KIRENOWA, Nigeria (Reuters) - Ce qu'il reste des combattants islamistes radicaux autrefois installés dans l'enclave sablonneuse du camp Hausari, ce sont des vêtements et quelques véhicules carbonisés, ainsi que du matériel chirurgical abandonné sous un arbre épineux.
Le camp Hausari, ce sont 300 mètres carrés de savane brûlante proche de la frontière du Nigeria avec le Tchad qui servait jusqu'au mois dernier de base aux militants de Boko Haram. Déclenchée il y a quatre ans, l'insurrection de cette secte a fait des milliers de morts et déstabilisé le pays le plus peuplé d'Afrique.
Redoutant de voir le nord-est du Nigeria devenir un nouveau "Nord-Mali" aux mains des islamistes radicaux, le président nigérian Goodluck Jonathan a décrété en mai l'état d'urgence et ordonné une vaste offensive militaire pour reprendre les villages tombés sous le contrôle des activistes.
Mais comme souvent, les insurgés ont plié bagages avant l'arrivée des soldats et trouvé refuge au Niger, au Tchad ou au Cameroun, ou ils se sont fondus dans la population locale.
A proximité des vestiges du camp, dans le village de Kirenowa, les habitants racontent comment les combattants de Boko Haram ont renversé le gouvernement local, abaissé le drapeau nigérian et hissé leurs propres couleurs, noires.
Le rituel s'est répété dans près d'un tiers de l'Etat de Borno cette année, où les islamistes ont imposé leur vision ultrarigoriste de la charia, la loi islamique.
"Ils ont pris le contrôle de tout l'endroit et réclamé qu'on leur donne de l'argent, parfois jusqu'à 100.000 ou 200.000 naïras (650 à 1.300 dollars) mais nous n'avions pas ces sommes", explique l'instituteur, Mohammed Abdullahi, âgé de 25 ans.
"Ils ont tout détruit. Nous prions pour qu'ils ne reviennent pas", ajoute le maître d'école entouré d'une nuée d'enfants.
PAS DE TRACE DE BATAILLE
Le camp Hausari, où l'armée a conduit plusieurs journalistes cette semaine, ne montre aucune trace de bataille - pas de corps, pas de sang, pas de douilles.
Le lieutenant-colonel D. R. Hassan, qui a conduit l'offensive, explique que les islamistes ont emporté leurs cadavres.
Mais au vu de ce qu'il reste, ils pourraient tout aussi bien avoir fui avant qu'un seul coup de feu n'ait été tiré.
Boko Haram s'est déjà replié lors de précédentes offensives, avant de revenir plus fort.
A la mi-2009 par exemple, l'armée pensait avoir neutralisé la guérilla après une opération ayant fait quelque 800 morts, dont le fondateur de la secte, Mohammed Yusuf.
L'armée, qui dit avoir arrêté ou tué de nombreux insurgés, affirme avoir reconquis la majeure partie du territoire, même si les camps de fortune comme celui d'Hausari peuvent être facilement réimplantés ailleurs dans la région.
Le président Goodluck Jonathan s'est dit ouvert à la recherche d'une solution alternative et politique mais dans la dernière vidéo où il apparaît, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a rejeté toute main tendue.
Et personne ne s'est encore penché sur des mesures pour stimuler l'économie du nord du pays, que beaucoup considèrent comme la solution à long terme pour réduire l'insécurité.
Jarma, le chef du village de Kirenowa, après s'être plaint de la sévérité des rebelles islamistes, interroge: pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas réparé les routes, ou donné des outils à sa communauté paysanne ?
Jean-Stéphane Brosse pour le service français
Le camp Hausari, ce sont 300 mètres carrés de savane brûlante proche de la frontière du Nigeria avec le Tchad qui servait jusqu'au mois dernier de base aux militants de Boko Haram. Déclenchée il y a quatre ans, l'insurrection de cette secte a fait des milliers de morts et déstabilisé le pays le plus peuplé d'Afrique.
Redoutant de voir le nord-est du Nigeria devenir un nouveau "Nord-Mali" aux mains des islamistes radicaux, le président nigérian Goodluck Jonathan a décrété en mai l'état d'urgence et ordonné une vaste offensive militaire pour reprendre les villages tombés sous le contrôle des activistes.
Mais comme souvent, les insurgés ont plié bagages avant l'arrivée des soldats et trouvé refuge au Niger, au Tchad ou au Cameroun, ou ils se sont fondus dans la population locale.
A proximité des vestiges du camp, dans le village de Kirenowa, les habitants racontent comment les combattants de Boko Haram ont renversé le gouvernement local, abaissé le drapeau nigérian et hissé leurs propres couleurs, noires.
Le rituel s'est répété dans près d'un tiers de l'Etat de Borno cette année, où les islamistes ont imposé leur vision ultrarigoriste de la charia, la loi islamique.
"Ils ont pris le contrôle de tout l'endroit et réclamé qu'on leur donne de l'argent, parfois jusqu'à 100.000 ou 200.000 naïras (650 à 1.300 dollars) mais nous n'avions pas ces sommes", explique l'instituteur, Mohammed Abdullahi, âgé de 25 ans.
"Ils ont tout détruit. Nous prions pour qu'ils ne reviennent pas", ajoute le maître d'école entouré d'une nuée d'enfants.
PAS DE TRACE DE BATAILLE
Le camp Hausari, où l'armée a conduit plusieurs journalistes cette semaine, ne montre aucune trace de bataille - pas de corps, pas de sang, pas de douilles.
Le lieutenant-colonel D. R. Hassan, qui a conduit l'offensive, explique que les islamistes ont emporté leurs cadavres.
Mais au vu de ce qu'il reste, ils pourraient tout aussi bien avoir fui avant qu'un seul coup de feu n'ait été tiré.
Boko Haram s'est déjà replié lors de précédentes offensives, avant de revenir plus fort.
A la mi-2009 par exemple, l'armée pensait avoir neutralisé la guérilla après une opération ayant fait quelque 800 morts, dont le fondateur de la secte, Mohammed Yusuf.
L'armée, qui dit avoir arrêté ou tué de nombreux insurgés, affirme avoir reconquis la majeure partie du territoire, même si les camps de fortune comme celui d'Hausari peuvent être facilement réimplantés ailleurs dans la région.
Le président Goodluck Jonathan s'est dit ouvert à la recherche d'une solution alternative et politique mais dans la dernière vidéo où il apparaît, le chef de Boko Haram, Abubakar Shekau, a rejeté toute main tendue.
Et personne ne s'est encore penché sur des mesures pour stimuler l'économie du nord du pays, que beaucoup considèrent comme la solution à long terme pour réduire l'insécurité.
Jarma, le chef du village de Kirenowa, après s'être plaint de la sévérité des rebelles islamistes, interroge: pourquoi le gouvernement n'a-t-il pas réparé les routes, ou donné des outils à sa communauté paysanne ?
Jean-Stéphane Brosse pour le service français