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Avis suite à la première interview du Ministre du Tourisme sur France 24


Avis suite à la première interview du Ministre du Tourisme sur France 24

Durant son séjour parisien à l'occasion du 39ème salon mondial du tourisme IFTM Top Résa, le nouveau Ministre du Tourisme M. Mame Mbaye Niang a fait une de ses toutes premières sorties sur la chaine française France 24 pour évoquer la politique touristique et les ambitions du Sénégal pour ce secteur.
 
Les réactions que cela a entrainé inspirent quelques commentaires non pas dans la forme mais dans le fond.
 
C'est révéler un secret de polichinelle que de dire qu'aujourd'hui le tourisme au Sénégal connait une crise majeure et tellement profonde que son remède ne pourra qu'être planifié à plusieurs niveaux et sur du moyen-long terme pour être efficace.
 
Il faut dire que le grand secteur du tourisme ne se résume pas seulement à des activités de visites pour profiter du soleil, voir des animaux et autres sites touristiques.
Ce n'est pas non plus pour apprécier les effets d'une "culture joviale" même fondée sur la téranga sénégalaise que les touristes vont se ruer vers le Sénégal.
 
En dehors des efforts de l'Etat en matière d'infrastructures, il s'agit là de deux arguments principaux développés dans l'entretien en question.
 
Il faut admettre aujourd'hui que la psychologie et les paramètres qui fondent et déterminent les motivations des touristes sont sensiblement différents (diversification de l'offre, rapport qualité-prix, flexibilité des opérateurs touristiques, accessibilité etc.) de ce que l'on pouvait observer auparavant.
 
A l'inverse, les éléments qui détournent les touristes d'une destination sont tout aussi divers (contexte sécuritaire, qualité de l'environnement, diligences administratives, coût etc.)
 
Il s'agit donc d'un secteur bien plus difficile à caractériser et qui est sensible aux évolutions à la fois conjoncturelles et structurelles!

Par ailleurs, prétendre avoir un objectif de 3 millions de touristes en 2023 et 10 millions en 2035 et ne pas prendre la mesure de la complexité du tourisme ne permettrait point d'arriver à réaliser même le quart de ces objectifs.

A moins de s'être laissé trop lié par les contraintes de temps, on pourrait considérer que le nouveau Ministre du tourisme a donc obliqué dès son entrée en jeu.
Il a en effet semblé être sur le point de démarrer la nouvelle mission avec la même erreur de vision qui a conduit à l'échec, de certains de ses prédécesseurs, à relancer le tourisme.
 
Ce péché consiste à se murer à considérer que le succès du secteur touristique se limite ou s'apprécie exclusivement au nombre d'arrivées de visiteurs internationaux et autres séjours locaux par l'attrait du soleil, de la mer et des forêts.
 
Mais l'espoir peut permettre d'être moins dur et ainsi relativiser cette première sortie internationale de l'autorité en charge du tourisme.
 
Cependant, cela ne changerait rien au fait qu'il faille, pour réussir, considérer la réalité du secteur avec une vision qui est à la fois transversale et multidimensionnelle.
 
En effet, en dehors des statistiques brutes, il y a bien d'autres paramètres à prendre en compte : par exemple, le budget moyen des touristes, la durée moyenne des séjours, l'effet d'entrainement sur les autres secteurs (emplois, entrepreneuriat, commerces locaux, recettes fiscales etc.)
 
Considérer cela est d'autant plus important que, d'un point de vue stratégique, pour un Etat la question centrale concerne surtout l'impact des politiques publiques touristiques apprécié en termes de contribution au développement et d'amélioration des conditions de vie des populations.
 
L'autre volet des impacts attendus du secteur concerne l'apport des entreprises touristiques dans le développement des collectivités locales visitées et dans la formation du budget de l'Etat apprécié surtout en recettes fiscales.
 
Ainsi, au lieu d'évoquer tout le temps des objectifs en nombre d'arrivées et de séjours de touristes dont les prévisions sont rarement tenues, il faut surtout que l'autorité ministérielle puisse dire comment elle compte optimiser l'existant en organisant le secteur de manière à démultiplier les retombées du tourisme au profit des populations.
 
Ce sont sur ces points fondamentaux que l'efficacité de la politique touristique est attendue, y compris pour la contribution de ce secteur au Plan Sénégal Emergent.
 
Par exemple, en 2016 la France s'est classée première destination touristique mondiale en termes d'arrivées internationales avec 82,5 millions de touristes pour 42,5 milliards $ de recettes. Néanmoins les Etats Unis en ayant accueilli 75,6 millions de visiteurs ont mieux profité de leur secteur touristique avec 205, 9 milliards $ soit plus de quatre fois celles de la France classée seulement 5ème en termes de recettes touristiques.
 
Au Sénégal, les autorités ont trop souvent considéré que la politique touristique consistait principalement à construire des hôtels et aménager des sites touristiques pour ainsi espérer attirer des touristes. Or l'hôtellerie n'est qu'un maillon de la chaîne de valeur touristique!
 
