Quand vous avez pris connaissance des attributions qui allaient être les vôtres dans le gouvernement, avez-eu peur de l’ampleur et de la complexité de la tâche ?
La peur est un sentiment qui ne m’habite jamais. Je n’ai jamais eu peur de ma vie.
L’agriculture mobilise 70% des populations sénégalaises. C’est le moteur de la croissance et le secret de l’émergence. N’est-ce pas une lourde responsabilité ?
J’ai plutôt pris conscience de la responsabilité qui pesait sur mes épaules, de la confiance que le chef de l’état a placée en ma personne, en me confiant un secteur aussi lourd et aussi stratégique. Je ne suis pas un novice dans le secteur. J’ai beaucoup travaillé dans le cadre de mon cabinet privé sur les questions ayant trait à l’agriculture. Je ne me suis pas posé de questions quand le premier ministre Abdou Mbaye m’a informé de la décision du chef de l’Etat de me confier le ministère de l’agriculture. En sortant du bureau du premier ministre, je suis tombé sur un magazine que j’avais réalisé sur l’agriculture. Et je crois que ça m’a tout de suite réconforté. J’étais en quelque sorte dans un domaine que je maitrise.
Est-ce un poste que vous avez sollicité ? Avez-vous eu à en exprimer le vœu au candidat Macky Sall ?
On m’a toujours appris qu’il ne faut jamais réclamer quoi que ce soit ou demander des choses. Le président de la République est un compagnon, un camarade de parti. Ce qui était le plus important, c’est que nous puissions convaincre les Sénégalais de nous confier les rênes de ce pays. C’était ça notre mission. Et à partir de là, il a eu la générosité de me confier une responsabilité aussi lourde que la gestion des élections de l’APR. Quand on a atteint notre objectif, qui était de le porter à la magistrature suprême, je pouvais le regarder en face et lui dire : « Monsieur le Président, ma mission est accomplie ». Je n’avais aucune prétention particulière. L’élection présidentielle est une rencontre entre un homme et son peuple. C’est à lui qu’on a confié la gestion du pays, c’était à lui de choisir les hommes qui allaient l’accompagner dans cette tâche. Et après son élection, on ne s’est revu qu’au premier conseil des ministres
Est-ce que vous pouvez nous faire la situation réelle et objective du secteur agricole, au delà des arguments politiciens qu’on utilise pour accabler l’adversaire ?
J’ai hérité d’un secteur difficile. Je crois que les attentes ont toujours été fortes et les différents gouvernements qui se sont succédé au Sénégal ont fait de l’agriculture un secteur prioritaire, sans pour autant avoir les moyens de leurs politiques. Le président Macky, en tant que candidat, avait dit que l’agriculture serait un des secteurs sur lesquels il allait s’appuyer, parce qu’il mobilise la majorité des Sénégalais. C’est un secteur qui a un fort taux d’absorption de main-d’œuvre. C’est un secteur qui peut tirer la croissance. D’où sa volonté d’en faire un secteur prioritaire. Dés la mise en place du gouvernement, on l’a ressenti. Dans son discours de politique général, le premier ministre Abdou Mbaye a beaucoup insisté sur l’agriculture. Il a réaffirmé, devant les députés, qu’il comptait sur ce secteur pour développer le Sénégal, relancer la croissance, donner de l’emploi aux jeunes. Le président de la République ne cesse de nous rappeler ce credo et c’est à nous de comprendre les orientations et de les prendre en charge.
Est-ce que vous pouvez nous dresser un tableau des difficultés et des urgences auxquelles vous devez faire face ?
Tout est urgence dans ce département. Nous sommes arrivés à un moment où, pratiquement, il y avait une crise alimentaire dans le monde rural. On sortait d’une campagne agricole extrêmement difficile pour ne pas dire désastreuse. L’autre aspect des difficultés, c’est que les ressources pour matérialiser les visions ne sont pas souvent disponibles. Et tout le monde s’arroge le statut d’expert. Il fallait immédiatement préparer la campagne agricole, prendre langue avec les organisations paysannes, rassurer les Sénégalais par rapport à ce que nous voulions faire. Nous sommes conscients de l’ampleur de la tâche. Et nous voulons inscrire notre action dans le cadre d’une démarche participative, inclusive. Nous allons entamer les démarches nécessaires pour rassurer les uns et les autres, faire comprendre les orientations du président de la République. Nous allons initier une réflexion avec les différentes parties concernées, créer les conditions pour rassurer les paysans et faire en sorte que les ressources qui leur sont destinées leur parviennent.
