Qu’est-ce que vous devenez ?
Ce que je deviens...rien, je suis toujours là. Sauf que je vais rarement à Marius Ndiaye. J’y vais quand le jeu en vaut la chandelle. J’ai tout simplement décidé de rester un peu loin du basket, surtout pour ne pas gêner. A l’époque, si j’ai eu à contester le Cnbs (Ndlr : Comité de normalisation du basket sénégalais) pour des raisons que je connais, aujourd’hui, je ne conteste pas la fédération. J’estime qu’ils sont mal élus, mais ils le sont quand même. Donc comme on dit, les chiens aboient, la caravane passe. Je n’ai pas de critique à faire et je n’en ferai pas.
Alors, pourquoi avoir décidé de briser le silence ?
Je veux briser le silence simplement parce que l’actualité tourne autour de Cheikh Sarr. C’est dans ce cadre-là que j’ai voulu faire une interview sans critiquer qui que ce soit, bien sûr. Pourquoi on a écarté Cheikh Sarr ? Je pourrais peut-être donner un grain de sel dans l’affaire Cheikh Sarr (ancien coach des Lions), dans la mesure où je suis à l’origine de sa nomination à la tête de la sélection nationale.
Donc, vous n’avez pas apprécié son départ ?
Ce n’est pas que je n’ai pas apprécié, je n’ai pas de jugement à faire. Je veux tout simplement donner des éclairages sur le pourquoi du départ de Cheikh Sarr, son utilité et concernant le procès que l’on fait à Cheikh Sarr. Quand on fait un procès à quelqu’un, il faut le connaître. Si on ne le connaît pas, on lui fait un mauvais procès.
Cheikh Sarr n’est pas facile à vivre, je le reconnais. C’est quelqu’un qui est extrêmement difficile. En revanche, il sait rester correct, courtois et compréhensif. Vous savez, quand on dirige des professionnels, surtout certains qui viennent d’Europe, de grands clubs et de Nba, ce n’est pas souvent évident.
Avant lui, il y avait un entraîneur étranger, Alain Weisz, que je suis allé chercher parce qu’il avait un palmarès et une carte de visite, qui était très connu et qui a toujours entraîné des équipes de première division en France. On me l’avait conseillé à l’époque.
C’était avant le Championnat d’Afrique à Madagascar. Avant le dernier match, j’ai eu la surprise de ma vie. Alain Weisz a demandé à être payé sinon il ne coachait plus l’équipe. Je lui ai dit que je trouvais ça ridicule. Il restait un match de classement à faire et je lui avais donné toutes les garanties. Si l’Etat ne payait pas, c’était moi qui payais. Il n’a pas voulu comprendre.
Pour sauver la face du Sénégal devant le monde du basket, la seule solution qui restait, c’était de me tourner vers ma banque. J’ai payé les deux mois de salaire de Alain Weisz. Il est revenu sur le banc et l’honneur du Sénégal était sauf. Pourquoi j’en reparle ?
Parce que simplement, c’est l’épisode d’un entraîneur étranger. Un entraîneur national ne le ferait jamais ! C’est là que j’ai remarqué Cheikh Sarr qui était son adjoint. Un garçon d’un calme olympien.
Vous voulez dire que c’est une erreur de reprendre un entraîneur étranger alors qu’on vient de nommer l’Espagnol Porfirio Fisac de Diego ?
Non, je ne dis pas que c’est une erreur.
C’est un risque ?
Je ne dirais même pas que c’est un risque. Je dis que je ne porte pas un jugement. Je laisse l’appréciation aux autres et je porte mon jugement tel que moi je l’ai conçu, tel que je l’ai vu. Quand je suis arrivé, je savais déjà qui était mon entraîneur, je n’ai besoin de faire des candidatures, des appels d’offres. Quand on est président (de fédération), on prend une décision claire et nette. Et, c’est fini, on le fait pour l’intérêt du basket.
