Est-ce une réelle avancée scientifique ou le résultat d'éléments déjà connus par les chercheurs ? La "guérison" apparente d'une petite fille séropositive traitée dès les premières heures de sa vie, et qui n'a pas été traitée pendant 10 mois, suscite une lueur d'espoir, mais elle reste à confirmer, avertissent les spécialistes qui rappellent en outre que l'accès à la prévention et aux soins demeurent pour beaucoup illusoire.
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Le professeur Yves Levy, directeur de l'institut de recherche contre le vaccin VIH-sida à l'hôpital Henri Mondor à Créteil, appelle lui aussi à la prudence.
TF1 News : Peut-on parler de cas exceptionnel ?
Yves Levy, professeur : Non, je ne pense pas. Il n'y a rien d'exceptionnel à traiter de manière précoce un enfant infecté. Cela arrive régulièrement que l'on procède à une perfusion dès la salle d'accouchement. Soit l'enfant est né sans être infecté et les médecins procèdent à un traitement en prévention, soit il est porteur du virus et l'équipe médicale prescrit un médicament antirétroviral. L'originalité de ce cas réside toutefois dans le fait que l'enfant n'a pas pu être suivi pendant une longue période et que la présence du virus est désormais très faible. Mais il faut être très prudent et faire attention aux mots employés : ce n'est pas une guérison, mais une rémission.
TF1 NEWS : Est-ce la preuve d'un lien entre traitement et diminution de la charge virale ?
Y.L. : Il existe un risque de transmission du VIH de la mère à l'enfant de 30% si elle n'est pas traitée, et de 1% si elle est suivie. Voilà la première démonstration d'un lien. En revanche, l'observation de ce cas est intéressante pour la compréhension du concept de réservoir, ces cellules qui engloutissent le virus qui reste latent et donc ne peut être vaincu par des médicaments antirétroviraux. Mais si le traitement est stoppé (comme ce fût le cas pour cet enfant durant 10 mois, ndlr), logiquement le virus est relâché dans l'organisme. Nous pouvons alors relever deux hypothèses autour de cet enfant : soit le concept de rémission existe, soit cet enfant était dès la naissance un futur contrôleur d'élite, des patients séropositifs dont l'organisme parvient naturellement à bloquer la maladie.
TF1 News : La recherche doit donc désormais s'orienter vers ces patients?
Y.L. : Nos recherches sur le vaccin thérapeutique ont en tout cas l'ambition de transformer des patients infectés en contrôleurs d'élite, qui représentent 1% des séropositifs. Pour diminuer la charge virale, nous souhaitons stimuler les défenses immunitaires pour que ces dernières prennent le relais sans traitement. La rémission de cet enfant peut nous aider, pas tant pour les recherches sur le vaccin ou la prévention, mais bien sur la détection des organismes qui peuvent bloquer le virus. C'est toujours un espoir quand des concepts se développent.