L’autre aspect, c’est qu’on a pris de mauvaises habitudes avec ces nombreuses politiques de subvention. Je pense qu’il faut échanger avec les producteurs pour définir les secteurs prioritaires qui nécessitent des subventions, parce que tout est urgence. Les Sénégalais sont souvent habitués à la facilité. On leur offre pratiquement tout. Et le fautif, c’est Abdoulaye Wade qui a initié cette pratique irresponsable, consistant à tout offrir, à tout proposer, sans pour autant qu’il y’ait à côté une politique de création véritable de richesses. Il faut savoir que, pour pouvoir mettre à la disposition des populations un certain nombre de choses gratuitement, il faut avoir les ressources nécessaires. Et ce pays n’a pas ces moyens. Tout ceci a compliqué les choses dans ce secteur qui mobilise la majorité des Sénégalais. Et puis, par la grâce de Dieu, grâce aux directives et orientations du chef de l’Etat. Nous allons petit à petit rassurer le monde rural. On ne prétend pas pouvoir régler tous les problèmes, mais il s’agira dans les cinq prochaines années de faire faire à ce secteur des bonds significatifs.
Que va-t-il advenir des programmes agricoles mis en place par le gouvernement de l’alternance, la GOANA et le plan REVA ? Les libéraux brandissent souvent le chiffre de 500.000 tonnes de riz produites en 2011, grâce à la GOANA.
J’ai l’habitude de dire que pour ce qui est de la GOANA, un programme censé apporter de l’abondance aux Sénégalais, nous avons un monde rural dans une situation de crise alimentaire.
Mais on ne peut, quand même, pas nier qu’il y a eu une augmentation de la production des cultures vivrières ?
Le débat n’est pas à ce niveau. La GOANA avait pour objectif de créer les conditions de l’abondance. On nous parle d’autosuffisance alimentaire, alors que le pays est en crise. On a été contraint de faire appel à l’aide internationale : c’est ça l’abondance !
Pourtant, des organismes des Nations-Unies, comme le Programme Alimentaire Mondial, réfutent l’existence d’une famine au Sénégal. Ils parlent d’insécurité alimentaire qui prévaut dans certaines localités : 739 000 personnes sont concernées. Qu’en dites-vous ?
Quand il y a 800 000 personnes en situation alimentaire extrêmement difficile, qui n’ont même pas de quoi se nourrir, on ne peut pas se targuer d’avoir atteint l’autosuffisance alimentaire. La GOANA a été un échec par rapport à ce constat. L’autre aspect, c’est que moi, je ne suis pas pour les effets d’annonces. Un programme par ci, un programme par là. Ce n’est pas important pour nous. Quand nous sommes arrivés, le président Macky Sall nous a instruits d’opérer des ruptures. La rupture pour nous, c’est déjà d’avoir adopté la démarche de la concertation et du partage avec les acteurs. La rupture, c’est de construire une vision sur les cinq prochaines années, d’identifier les instruments sur lesquels nous allons nous appuyer pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, ou en tout cas la sécurité alimentaire.
Et cette vision sera-t-elle aussi matérialisée dans un programme ?
C’est de cette vision que découlera le Programme agricole quinquennal (PAQ,) qui nous permettra de réglementer l’agriculture sénégalaise. On saura ce qu’il faut faire en matière de maitrise de l’eau ; ce qu’il faut faire en matière de gestion du foncier ; ce qu’il faut faire de la production céréalière : qu’est-ce que les Sénégalais consomment ? Comment faire pour y arriver ? C’est une démarche pragmatique qui consiste à identifier les priorités, voir ce qu’il faudra faire en matière de transformation et insister sur la recherche, car elle nous permet de découvrir des variétés végétales, voir comment accompagner nos producteurs pour que nous puissions nous inscrire dans une démarche de qualité, d’avoir une bonne rentabilité. Nous allons, à travers le PAQ, renouer avec le conseil agricole pour accompagner les agriculteurs sénégalais, renouveler la plateforme semencière qui est complètement désaffectée. Nous avons tous suivi le débat qu’il y a eu sur cette question ; nous avons pris la décision de lancer un programme national de reconstruction du capital semencier. Dans notre démarche, on nous a appris à nous baser sur des éléments factuels, c'est-à-dire fonder notre réflexion sur des informations fiables. C’est pour cela que nous avons décidé de mettre en place un système d’informations agricoles qui permet d’avoir une bonne traçabilité de la distribution des semences, d’avoir une traçabilité des potentialités dont regorge ce pays. Il faudra aussi régler le problème de l’autosuffisance en riz. Les Sénégalais consomment en quantité du riz. Il faut produire du riz en quantité pour équilibrer la balance commerciale. Chaque année, nous importons à peu prés 600 000 mille tonnes de riz, alors que notre production n’atteint pas 200 000 mille tonnes. D’après nos calculs, d’ici 2018, la consommation en riz atteindra 1 million 600 mille tonnes. Donc, il faut que le gouvernement prenne à bras le corps le règlement de ce déficit. Un programme national d’autosuffisance existe déjà. Mais nous avons voulu le revisiter en déterminant les priorités, les acteurs et les zones d’interventions.
