a ce que chaque pays apporte son assistance son savoir faire et son expertise. Les Tours operator également devrait être de la partie pour voir dans quelle mesure ce forfait religieux pourrait être vendu en package limité sur un nombre de pèlerin qui garantie une parfaite et entière sécurité dans la mobilité et dans les hébergements.
Mais les incidents de Mouna appellent à plus de réflexions quant à la prise en charge de l’organisation physique et matériel du Hadji qui ne saurait dormais être la seule chasse gardée de l’Arabie saoudite. Il faut que le pèlerinage à la Mecque puisse s’organiser à travers le réseau des agents de voyages avec des quotas réalistes et réalisables, afin que chaque pèlerin puisse être guidé, encadré, accompagné dans ses mouvements en temps et en heure.
Les gouvernements africains, certains dont le Sénégal n’ont pas encore compris  leur  rôle et leur place dans l’organisation du pèlerinage. Ils devraient améliorer leur gouvernance et leur politique d’assainissement du secteur du voyage et du tourisme pour identifier, contrôler et suivre les acteurs qui exercent dans ce segment du tourisme émetteur vers d’autres lieux en particulier vers les lieux saints de l’Islam. Cette activité de voyage à forfait est soumise aux respects et conditions d’exercices d’agents de voyages. Le gouvernement du Sénégal devrait simplement mettre en place un dispositif, une commission, pour superviser les agences de voyage et les encadrer, en ayant une oreille attentive sur les doléances des pèlerins et une attention particulière sur les manquements des agents et agence de voyages.
Il faut rappeler que l’Etat du Sénégal ne peut et ne doit être en aucun cas, un acteur marchand dans l’activité du pèlerinage. Ainsi le fait de rattacher cette activité au ministère des affaires étrangère ne correspond à aucune logique de contrôle et de gestion de l’activité. C’est de la responsabilité du ministère du tourisme et des transports aériens et du ministère de l’intérieur.
Le ministère du Tourisme en  mettant en place, un dispositif pour accompagner et écouter les pèlerins qui sont encadrés par les agences de voyages, permettrait d'améliorer l'organisation de l'opération du pèlerinage. Une commission de contrôle et d'encadrement pourrait être dépêchée aux Lieux Saints, avec pour mission de superviser le bon déroulement de l'opération de pèlerinage en étant le porte parole de l’Etat sous l’entière responsabilité civile et financière des agences de voyages accréditées.
Cette commission s’assure également de la bonne prise en charge de tous les services dont a besoin le pèlerin et qui sont inclus dans le forfait qu’il a payé, selon les règles de voyages et les lois du pays récepteur c'est-à-dire le pays d’accueil. Et s'assurera également de la qualité des prestations offertes aux pèlerins par les Agences de Voyages, en même temps qu’il s’assure que le pays récepteur respecte tous les engagements, les normes de sûretés, et qu’il veille sur les sécurités de chaque pèlerin. Une police d’assurance voyage devrait être exigée pour garantir au pèlerin certains risque liés au voyage et à son séjour. Le gouvernement du sénégal devra d’ores et déjà entamé des consultations, des négociations et de larges concertations nationales avec les acteurs concernés sur la question du pèlerinage. Il faut organiser les assises du pèlerinage.
Un milliard de touristes dans le monde, a fait du tourisme, un secteur économique de premier plan. Ce que le gouvernement du Sénégal n’a pas encore compris, qu’il s’agisse du tourisme religieux « émetteur », ou du tourisme national, intérieur  et international dit « récepteur », le rôle de l’état se limite au cadre réglementaire qu’il donne à l’activité.
Mouhamed Faouzou DEME

Bamba Toure

Lundi 28 Septembre 2015 14:26

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