Vous auriez souhaité que Cheikh Sarr continue la mission ?
La logique était là. Il faut quand même dire qu’il connaît cette équipe-là. On l’a pris alors qu’elle était à la neuvième place, en Libye. A Madagascar, on a glané quatre places. De la neuvième place, on a terminé cinquième. Et on a même fait une prouesse. Je disais à qui veut l’entendre que le Sénégal allait battre l’Angola. Personne ne m’avait pris au sérieux.
On m’a traité de rêveur. Et Dieu nous a entendus et nous avons battu l’Angola. La première défaite de l’Angola en dix ans... Je croyais au potentiel de mon équipe et je crois que c’était la seule fois où je suis rentré dans les vestiaires pour parler aux joueurs...
On n’a pas réussi à gagner la coupe parce qu’au départ, on n’y croyait pas. On n’était pas partis en vainqueurs. C’est quand on a battu l’Angola qu’on s’est dit : «Ah, il y a de la place.» Malheureusement, on a péché avec nos vieux démons... On s’est amusés avec les demi-finales et on s’est fait éliminer. Ce sont des choses qui arrivent.
On reproche aussi à Cheikh Sarr de ne pas maîtriser son groupe. Est-ce que ce n’est pas ce qui lui a coûté sa place ?
On est allés à Bilbao, dans un tournoi. Cheikh Sarr et son équipe ont tenu tête aux meilleures équipes espagnoles. Surtout face à la sélection catalane, où il y avait pas moins de sept internationaux espagnols. Le Sénégal a battu cette sélection catalane. Il a pu rééditer un peu son exploit au niveau de la Côte-d’Ivoire.
De cette cinquième place, on a réussi à avoir une troisième place. Il faut le mettre sur le compte de Cheikh Sarr et de son équipe. Et puis, il a quand même été huitième de finaliste aux Championnats du monde. Je crois qu’on aurait pu lui permettre de continuer. Je ne veux pas me faire l’avocat du diable, je ne suis pas là pour plaider pour Cheikh Sarr. Je donne tout simplement un point de vue.
Quelle appréciation faitesvous du travail de la nouvelle équipe fédérale ?
Je n’ai pas d’appréciation. Je regarde, j’observe, j’espère qu’ils réussiront. J’espère bien qu’ils réussiront à faire mieux que ce que j’ai fait. Et ça sera tant mieux pour eux. Mais que personne ne compte sur moi pour critiquer. Je donne aujourd’hui un point de vue, tout simplement, de la situation du basket, de l’entraîneur, de la situation de l’Equipe nationale. Mais parler de la Fédération, je ne veux pas.
Mais vous revendiquez quand même une part de la victoire des Lionnes à l’Afrobasket ?
Si les gens pensent que nous n’avons rien fait, ce serait un peu démagogique. La nouvelle équipe a eu beaucoup de chance parce que ce n’est pas en deux mois qu’on construit une équipe. Le Cnbs que j’ai fusillé, en son temps, a plus à revendiquer cette victoire que la nouvelle équipe a obtenue. Elle n’a joué aucun rôle là-dedans. Ils sont arrivés au bon moment. Ils ont juste eu à cueillir les fruits de notre travail...
On aurait pu gagner le trophée. On se souvient de la blessure de Mame Diodio Diouf au Mozambique, en pleine compétition. Son absence a déstabilisé le groupe. Je ne remets pas en cause les compétences de Moussa Touré (ancien coach des Lionnes).
C’est un bon technicien. Mais il n’a pas su maîtrisé les filles. Chacune avait son caractère. Ce que Tapha Gaye a su régler. Il ne faut pas oublier que c’est ma défunte fédération qui a pris en charge la blessure de Diodio. Si on ne l’avait pas fait, elle serait perdue pour le basket. Autre chose qu’on a également pu accomplir. C’est la naturalisation de Ramata Daou. Et je vous assure que cela n’a pas été facile. Il a fallu que je porte son dossier dans le bureau du président de la République à une semaine de l’Afrobasket. J’ai forcé la main au Président, après avoir suivi la voie normale pendant cinq mois.
