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CHRONIQUE: L’augmentation des frais d’inscription universitaire : Une nouvelle voie par EL Hadji Malick Ndiaye


CHRONIQUE: L’augmentation des frais d’inscription universitaire : Une nouvelle voie par EL Hadji Malick Ndiaye
As Malick Ndiaye est né en Casamance. Il est professeur d’université aux États-Unis et spécialiste des questions identitaires. Son travail est axé sur l’expression des identités et cultures minoritaires dans l’espace francophone. Il est aussi écrivain et critique. Il collabore désormais avec lifixew.com comme chroniqueur.
La rentrée risque d’être agitée au Sénégal. Il serait étonnant que les étudiants puissent accepter l’idée de l’augmentation des frais d’inscription à l’université. Les manifestations de cet été sont un avant-goût de ce qui attend le gouvernement à la rentrée. Si on se penche sur les montants avancés, on peut y trouver une forme d’indécence dans un pays aussi pauvre que le Sénégal: 25000 francs pour la 1ère année, 30.000 francs pour la 2e année, 35.000 francs en licence, 50.000 francs pour le Master 1, 60.000 francs pour le Master 2 et 75.000 francs pour le Doctorat.
Où les enfants de paysans vont-ils trouver les moyens ? N’est-ce pas une privatisation déguisée de l’université ? N’est-ce pas un moyen de combler le déficit de l’enseignement supérieur sur le dos des étudiants ? À la lecture de ces questions, on peut être tenté de donner raison aux étudiants qui protestent. Et pourtant, ils ont tort. Il s’agit ici de relier cette problématique à ce que nous voulons pour notre école et notre jeunesse.
Si nous espérons rompre avec la logique d’assistanat et qu’un jour les élites cessent enfin de se gaver des deniers publics, de telles réformes devraient être encouragées. J’aimerais croire qu’il n’y a pas meilleure opportunité pour un fils ou une fille de paysan de retrouver sa dignité et la valeur du travail bien fait que de retourner dans son village natal pendant l’hivernage, de cultiver son propre lopin de terre pour assurer ses besoins à l’université.
Il suffit de travailler quelque deux mois dans les champs pour s’assurer des revenus suffisants à payer une inscription, acheter des livres et des tickets repas subventionnés. D’autant que certains peuvent prétendre à des bourses d’études, des solutions existent pour rompre avec l’image misérabiliste qu’on veut donner à la paysannerie dans notre pays. Depuis que, personnellement, je me suis engagé dans l’agriculture, j’ai compris qu’il n’y avait pas plus béni qu’un « paysan ». Surtout lorsqu’il est instruit.
Partout dans le monde, des étudiants travaillent pour payer leurs études, leurs logements, leurs loisirs, etc. Pourquoi le Sénégal échapperait-il à cette logique alors que c’est le pays où cela se justifie le plus ? Pourquoi un étudiant sénégalais serait-il dispensé d’un job d’étudiant alors que le même, une fois en Europe ou aux Usa n’hésiterait pas une seconde à chercher du boulot pour être indépendant ? Qu’on ne me dise pas qu’il n’y a pas de boulot. Qu’on ne parle pas de l’indigence de nos parents.
Ce sont des problèmes autrement plus sérieux et dont la résolution n’a pas grand-chose à voir avec ce sujet. Un étudiant qui se présente à l’usine pour un travail journalier a des chances d’être embauché, un étudiant qui se présente au port pour travailler comme docker peut y trouver sa place. Les pistes ne manquent pas dans le secteur informel (commerce, gardiennage, artisanat) pour s’assurer trois mois de revenus et affronter sereinement l’année académique.
Et même pendant l’année académique, cela n’aurait aucun impact négatif sur la scolarité d’une personne organisée. Imaginez un peu chers étudiants, le temps que vous passez dans les couloirs de vos résidences universitaires à discuter de football, de politique, de filles, de garçons, le temps que vous passez dans des activités qui n’ont rien à voir avec vos études.
C’est ce temps là qui est perdu et non pas le temps passé à travailler et à apprendre ce qu’est la vraie vie. Demandez-vous comment vous utilisez votre temps libre durant vos grandes vacances. Faites-le honnêtement, sans mauvaise foi, ni parti pris. On nous a trop habitué à l’idée qu’un étudiant, ça ne fait qu’étudier. Le résultat, c’est qu’on arrive en bout de course avec une expérience quasi-nulle dans notre domaine d’expertise et une incapacité totale à appréhender le monde professionnel et à prendre des initiatives. C’est injuste pour la société et c’est peu gratifiant pour vous.
L’étudiant sénégalais se complait dans une logique consumériste et paresseuse : l’argent, l’argent, l’argent. Lorsqu’on voit un étudiant sécher ses cours pour aller faire la queue et percevoir sa bourse, on se dit que quelque chose ne va pas dans sa tête. Lorsqu’on voit un étudiant dépenser des milliers de francs pour un Smartphone, une tablette numérique, des vêtements de marque, on se demande quelle élite nous sommes en train de former. Il ne faut pas se raconter des histoires.
Nous devons nous regarder devant une glace et être honnête. On ne peut pas raisonnablement critiquer chaque matin les hommes politiques et refuser ne serait-ce qu’un petit sacrifice pour notre pays. Être étudiant sénégalais doit impérativement revêtir un nouveau sens. Nous avons là une excellente occasion de le prouver. C’est le nouveau défi que la Concertation nationale sur l’enseignement supérieur a lancé à notre jeunesse. Elle est libre de le relever ou de continuer dans la logique d’assistanat et de paresse qui fera de l’étudiant à jamais un fardeau pour sa famille et son pays.
As Malick Ndiaye, In LifiXew du lundi 18 novembre 2013 

