Riche de 12 titres, "Amnezik" sera disponible au Sénégal comme en France. Il sera complété par "Thérapie", un film retraçant le parcours de Stefane - de son vrai nom Didier Stéphane Kabou - dont les textes cherchent à ‘’créer un environnement sombre’’ devant inciter son public à partager avec lui ses ultimes sentiments d’artiste.
Natif de Dakar, Stefane a grandi à Kaolack (centre) où il a vécu avec sa famille pendant de longues années avant de retrouver définitivement la capitale sénégalaise en 2002. Il a dans l’intervalle intégré de nombreux boys bands de quartiers dans lesquels il s’est initié au rap sous l’influence de groupes confirmés de la scène dakaroise dont le PBS, Daara J.
Stefane entame une carrière solo à partir de 2005, date à laquelle il accède en demi-finale de "hip-hop feeling", un concours de rap télévisé de la chaîne privée 2STV qui cherche par ce biais à dénicher le talent rare. De ce moment date la période du retour sur soi opéré par l’artiste, une autocritique qui l’a conduit à son style propre, dans la quête d’une démarche artistique qu’il espère tout aussi originale.
"Amnezik" (perdre la tête) ou "amnne - zik" (du wolof, de la musique à en revendre) se présente de ce point de vue comme le condensé et l’expérimentation d’un style où Stefane rappe sur différentes sonorités (rock, reggae) ou mélodies venues du monde avec comme invitées des artistes chinoise et israélienne notamment.
L’artiste, de son propre aveu, est par-là décidé à s’ouvrir comme jamais à l’international, en s’universalisant par l’apport de mélodies rares qui détonnent dans un paysage rap parfois coincé dans la répétition des mêmes styles et textes.
Pour ce faire, Stefane, parti d’une démarche de promotion calée sur cette perspective, veut voir son album "envahir le monde" pour atteindre ‘’le plus grand nombre de personnes’’.
Au plan local, l’artiste, infographiste à la chaine de télévision privée RDV, a opté pour une campagne de proximité rythmée par des livraisons à domicile et à la demande, avec un grand renfort de promotion sur le web en particulier.
‘’Ce que je déplore dans le travail des médiats sénégalais, c’est que c’est toujours les mêmes têtes et les mêmes artistes que l’on voit depuis plus de 20 ans. Il faut maintenant que les choses changent. Que de nouvelles têtes apportent à leur tour quelque chose de nouveau’’, déclare-t-il.
Selon lui, rapper, ce n’est pas toujours dénoncer. ‘’Le rappeur doit aussi positiver. On ne doit pas tout attendre du gouvernement. On doit aussi se battre à la base’’, dit-il, ajoutant à l’endroit de certains adeptes du rap de contestation que les "balles" (critiques) destinées aux puissants et aux hommes de pouvoir peuvent aussi se retourner contre leurs auteurs.
Pour mettre tous les atouts de son côté, Didier Stéphane Kabou a par ailleurs décidé de réaliser des vidéo-clips qui se veulent innovantes en jouant sur la vitesse des images pour créer des effets spéciaux. Une innovation qui fait notamment penser à la réalisation de certains films comme "Matrix", qui a sur ce plan révolutionné l’univers du cinéma