Ce jour-là, je me souviens, on était à l’heure du déjeuner. Quand je lui ai dit que j’avais une dernière doléance à lui faire, il m’a répondu avec beaucoup de farce qu’on était à l’heure du déjeuner. Finalement, il me dit : «En République, tout ce qui est légal n’est pas impossible.» Il a pris son téléphone, s’est occupé personnellement du dossier et au bout de quelques heures, l’affaire était réglée dans les règles. Et je ne cesse de saluer ce geste du chef de l’Etat. Il a compris l’urgence et a pris à bras-le-corps le dossier pour nous enlever une épine du pied.
Si elle a pu avoir ses papiers sénégalais, cela est dû à ma ténacité. Je suis heureux de constater qu’elle a largement contribué à la victoire des Lionnes à Yaoundé. Je n’oublie pas les urgences qu’il fallait régler parce que l’argent n’était pas disponible. C’était souvent récurrent et il fallait trouver l’ar-gent. Il m’est arrivé de prendre le salaire de mes employés de l’Imprimerie pour payer l’hôtel des Lionnes, leurs primes...
Voilà des choses qu’on fait parce que simplement, on aime le basket, on aime son pays, parce que le basket m’a fait ce que je suis devenu aujourd’hui.
On vous reproche toutefois de ne pas militer dans un club, malgré tous les efforts que vous faites pour la discipline. Qu’est-ce qui vous en empêche ?
Je ne partage pas l’avis selon lequel, il faut militer dans un club pour pouvoir être président de fédération. Le premier mobile doit être la capacité de mobilisation financière, avoir des connaissances, un parcours de basketteur, connaître au minimum le milieu. Quand vous faites face à des professionnels, il faut savoir leur parler. En un mot, il faut être un bon manager parce que c’est tout un ensemble qu’il faut gérer. C’est le monde sportif d’aujourd’hui qui l’exige.
Vous savez, ce fameux article 18 a été conçu uniquement pour me barrer la route. Aujourd’hui, j’en rigole un peu. Quand on est président d’une fédération, on est président de tous les clubs. Et c’est plus facile de trancher quand on n’est pas lié à un club.
Vous aspirez toujours revenir à la tête de la fédération ?
Pour le moment, ce n’est pas dans ma tête. Je m’occupe de mes affaires. Vous savez, c’est très difficile de coacher une fédération. Un président de club, Momar Ndiaye (ancien de la Jeanne d’Arc), m’a une fois dit : «Tandian, tu dois t’estimer heureux car tu as beaucoup de chance d’avoir quitté ce monde sportif sans qu’on t’ait taxé de voleur.» Même si, on ne pouvait pas me le faire parce qu’il n’y avait rien à voler. Au contraire, on me doit 13 millions Cfa.
Avez-vous des regrets ?
On m’a planté des coups dans le dos, alors que je me donnais corps et âme pour que le basket sénégalais aille de l’avant. Je prenais de l’argent de mon entreprise pour le mettre dans le basket. Je n’avais pas de vie de famille. Au détriment de ma santé.
Aujourd’hui, quand je pense à tout cela, j’éprouve des regrets. J’avais un tempérament également qui a conduit a alimenté tout ce débat et qui, malheureusement, a été néfaste. Cela a conduit à la dissolution de la fédération.
On apprend toujours dans la vie. Aujourd’hui, j’ai le temps de m’occuper de ma famille, encore que j’ai deux épouses. Je parviens à économiser de l’argent. Et quand je vois les deux chronos qui sont à Marius Ndiaye, je me sens heureux d’avoir pu laisser ça à la famille du basket sénégalais. Que les spectateurs qui se rendent à Marius Ndiaye aient une pensée pour moi.