Bamba Toure

Jeudi 21 Novembre 2013 - 03:23



Avis des Setalnautes

1.Posté par belodine le 22/11/2013 10:02 | Alerter
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ah bon donc c'est le prix que vous avez payé lorsque vous étiez étudiant .Désolé Mr Ndiaye sachez que c'est avec ces maigres miettes de bourses que la majorité des étudiant prennent en charge leurs familles qui vivent dans l’extrême pauvreté à cela s'ajoute la documentation,la restauration,les loyers.Ne nous parlez pas d’honnêteté,voila un mot qui ne figure pas dans le dictionnaire des politiciens.combien gagne nos députés? alors que la majorité d'entre eux ne participent jamais aux sessions parlementaires.Qui payent les impôts ? N'est-ce pas les populations? Ce n'est pas sur le dos des étudiants que l’État va remplir sa caisse,l’État doit revoir les salaires des ministres,des députés,des fonds politiques.Combien de francs cfa le président Macky SALL a distribué à ses partisans lors de son séjour aux États-Unis? N'est-ce pas plus de 200 millions alors que la situation est alarmante au Sénégal.Le pouvoir pour eux c'est un partage de gâteaux.Vous croyez que le souhait des étudiants c'est de demeurer éternellement au campus,non.Nous réclamons le minimum, faire le bac+2 ou bac+3 et affronter le monde du travail.Même si l’État ne peut pas donner à tout le monde du travail mais quand bien même il peut ouvrir les marchés de l'emploi en collaborant avec le secteur privé.La vacation,voila une porte de sortie pour les jeunes mais l’État l'a supprimé pour nous proposé quoi? Rien.Les autorités disent qu'il y a un surplus d'enseignants,mais la réalité est tout autre chose.Devinez-vous il y a manque de professeurs au cem liberté 6,à matam,à ourossogui et j'en passe.Désolé Mr Ndiaye vous êtes dans votre bureau climatisé, et nous sous le soleil ardent,la réalité vous échappe et il faut le reconnaitre.Je suis un fils de la Casamance comme vous et je sais de quoi je parle.

2.Posté par Mr le 27/11/2013 15:03 | Alerter
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ce m. Ndiaye est un fou. tait toi

3.Posté par jojo le 28/11/2013 12:22 | Alerter
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TRES BIEN DIT BELODINE. JE PENSE QUE CE MONSIEUR N EST PAS AU COURANT DU CALVAIRE QUE VIVENT LES ETUDIANTS CHAQUE JOUR QUE DIEU FAIT A CAUSE DES DIRIGEANTS INCAPABLES ET IRRESPONSABLES QUI NE PENSENT QU ' A S'ENRICHIR. MR JE TE DEMANDE DE VENIR AU SENEGAL ET DE FAIRE UN TOUR AU NIVEAU DU CAMPUS SOCIAL ET PEDAGOGIQUE LA BAS TU VERRAS PAR TOI MEME LES DIFFICILES CONDITIONS DE VIE ET D'ETUDES AUXQUELLES LES ETUDIANTS SONT CONFRONTES. IL NE FAUT PAS CRITIQUER POUR CRITIQUER TU DIS QUE TU ES ECRIVAIN C'EST CE QUI DOIT TE POUSSER A ETRE OBJECTIF DANS TES ECRITS.

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