Benoit Sambou : « Pour Des Questions Politiciennes, On Ne Doit Pas Avoir Certaines Attitudes »

A l’initiative de l’association Action Sud, le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi, Benoît Sambou, a rencontré la communauté casamançaise basée à Paris, samedi à la mairie du 20earrondissement. Pour parler de paix, mais surtout de développement. Mais la rencontre aura été momentanément interrompue par des manifestants du Pds venus demander la libération de Karim Wade.


Pour Benoît Sambou, les Casamançais doivent être plus solidaires s’ils veulent développer leur région. Le ministre de la Jeunesse et de l’Emploi a beaucoup insisté sur cet aspect lors d’une rencontre avec la diaspora du sud, samedi à Paris. «Nous Casamançais, nous devons apprendre à nous mobiliser pour nous-mêmes (…) et que pour des questions politiciennes, on ne doit pas avoir certaines attitudes», a-t-il lancé devant une foule nombreuse. Avant d’ajouter : «Nous devons être plus solidaires. Chacun d’entre nous devrait se départir de ses préoccupations partisanes, personnelles, matérielles pour simplement créer les conditions de synergies fortes, d’une solidarité forte pour la Casamance». Regrettant que c’est en Casamance que l’on trouve le moins de projets communautaires, le ministre a ainsi appelé les ressortissants de cette région à s’inspirer de l’exemple de ceux du Fouta, qui n’ont pas attendu l’Etat pour «installer des infrastructures» dans leur terroir.

Pour décrire ce manque de solidarité des Casamançais entre eux,  Benoît Sambou a levé un coin du voile sur les difficultés qu’il a rencontrées au ministère de l’Agriculture. «Personnellement, au ministère de l’Agriculture, ceux qui m’ont le plus combattu ce sont des Casamançais. Je n’en dirais pas un mot de plus, mais peut-être un jour je le dirais. Ce sont des Casamançais qui étaient à la pointe de ce  combat contre moi», a-t-il martelé, les dents serrées à cause de l’émotion. «Je suis désolé, quand j’en parle j’ai très mal», précise-t-il.

Aujourd’hui, le ministre Sambou se dit convaincu qu’il est temps qu’en Casamance l’on parle maintenant de développement avant la paix. Car à ses yeux, «si nous créons les conditions pour un bien-être des populations, des conditions pour que ces gens qui sont entrés dans le maquis puissent trouver du travail, puissent subvenir décemment aux besoins de leurs familles, je crois qu’il y a là des moyens de renversement du paradigme».

Pierre Atépa Goudiaby : «M. Le ministre, dites au président de la République que nous ne sommes pas contents»

Il y avait un invité surprise dans la salle lors de cette rencontre. Il s’agit de l’architecte Pierre Atépa Goudiaby venu apporter, dit-il, son «soutien» à son frère qui l’a toujours soutenu dans ses projets en direction de la région du sud. Mais, visiblement, Atépa avait surtout un message à faire passer à propos de la liste des membres du Conseil économique, social et environnemental (Cese) publiée la semaine dernière. Il explique : «Quand on fait un Cese de 120 membres où il y a à peine deux à trois Casamançais, vous croyez que c’est normal ? (…) Tout le monde sait que ce sont mes parents Diolas qui sont dans le maquis, il ne faut pas avoir honte de le dire, mais ils ne sont pas dans le Cese.  Alors, s’ils nous disent : vous voyez ce qu’on vous dit, qu’est-ce qu’on va répondre ? Alors M. le ministre, je vous demande très respectueusement de dire au président de la République que nous ne sommes pas contents. On fragilise ceux qui sont en train de construire la paix. On ne sait pas s’il est possible de revenir en arrière, parce que c’est très compliqué, mais quand on pose des actes aussi importants que ceux-là, qu’on fasse tout pour que l’équilibre soit sauvegardé».

Karim Wade, l’autre invité surprise

Alors que la rencontre se déroulait sans impair, un incident est subitement  venu perturber son cours. Le ministre, qui venait de prendre le micro deux minutes plus tôt, a en effet été brusquement interrompu dans son discours par des manifestants du Pds  à Paris. Une dizaine de personnes avait réussi, on ne sait par quelle magie, à s’infiltrer dans une salle où avaient également pris place de nombreux militants de l’Apr. Installés à l’arrière de la salle, la bande dirigée par le secrétaire général de la Fédération, Meïssa Touré, a soudainement coupé le ministre aux cris de : «Libérez Karim ! Libérez Karim». En brandissant des pancartes sur lesquels on pouvait lire : «Macky Sall = Staline ! Crei = Gestapo ! Alioune Ndao = Heinerich Hitler !», «Macky Sall, dictateur, libérez les otages politiques», ou encore, «Macky Sall, milliardaire aux biens mal acquis !» Dans un premier temps, les organisateurs, qui n’ont rien vu venir, ont cherché à comprendre. Avant de réaliser ce qui se passait. Avec l’aide du service de sécurité de la mairie, ils vont alors expulser manu-militari les manifestants. L’incident n’aura duré que cinq minutes. Avant que Benoît Sambou, comme si de rien n’était, ne reprenne le fil de son speech.
Source l'Observateur repris par setal.net


Claude Coly

Lundi 22 Avril 2013 14:41

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