CREATION DE VALEURS, CROISSANCE ET DEVELOPPEMENT

« L’Afrique noire est mal partie », « Et si l’Afrique refusait le développement ? » dixit René Dumont et Axelle Kabou. Voilà des questionnements qui sont toujours actuels. Les pays africains sont en marge du processus économique dans un monde globalisé où la mondialisation de l’économie est presque parachevée. D’aucuns comparent les économies africaines à celles d’autres pays comme la Corée du sud, qui, il ya une cinquantaine d’année étaient au même niveau de développement. Aujourd’hui, le constat est amer. La Corée du Sud joue dans la cour des grands, pendant que l’Afrique n’est toujours pas sevrée, parce qu’étant jusqu’à présent sous perfusion, avec l’aide au développement qu’elle reçoit dans le cadre bilatéral ou multilatéral. Pourtant la roue de l’Histoire ne se réinvente pas. Les élites africaines sont responsables de cet état de fait, les élites politiques beaucoup plus encore.


La voie du développement passe par la création de valeurs, c'est-à-dire par la création de richesses. Paradoxalement, le continent regorge de valeurs de toutes sortes. Un autre paradoxe, le Japon n’a pas de ressources naturelles, mais ce pays est classé troisième des pays développés derrière les Etats-Unis et la Chine. Il ya donc véritablement un problème. Les élites africaines doivent faire leur introspection ; il n’est jamais tard pour cela. L’Afrique a tous les atouts pour se développer. La main-d’œuvre ne manque pas, avec une population composée à plus de 50% de jeunes, qui malheureusement sont désœuvrés et vivent dans l’oisiveté. Les matières premières du sol et du sous sol sont en abondance. Concernant l’agriculture, le continent est traversé de cours d’eau comme une toile d’araignée. C’est dire que l’Afrique peut s’auto suffire sur le plan alimentaire sans compter exclusivement sur la pluviométrie et ses aléas. Elle peut même à moyen et long terme exporter des céréales et renverser ainsi la tendance qui fait des africains les spécialistes de l’importation. Hors, vivre de l’importation, c’est faire travailler les producteurs d’autres pays et épuiser ses réserves en devises. Alors que faire ? comme disait l’autre. Le développement doit être adossé sur une volonté politique, avec un leadership affirmé et doublé d’une vision prospective. Il faudra d’abord compter sur les ressources humaines, avec comme condition sine qua none une adéquation formation-emploi. Le Japon s’est développé grâce à ses ressources humaines. Créer de la richesse, c’est créer de la valeur ajoutée et l’Afrique en a la possibilité. Il suffit de mettre en place des industries de transformation, qui a leur tour offriront des emplois, donc des consommateurs potentiels. Cependant, la mise en place d’une bonne politique économique ne peut se faire sans y associer les acteurs du secteur privé. Ce sont eux les véritables créateurs de valeurs. Le rôle de l’Etat doit se limiter à la mise en place d’un cadre institutionnel attractif, et d’un environnement des affaires propice et viable. Concernant l’agriculture, l’Etat peut accompagner les opérateurs, en mettant à disposition des terres et en encourageant les banques à jouer le jeu dans le sens de leurs intérêts bien compris.

L’Etat étant aussi fournisseur d’infrastructures, il peut et doit construire des pistes de production, pour permettre aux opérateurs de ne pas perdre du temps pour l’écoulement de leurs productions. Pour la réussite d’une telle œuvre et pour qu’elle soit pérenne, il faudra de larges concertations regroupant outre l’Etat, le secteur privé, les associations de jeunesses, les bailleurs de fonds et ceux qui sont chargés de la formation.

C’est ainsi qu’on peut espérer une croissance solide et durable. Au demeurant, la croissance n’engendre pas le développement, s’il n’ya pas une allocation optimale et efficiente des fruits de cette croissance en question. La répartition équitable du revenu national doit bénéficier à la formation, à la santé, à l’habitat etc.

Seulement, pour créer de la valeur, source de croissance et de développement, il faut qu’il y ait une bonne gouvernance, c'est-à-dire une transparence et une gestion vertueuse des ressources publiques. Un développement véritable ne peut se faire que dans le cadre d’une démocratie réelle, avec une presse libre et une société civile très forte et vigilante.

Serigne Ousmane BEYE
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Serigne Ousmane BEYE

Jeudi 4 Octobre 2012 03:54

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