C'est une page de l'histoire de Boston qui se tourne. Lundi, James "Whitey" Bulger, 83 ans, a été reconnu coupable de 11 meurtres, d'extorsion, de blanchiment d'argent, de trafic de drogue ou encore de possession d'armes à feu. Il devrait passer le reste de ses jours en prison, la peine sera prononcée le 13 novembre.
Né en 1929, James "Whitey" Bulger est une vraie figure locale à Boston et dans les environs. Sa "carrière" commence très tôt, vers 14 ans, et il devient un des parrains les plus connus de la mafia de Boston, figurant pendant des années sur la liste des fugitifs les plus recherchés du FBI. Il échappe au FBI en 1994 et reste introuvable jusqu'en juin 2011, date à laquelle il est arrêté en Californie avec sa compagne Catherine Greig.
La procureure Carmen Ortiz a précisé que l'ancien patron du gang de Winter Hill "a conduit un vaste réseau criminel qui est parti du sud de Boston et a contrôlé une grande partie de la ville et de ses environs durant les années 1970 et 1980". C'est d'ailleurs cette activité qui a inspiré le personnage incarné par Jack Nicholson dans Les Infiltrés de Martin Scorsese.
Procès à rebondissements
Reporté à plusieurs reprises, le procès de l'ancien parrain de la pègre s'est ouvert le 4 juin dernier. Pas moins de 63 témoins se sont succédés à la barre, notamment pour préciser la teneur des actes de Bulger. Les jurés ont notamment dû écouter Stephen Flemmi, un ancien complice, expliquer que l'ancien parrain arrachait les dents de ses victimes pour s'assurer que les cadavres ne puissent pas être identifiés.
Au cours de son procès, Bulger a refusé de témoigner. Selon lui, la juge Denise Casper l'empêchait de donner la véritable version des faits.
Le procès a aussi été marqué par la mort d'un témoin, Stephen Rakes, dont le corps sans vie a été retrouvé à la mi-juillet. Il devait initialement raconter comment James Bulger l'avait racketté dans les années 1980, mais l'accusation avait finalement renoncé à le faire témoigner.
Bulger et le FBI
Si les fédéraux l'ont traqué pendant 16 ans, l'ex-parrain a entretenu des relations plus intimes avec eux durant ses années d'activité. Selon l'accusation, il aurait collaboré avec le FBI entre 1975 et 1990 pour protéger ses affaire et faire tomber des gangs rivaux. C'est d'ailleurs cette collaboration qui a, tant dans Les Infiltrés que dans la réalité, marqué les esprits.
Au cours du procès l'accusé a assuré avoir obtenu une garantie d'immunité des fédéraux, mais a fermement nié au cours de son procès avoir jamais été un informateur du FBI. Une ligne de défense qualifiée tout au long du procès de fantaisiste par l'accusation.