Pour ce faire, il faudra nécessairement intégrer les secteurs connexes à la chaîne de valeur touristique. Comprenons par là, l'ouverture franche du tourisme aux grands secteurs culturel, artisanal, événementiel et même agricole.
 
Il conviendra également de diversifier de manière prononcée la clientèle émettrice (au delà de la France) pour conquérir d'autres marchés mais aussi les formes de tourisme pratiquées au Sénégal (au delà du balnéaire).
 
En outre, comme dans la plupart des pays africains, en observant les hôtels accueillant des touristes internationaux, on se rend compte qu'il s'agit souvent de capitaux étrangers bénéficiant des avantages liés à leur installation et une fiscalité douce. Pourtant les bénéfices de ce qu'il convient d'appeler les multinationales touristiques, pour la plupart, ne sont pas réinvestis localement mais plutôt rapatriés hors du pays.
 
Dire cela ne signifie pas que l'on est contre l'investissement direct étranger mais renverser la tendance pour ainsi privilégier la domination du secteur par des nationaux doit être un objectif majeur.
 
A défaut, le principe gagnant-gagnant doit être privilégié c'est à dire l'acceptation par l'investisseur de contribuer à générer des impacts pour le développement avec un respect strict de la réglementation sociale pour compenser les mesures de facilitation et autres incitations dont il a pu bénéficier.
 
C'est cela qui peut permettre de générer les impacts attendus pour notamment faire jouer au secteur touristique sa partition pour un développement économique et social partagé.
 
Sur ce point, rappelons qu'en principe tout avantage fiscal peut être considéré comme une dépense publique en faveur de celui qui le reçoit. Pour être judicieux, il est donc logique que toute dépense publique puisse concourir à la réalisation d'un objectif de développement humain.
 
Sur un autre registre, la déconcentration et la territorialisation des politiques touristiques est également un impératif non encore atteint au Sénégal.
 
En effet, le tourisme demeure aujourd'hui encore un secteur très centralisé c'est à dire qu'il ne fait pas partie des compétences, même en partie, transférées aux collectivités locales.
 
Or il s'agit là d'une incohérence qui affecte les progrès du secteur.
La preuve est que les activités touristiques se déroulent par nature dans les régions géographiques, communes et localités alors que celles-ci n'ont pas vraiment grand mot à dire sur la politique touristique qui est menée par l'Etat.
 
La déconcentration et la décentralisation du secteur aurait pour avantage de responsabiliser mais surtout d'associer les administrateurs et élus locaux dans l'élaboration, la mise en œuvre et le suivi des politiques touristiques.
 
Un autre avantage de ce schéma est qu'il pourrait permettre, en plus des efforts globaux et stratégiques de l'Etat, de mettre en avant les spécificités locales et d'impliquer une multitude d'acteurs dont les professionnels pour mieux vendre.
 
Cette vision n'empêcherait à l'Etat de garder la vision stratégique, l'organisation de la réglementation et le contrôle du secteur.
 
A titre d'illustration, les offices de tourisme locaux ont largement prouvé leur efficacité dans le monde.
C'est une approche substantielle nécessaire pour développer le tourisme.
 
Aujourd'hui, il existe au Sénégal des services régionaux du tourisme mais ceux-ci dépendent exclusivement du Ministère de tutelle. Ce vieux modèle continue toujours d'être maintenu alors même qu'il exclut de facto la valorisation du leadership des acteurs touristiques qui sont pourtant les premiers concernés par le secteur.
 
Malgré les efforts que peut faire l'Agence sénégalaise de promotion touristique (l'ASPT créée en 2014), le manque d'efficacité est visible dans le secteur en crise. L'une des raisons à cela est que l'administration du tourisme demeure peu ouverte et très centralisée au niveau étatique.
 
Prenons le cas de la France. L'exemple est ici pertinent à juste titre parce que c'est à la fois la première destination mondiale pour le tourisme en nombre et le principal marché émetteur pour le Sénégal.
 
En plus de ses atouts, le succès de ce pays s'explique aussi par le fait que le tourisme y est fortement déconcentré.
 
Sur cet idéal, il est regrettable de constater que les gouvernants ont raté le coche lors de l'élaboration et l'adoption de l'Acte 3 de la décentralisation en décembre 2013. Le tourisme a été le grand absent de cette réforme.
 
Enfin, rappelons que les projets touristiques phares du Plan Sénégal Émergent concernent principalement l'aménagement de nouveaux sites (Mbodiène, Joal finio, Pointe sarène etc.), la réfection des aéroports régionaux, la nouvelle compagnie Air Sénégal SA, le développement du micro-tourisme, le crédit hôtelier, Casamance zone touristique d'intérêt national.
 
Cependant, le volet tourisme du Plan Sénégal Émergent ne peut générer des impacts significatifs qu'à la condition que sa mise en œuvre s'inscrive dans une perspective de ce que l'on peut appeler un tourisme durable avec la prise en compte des trois dimensions du développement durable avec des retombées économiques, socioculturelles et environnementales positives.



Mercredi 4 Octobre 2017 - 08:34





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