Après la fixation historique du prix du kilogramme d’arachide à 190 F CFA, l’Etat compte mettre les conditions en vue d’un bon déroulement de la campagne de commercialisation de l’arachide. En effet, le ministre de l’Agriculture a annoncé hier, lors de son face-à-face avec les journalistes, la mise en œuvre d’une opération dénommée ‘’Tek Teggi’’. Une démarche dont l’objectif est de lutter contre la délivrance de bons impayés aux paysans. « Tout cultivateur qui livre ses graines devra immédiatement recevoir en retour son argent. Le délai de paiement ne dépassera pas 48 heures », a affirmé Abdoulaye Baldé, le ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural. Poursuivant dans cette lancée, il a fait savoir que tout acheteur qui outrepasse cette décision s’expose à des poursuites judicaires. Evoquant la fixation du prix du kilogramme de l’arachide, le ministre a soutenu que c’est après concertation avec les différents acteurs de la filière qu’a été retenu ce prix. Un montant historique, dans la mesure où, dit-il, le monde rural était confronté à des difficultés d’insécurité alimentaire à cause de la mauvaise pluviométrie de l’année dernière. De même, ce montant du kilogramme de l’arachide traduit, selon Abdoulaye Baldé, la volonté de l’Etat d’assurer une juste récompense au travail des producteurs. « Il s’agit également de relancer nos huileries qui contribuent à la création de richesses, d’emplois et à la structuration de la filière », a laissé entendre la tutelle. La question des semences est largement revenue au cours des débats. Ce, à travers l’invite du ministre de l’Agriculture et de l’Equipement rural aux producteurs à garder une partie de leurs stocks pour les semences, en vue de la campagne agricole. Même si l’Etat ne va pas, promet le ministre, se désengager, avec un stock de sécurité de 50 000 tonnes.
Stock de sécurité pour les semences
Seulement, pour Ibrahima Niasse, le représentant des producteurs, des mesures d’accompagnement doivent être prises pour une bonne conservation des semences. De même, Ibrahima Niasse, par ailleurs président du Cadre de Concertation des Producteurs d’Arachide, pense qu’un vaste programme pour la production des semences doit être initié. « C’est un long processus avec une bonne maîtrise de l’eau. Et si cela se réalise, le problème des semences sera, d’ici peu, un vieux souvenir », a soutenu le représentant des producteurs. Avant de rappeler au chef de l’Etat l’engagement qu’il avait pris, consistant à investir 2 000 milliards dans le secteur de l’Agriculture. Et pour M. Niasse, il faut, pour ce faire, affecter 10% du budget à l’agriculture.
Auparavant, le ministre s’est réjoui du record de production de cette année, qui s’élève à 1 673 730 tonnes contre 1 099 279 pour l’année dernière, pour toutes céréales confondues. Une augmentation de 52% par rapport à la moyenne de la saison précédente et de 16% à celle des cinq dernières années. Pour ce qui est de l’arachide, les estimations prévoient une hausse de 28%, soit entre 700 000 et 800 000 tonnes. Ce, en dépit, à en croire le ministre, d’une baisse de 18% des superficies emblavées. Du côté des industriels, des mesures fortes ont été prises pour être dans les bonnes dispositions d’acheter cette production. Prenant la parole, Thiendiaté Bouyo Ndao, le directeur général de la Suneor, a informé qu’une somme de 40 milliards de F CFA est disponible. Un financement possible grâce, souligne-t-il, au rétablissement de la confiance des banques après les difficultés rencontrées par le passé. «On peut acheter jusqu’à 400 000 tonnes, soit 50%, sachant que le reste correspond à l’autoconsommation. C’est historique car jamais on n’a pu capter 100% de la production », a martelé M. Ndao.
FATOU GAYE SECK
Le Pays au Quotidien