Le Quotidien
Ce que je deviens...rien, je suis toujours là. Sauf que je vais rarement à Marius Ndiaye. J’y vais quand le jeu en vaut la chandelle. J’ai tout simplement décidé de rester un peu loin du basket, surtout pour ne pas gêner. A l’époque, si j’ai eu à contester le Cnbs (Ndlr : Comité de normalisation du basket sénégalais) pour des raisons que je connais, aujourd’hui, je ne conteste pas la fédération. J’estime qu’ils sont mal élus, mais ils le sont quand même. Donc comme on dit, les chiens aboient, la caravane passe. Je n’ai pas de critique à faire et je n’en ferai pas.
Alors, pourquoi avoir décidé de briser le silence ?
Je veux briser le silence simplement parce que l’actualité tourne autour de Cheikh Sarr. C’est dans ce cadre-là que j’ai voulu faire une interview sans critiquer qui que ce soit, bien sûr. Pourquoi on a écarté Cheikh Sarr ? Je pourrais peut-être donner un grain de sel dans l’affaire Cheikh Sarr (ancien coach des Lions), dans la mesure où je suis à l’origine de sa nomination à la tête de la sélection nationale.
Donc, vous n’avez pas apprécié son départ ?
Ce n’est pas que je n’ai pas apprécié, je n’ai pas de jugement à faire. Je veux tout simplement donner des éclairages sur le pourquoi du départ de Cheikh Sarr, son utilité et concernant le procès que l’on fait à Cheikh Sarr. Quand on fait un procès à quelqu’un, il faut le connaître. Si on ne le connaît pas, on lui fait un mauvais procès.
Cheikh Sarr n’est pas facile à vivre, je le reconnais. C’est quelqu’un qui est extrêmement difficile. En revanche, il sait rester correct, courtois et compréhensif. Vous savez, quand on dirige des professionnels, surtout certains qui viennent d’Europe, de grands clubs et de Nba, ce n’est pas souvent évident.
Avant lui, il y avait un entraîneur étranger, Alain Weisz, que je suis allé chercher parce qu’il avait un palmarès et une carte de visite, qui était très connu et qui a toujours entraîné des équipes de première division en France. On me l’avait conseillé à l’époque.
C’était avant le Championnat d’Afrique à Madagascar. Avant le dernier match, j’ai eu la surprise de ma vie. Alain Weisz a demandé à être payé sinon il ne coachait plus l’équipe. Je lui ai dit que je trouvais ça ridicule. Il restait un match de classement à faire et je lui avais donné toutes les garanties. Si l’Etat ne payait pas, c’était moi qui payais. Il n’a pas voulu comprendre.
Pour sauver la face du Sénégal devant le monde du basket, la seule solution qui restait, c’était de me tourner vers ma banque. J’ai payé les deux mois de salaire de Alain Weisz. Il est revenu sur le banc et l’honneur du Sénégal était sauf. Pourquoi j’en reparle ?
Parce que simplement, c’est l’épisode d’un entraîneur étranger. Un entraîneur national ne le ferait jamais ! C’est là que j’ai remarqué Cheikh Sarr qui était son adjoint. Un garçon d’un calme olympien.
Vous voulez dire que c’est une erreur de reprendre un entraîneur étranger alors qu’on vient de nommer l’Espagnol Porfirio Fisac de Diego ?
Non, je ne dis pas que c’est une erreur.
C’est un risque ?
Je ne dirais même pas que c’est un risque. Je dis que je ne porte pas un jugement. Je laisse l’appréciation aux autres et je porte mon jugement tel que moi je l’ai conçu, tel que je l’ai vu. Quand je suis arrivé, je savais déjà qui était mon entraîneur, je n’ai besoin de faire des candidatures, des appels d’offres. Quand on est président (de fédération), on prend une décision claire et nette. Et, c’est fini, on le fait pour l’intérêt du basket.