Pouvez-vous nous donner une idée du coût des investissements pour ce nouveau programme ?
Dans le programme Yonou Yokouté, le président de la République avait annoncé, dans les cinq prochaines années, 2000 milliards qui seront injectés dans le domaine de l’agriculture.
C’étaient des promesses de campagne. Maintenant que vous êtes confronté à la réalité du pouvoir, allez-vous réviser vos ambitions ?
Ça, c’est la vision du chef de l’Etat. Il s’agit de construire cette vision. C’est pour cela que nous avons lancé une série d’ateliers pour réunir les éléments nécessaires avec les partenaires, les bailleurs. Lors du conseil présidentiel qui se tiendra au mois d’octobre, nous pourrons clairement dire aux Sénégalais. Voici les moyens que nous mettons en place. Déjà, il faut s’entendre sur ce que nous allons faire de ces 2000 milliards. Mais, il faudra au préalable que le chef de l’Etat valide le travail que nous avons fait.
Quels objectifs visez-vous à terme avec le programme agricole quinquennal ?
Je vous ai dit que notre démarche doit être factuelle. Les chiffres ne sont pas très importants. Concernant le riz, nous avons besoin, d’ici 2018, de produire un million six cent mille tonnes pour nourrir 14,6 millions de Sénégalais. Nous avons le devoir d’atteindre ses objectifs et aucun gouvernement ne dit qu’il ne va pas atteindre ses objectifs. Déjà, il s’agira pour nous de faire des aménagements hydro-agricoles, de créer les conditions pour que, en zone irriguée, nous puissions consacrer 150 000 hectares de terre à la production de riz, en zone pluviale. Il faut aussi que nous puissions réhabiliter dans le sine Saloum toutes nos vallées, toutes ses zones qui sont favorables à la culture de riz, en saison de pluie. Il y a un potentiel de 250 000 hectares que l’on peut réhabiliter. On va délocaliser la Sodagri dans la zone sud pour lui permettre de jouer le même rôle d’impulsion, que la SEAD est en train de jouer au niveau de la vallée et du delta du fleuve sur la rive gauche. Il faut faire en sorte que le bassin arachidier soit un grenier céréalier. Si, avec les acteurs, on estime qu’il faut ramener certains instruments comme la Sonagraine, qui jouait un rôle important, on n’hésitera pas à le faire. N’oubliez jamais que nous sommes là depuis 5 mois. Les Sénégalais sont trop pressés et ce que j’ai compris, ce que je constate, c’est que dans ce pays, on parle beaucoup et on travaille peu. Nous avons un président de la République élu sur la base d’un programme de 5 ans pour réaliser les objectifs et les engagements qu’il a pris avec les Sénégalais. Le premier ministre l’a rappelé lors de son discours de politique générale : « Nous sommes un gouvernement d’urgence et de perspective ». L’urgence, ce sont les inondations, la campagne agricole, l’insécurité. Nous sommes en train de les prendre en charge. Mais, en même temps, les gens nous mettent la pression. Il faut que l’on soit sérieux et pragmatique. Un pays, il ne se construit, pas en 10 ans, on a laissé ce pays se déstructurer, se déconstruire. Et aujourd’hui, il faut reconstruire méthodiquement, sans précipitation. En tout cas, je ne ressens pas cette pression.
L’urgence, c’est aussi le règlement de la question du foncier. Vous serez inexorablement confronté à cet obstacle. Aujourd’hui, des milliers d’hectares sont occupés par des agro-industriels, mais aussi par ceux que l’on appelle les paysans du dimanche. Comment allez-vous dénouer le nœud du foncier dans le monde rural ?
