Bruit de bottes chez les voisins : Des soldats maliens font le siège de la radio nationale

Des militaires ont investi, hier, le siège de la radio nationale malienne. Ils se disent excédés par le manque de moyens pour combattre la rébellion touarègue et les groupes armés dans le nord du Mali.



Des dizaines de militaires maliens se disant excédés par le manque de moyens pour combattre la rébellion touareg et les groupes armés dans le nord de leur pays, ont manifesté mercredi en tirant en l'air à Bamako où ils ont investi le siège de la radio-télévision publique. ‘Nous en avons marre de la situation dans le nord’ du pays, en proie à une rébellion Touareg et aux activités de groupes islamistes radicaux, a affirmé l'un de ces militaires qui étaient plusieurs dizaines dans les rues, tirant des coups de feu en l'air et semant la panique parmi la population. Les militaires qui ont investi l'Office de la radio-télévision du Mali sont des jeunes, agissant à visage découvert. Quelques heures plus tôt, des soldats avaient manifesté en tirant en l'air dans un camp militaire de Kati, ville-garnison à quinze kilomètres de Bamako, afin de réclamer un armement adapté pour combattre dans le nord.
Début février, des femmes et proches de soldats avaient manifesté dans plusieurs villes maliennes, dont Bamako, pour dénoncer le silence sur la situation de ces soldats et la ‘mollesse du pouvoir’ face aux rebelles touareg. Certaines de ces manifestations avaient tourné à la violence et des propriétés appartenant à des Touareg saccagées.
Des hommes qui ont combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi
Le Mali est confronté, depuis le 17 janvier, à des attaques du Mnla (rebelles touareg du Mouvement national pour la libération de l'Azawad) et d'autres rebelles, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi, qui ont pris plusieurs villes du nord du pays. Un mouvement islamiste armé touareg, Ançar Dine (Défenseur de l'islam) qui veut imposer la charia au Mali par la lutte armée, a affirmé contrôler trois villes dans le nord-est du pays, près de la frontière algérienne : Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok.
Dans une vidéo diffusée le 13 mars, Ançar Dine avait montré des images de soldats maliens morts à Aguelhok, ainsi qu'une trentaine d'autres faits prisonniers. Le gouvernement malien a en outre accusé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a des bases dans le nord du Mali d'où elle opère dans plusieurs pays du Sahel, de combattre avec le Mnla. Aqmi retient en otages treize Occidentaux, dont six Français.
Le premier tour de l'élection présidentielle, à laquelle le président Touré qui a épuisé ses deux mandats de cinq ans ne se représente pas, est en théorie prévu le 29 avril au Mali, couplé à un referendum constitutionnel. Mais des observateurs s'interrogent sur la tenue d'un tel scrutin alors que la moitié du territoire du pays est en proie à un conflit armé.

Bamba Toure

Jeudi 22 Mars 2012 03:33

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