Vous auriez souhaité que Cheikh Sarr continue la mission ?
La logique était là. Il faut quand même dire qu’il connaît cette équipe-là. On l’a pris alors qu’elle était à la neuvième place, en Libye. A Madagascar, on a glané quatre places. De la neuvième place, on a terminé cinquième. Et on a même fait une prouesse. Je disais à qui veut l’entendre que le Sénégal allait battre l’Angola. Personne ne m’avait pris au sérieux.
On m’a traité de rêveur. Et Dieu nous a entendus et nous avons battu l’Angola. La première défaite de l’Angola en dix ans... Je croyais au potentiel de mon équipe et je crois que c’était la seule fois où je suis rentré dans les vestiaires pour parler aux joueurs...
On n’a pas réussi à gagner la coupe parce qu’au départ, on n’y croyait pas. On n’était pas partis en vainqueurs. C’est quand on a battu l’Angola qu’on s’est dit : «Ah, il y a de la place.» Malheureusement, on a péché avec nos vieux démons... On s’est amusés avec les demi-finales et on s’est fait éliminer. Ce sont des choses qui arrivent.
On reproche aussi à Cheikh Sarr de ne pas maîtriser son groupe. Est-ce que ce n’est pas ce qui lui a coûté sa place ?
On est allés à Bilbao, dans un tournoi. Cheikh Sarr et son équipe ont tenu tête aux meilleures équipes espagnoles. Surtout face à la sélection catalane, où il y avait pas moins de sept internationaux espagnols. Le Sénégal a battu cette sélection catalane. Il a pu rééditer un peu son exploit au niveau de la Côte-d’Ivoire.
De cette cinquième place, on a réussi à avoir une troisième place. Il faut le mettre sur le compte de Cheikh Sarr et de son équipe. Et puis, il a quand même été huitième de finaliste aux Championnats du monde. Je crois qu’on aurait pu lui permettre de continuer. Je ne veux pas me faire l’avocat du diable, je ne suis pas là pour plaider pour Cheikh Sarr. Je donne tout simplement un point de vue.
Quelle appréciation faitesvous du travail de la nouvelle équipe fédérale ?
Je n’ai pas d’appréciation. Je regarde, j’observe, j’espère qu’ils réussiront. J’espère bien qu’ils réussiront à faire mieux que ce que j’ai fait. Et ça sera tant mieux pour eux. Mais que personne ne compte sur moi pour critiquer. Je donne aujourd’hui un point de vue, tout simplement, de la situation du basket, de l’entraîneur, de la situation de l’Equipe nationale. Mais parler de la Fédération, je ne veux pas.
Mais vous revendiquez quand même une part de la victoire des Lionnes à l’Afrobasket ?
Si les gens pensent que nous n’avons rien fait, ce serait un peu démagogique. La nouvelle équipe a eu beaucoup de chance parce que ce n’est pas en deux mois qu’on construit une équipe. Le Cnbs que j’ai fusillé, en son temps, a plus à revendiquer cette victoire que la nouvelle équipe a obtenue. Elle n’a joué aucun rôle là-dedans. Ils sont arrivés au bon moment. Ils ont juste eu à cueillir les fruits de notre travail...
On aurait pu gagner le trophée. On se souvient de la blessure de Mame Diodio Diouf au Mozambique, en pleine compétition. Son absence a déstabilisé le groupe. Je ne remets pas en cause les compétences de Moussa Touré (ancien coach des Lionnes).
C’est un bon technicien. Mais il n’a pas su maîtrisé les filles. Chacune avait son caractère. Ce que Tapha Gaye a su régler. Il ne faut pas oublier que c’est ma défunte fédération qui a pris en charge la blessure de Diodio. Si on ne l’avait pas fait, elle serait perdue pour le basket. Autre chose qu’on a également pu accomplir. C’est la naturalisation de Ramata Daou. Et je vous assure que cela n’a pas été facile. Il a fallu que je porte son dossier dans le bureau du président de la République à une semaine de l’Afrobasket. J’ai forcé la main au Président, après avoir suivi la voie normale pendant cinq mois.