D’abord, l’agro business va occuper une place de choix dans ce que nous allons faire, mais le secteur va être organisé. Et sur ce point, nous sommes d’accord avec les partenaires. Mais, il n’est pas question que nos agriculteurs, nos paysans soient des ouvriers sur leurs propres terres. Nous voulons faire émerger de véritables agents économiques qui profitent des retombées. Maintenant, pour développer l’agriculture, il faut des investisseurs privés qui apporteront des moyens, créeront des usines, parce que sans le volet de transformation, on ne peut booster la production. Nous allons apporter une réponse cohérente aux paysans concernant l’accès aux terres, parce que c’est ce qui permet de sécuriser les investissements et de rassurer les banques. Il ne s’agira pas seulement de faire venir des privés, mais aussi d’organiser les populations autour de leurs propres terres. C’est une démarche que nous avons déjà entamée et nous allons nous appuyer sur les collectivités locales et les organisations paysannes, afin que les ressources puissent être mises à la disposition des populations elles-mêmes.
Et quid de ces hommes politiques et autres hommes d’affaires qui occupent dans le monde rural des centaines, voire des milieux d’hectares de terre ?
Notre responsabilité, c’est de promouvoir le développement de l’agriculture. Chaque fois qu’on aura identifié des gens, des privés qui peuvent vraiment nous aider à booster l’agriculture, nous allons les accompagner. Comme vous l’avez dit, la question du foncier sera au cœur de nos préoccupations. Et nous allons y apporter des solutions parce que le chef de l’Etat ne cesse de nous rappeler que la question du foncier est d’ordre prioritaire. Il faut y apporter une réponse suffisante et définitive. Rassurez-vous, nous n’avons pas l’ambition de privatiser la terre.
Vous semblez manifester de l’hostilité pour un homme d’affaires qui, de par le passé, était un partenaire privilégié du ministère de l’agriculture. Je veux parler de Cheikh Amar, le patron de TSE !
Hostilité, d’abord. Un homme d’état ne peut être hostile. Je suis un homme d’état ou, en tout cas, je tends à l’être. Je ne peux en aucun cas développer des ressentiments personnels vis-à-vis de qui que ce soit. Ce serait irresponsable de ma part. Et le chef de l’Etat ne me laisserait pas faire. Monsieur Cheikh Amar, puisque vous en parlez, est un opérateur économique. Et il a le droit de faire des affaires avec l’Etat, chaque fois qu’il sera dans les conditions pour faire des affaires avec l’Etat. Aucune porte ne lui sera fermée.
Ce n’est pas une vue de l’esprit, ni un montage médiatique. Qu’est-ce qui vous oppose à Cheikh Amar ?
Il n’y a pas de problème entre Cheikh Amar et Benoit Sambou.
Certains vont jusqu’à soupçonner le nouveau régime de vouloir casser un homme d’affaires, dont les accointances avec les libéraux étaient connues de tous ?
D’abord, Cheikh Amar a mon numéro de téléphone et j’ai le sien. Chaque fois qu’il a eu besoin de moi, il m’a appelé et vice versa. Pourquoi les gens veulent créer un faux problème. Ce n’est pas Benoit Sambou qui paie, c’est le ministère des finances. Quand nous avons pris les rênes de ce département, nous avons demandé que tous les contractants à qui le ministère de l’agriculture doit de l’argent, soient payés sans exception. Il n’y a aucun problème avec Cheikh Amar. Et je n’accepte pas qu’on continue avec cette polémique. Il faut que les gens arrêtent
Cette question évacuée, nous allons ouvrir le volet politique par la conquête de la région sud.
Que vaut l’APR à Ziguinchor ?
L’APR est le parti majoritaire à Ziguinchor. Au premier tour, nous sommes arrivés deuxième.
Derrière le PDS et Abdoulaye Baldé ...
Il ne faut pas personnaliser les choses. Abdoulaye Baldé est un ami, un frère et on n’a pas de problème personnel. Après notre victoire aux législatives. J’ai lancé un appel à tous les acteurs politiques de la région de Ziguinchor, afin que l’on se donne la main pour travailler dans l’intérêt des ziguinchorois. En 3 ans, nous avons pu refaire notre retard sur tous les partis. A Ziguinchor, le PDS a mis énormément de moyens. Toutes les communautés rurales sont entre les mains du PDS qui y comptent plusieurs ministres et députés. Nous sommes arrivés deuxième au premier et au deuxième tour. On les a battus. Nous avons réédité le coup aux législatives.
Cela ne renseigne pas sur votre poids politique réel à Ziguinchor. C’est une coalition qui a gagné Ziguinchor au deuxième tour de la présidentielle du 25 mars, tout comme aux législatives ...
Notre ambition c’est de gagner les locales de 2014. La Casamance est quand même la zone où le PDS est encore majoritaire. Notre ambition, c’est de donner au président de la République et à l’APR les collectivités de la Casamance. C’est un combat que nous allons mener avec les jeunes et les femmes qui nous ont fait confiance.