Ce jour-là, je me souviens, on était à l’heure du déjeuner. Quand je lui ai dit que j’avais une dernière doléance à lui faire, il m’a répondu avec beaucoup de farce qu’on était à l’heure du déjeuner. Finalement, il me dit : «En République, tout ce qui est légal n’est pas impossible.» Il a pris son téléphone, s’est occupé personnellement du dossier et au bout de quelques heures, l’affaire était réglée dans les règles. Et je ne cesse de saluer ce geste du chef de l’Etat. Il a compris l’urgence et a pris à bras-le-corps le dossier pour nous enlever une épine du pied.
Si elle a pu avoir ses papiers sénégalais, cela est dû à ma ténacité. Je suis heureux de constater qu’elle a largement contribué à la victoire des Lionnes à Yaoundé. Je n’oublie pas les urgences qu’il fallait régler parce que l’argent n’était pas disponible. C’était souvent récurrent et il fallait trouver l’ar-gent. Il m’est arrivé de prendre le salaire de mes employés de l’Imprimerie pour payer l’hôtel des Lionnes, leurs primes...
Voilà des choses qu’on fait parce que simplement, on aime le basket, on aime son pays, parce que le basket m’a fait ce que je suis devenu aujourd’hui.
On vous reproche toutefois de ne pas militer dans un club, malgré tous les efforts que vous faites pour la discipline. Qu’est-ce qui vous en empêche ?
Je ne partage pas l’avis selon lequel, il faut militer dans un club pour pouvoir être président de fédération. Le premier mobile doit être la capacité de mobilisation financière, avoir des connaissances, un parcours de basketteur, connaître au minimum le milieu. Quand vous faites face à des professionnels, il faut savoir leur parler. En un mot, il faut être un bon manager parce que c’est tout un ensemble qu’il faut gérer. C’est le monde sportif d’aujourd’hui qui l’exige.
Vous savez, ce fameux article 18 a été conçu uniquement pour me barrer la route. Aujourd’hui, j’en rigole un peu. Quand on est président d’une fédération, on est président de tous les clubs. Et c’est plus facile de trancher quand on n’est pas lié à un club.
Vous aspirez toujours revenir à la tête de la fédération ?
Pour le moment, ce n’est pas dans ma tête. Je m’occupe de mes affaires. Vous savez, c’est très difficile de coacher une fédération. Un président de club, Momar Ndiaye (ancien de la Jeanne d’Arc), m’a une fois dit : «Tandian, tu dois t’estimer heureux car tu as beaucoup de chance d’avoir quitté ce monde sportif sans qu’on t’ait taxé de voleur.» Même si, on ne pouvait pas me le faire parce qu’il n’y avait rien à voler. Au contraire, on me doit 13 millions Cfa.
Avez-vous des regrets ?
On m’a planté des coups dans le dos, alors que je me donnais corps et âme pour que le basket sénégalais aille de l’avant. Je prenais de l’argent de mon entreprise pour le mettre dans le basket. Je n’avais pas de vie de famille. Au détriment de ma santé.
Aujourd’hui, quand je pense à tout cela, j’éprouve des regrets. J’avais un tempérament également qui a conduit a alimenté tout ce débat et qui, malheureusement, a été néfaste. Cela a conduit à la dissolution de la fédération.
On apprend toujours dans la vie. Aujourd’hui, j’ai le temps de m’occuper de ma famille, encore que j’ai deux épouses. Je parviens à économiser de l’argent. Et quand je vois les deux chronos qui sont à Marius Ndiaye, je me sens heureux d’avoir pu laisser ça à la famille du basket sénégalais. Que les spectateurs qui se rendent à Marius Ndiaye aient une pensée pour moi.
Le Quotidien