Les libéraux ont retardé l’échéance de la suppression du sénat. Est-ce que vous tenez là, aujourd’hui, une belle occasion de les mettre en mal avec la population?
C’est à la population de prendre ses responsabilités, comme elle a fait le 25 mars et le 1er juillet. Je crois que le PDS et l’opposition globalement ne peuvent pas être en contradiction avec les aspirations du peuple. Je crois que ce serait téméraire de vouloir maintenir le Sénat coûte que coûte. La dissolution de cette institution générera des ressources qui serviront, notamment à la prise en charge des questions d’assainissement.
Peut-être que c’est la posture unilatérale du chef de l’Etat qui a plombé le processus. L’opposition dit n’avoir pas été consulté. Qu’en pensez-vous ?
C’est votre terme. Ce n’était pas une décision ; c’était une proposition de loi. Il faut faire attention aux termes. Le président de la République est resté en phase avec les Sénégalais
Macky Sall, en phase avec les populations, dites-vous ? Vous étiez sur le point de tenir les élections sénatoriales, le 16 septembre !
Dans le programme de Yonu Yokouté, le président avait clairement indiqué qu’il allait garder le sénat. Le président de la République a toujours pris ses responsabilités. Il avait toujours dit qu’il ne dissoudrait pas le Sénat. Alors, le contexte lié aux drames des inondations fait que des voix s’élèvent pour demander la suppression du Sénat.
Ces voies se sont toujours insurgées contre la volonté de l’ancien régime de ressusciter le Sénat ?
Cela ne fait que nous réconforter dans l’idée que Macky Sall est proche de son peuple. Il faut toujours éviter d’être en contradiction avec les populations.
Vous êtes préoccupé par le désenclavement de la Casamance, au moment où l’on parle de la construction d’un pont entre le Sénégal et la Gambie. Des nuages assombrissent le ciel sénégalo- gambien. La tension n’a jamais atteint ce paroxysme du temps où Abdoulaye Wade tenait les rênes de la barque. N’est-ce pas ?
Comment ça ? Il ne faut jamais dire des choses comme cela. Les relations entre le Sénégal et la Gambie ne se sont jamais détériorées. Il y a des moments de tensions, mais aussi des moments de communion fraternelle. Que ce soit sous Senghor, Diouf ou Wade. Il y a toujours eu des moments de tension. Le Sénégal a toujours pris ses responsabilités et c’est ce que le président de la République a fait. Maintenant, le chef de l’Etat Macky Sall a annoncé dans son programme que la question de la Casamance est une de ses priorités. Dès son accession au pouvoir, il a réservé sa première visite à la Gambie. C’était une façon de polir les relations entre les deux pays, mais aussi d’associer Yaya Jammeh au règlement du conflit casamançais.
Selon le Coordonnateur du PDS, Omar Sarr, on n’en serait pas là si Abdoulaye Wade était encore aux commandes du navire Sénégal !
Ce que dit Oumar Sarr ne m’intéresse pas. Le président de la République a annoncé la construction de la route de contournement qui permettrait d’assurer la continuité du territoire et de créer les conditions du désenclavement de la zone sud. Il a donné des instructions fermes et très claires au ministre des transports qui est en train de travailler sur la question. Et les relevés topographiques ont déjà été faits. La route de contournement va passer par Koumpentoum, Gouloumbou et rejoindre la RN4, parce que c’est une question de souveraineté. Un état ne peut pas s’aliéner de telle sorte que pour relier une partie de son territoire, il faut forcément passer par un pays étranger. Le président a donné des instructions nécessaires pour qu’avec la Gambie, nous puissions travailler à la construction du pont sur le fleuve Gambie. Maintenant, est-ce parce qu’il y a des discussions autour de ce pont, que le chef de l’Etat devrait se taire et fermer les yeux sur l’exécution de Sénégalais en violation du droit international. Je ne le pense pas.
Mais le Premier ministre Abdou Mbaye prend le contre-pied du président Macky Sall, en déclarant que l’exécution des lois d’un pays relève de la souveraineté du pays concerné ...
Ce qu’il faut comprendre, c’est que le droit international s’applique à tous les pays. Si des Sénégalais sont arrêtés dans un pays tiers, les autorités ont le devoir d’informer le pays d’origine. D’ailleurs, le président de la République a donné des instructions pour que dans tous nos consulats, dans toutes nos représentations diplomatiques, que nous puissions prendre des dispositions nécessaires, afin d’informer ces pays-là et de leur rappeler que le Sénégal tient à être informé de la situation de ses citoyens. Le gouvernement apportera son secours à tous les citoyens Sénégalais en difficulté. Ce, quel que soit le pays.
Le Pays au Quotidien