Carabane, onze ans après !

Le chef de l’Etat, Macky Sall vient de poser un acte majeur dans le long processus de désenclavement de la Casamance. Le samedi dernier 6 juillet son Premier ministre, Abdoul Mbaye a inauguré le joyeux port d’escale de l’île de Carabane. Un grand ouf de soulagement pour ces populations de la localité, des îles Karone, bref du département d’Oussouye, de Gnikine à Cabrousse, et de Niambalang à Elinkine, mais aussi d’une partie de celui de Bignona.


 Onze ans, jour pour jour, les populations de cette partie de la région de Ziguinchor étaient mises en off, dans l’écoulement de leurs produits (agricoles, halieutiques, de cueillette etc) pour Dakar ou Ziguinchor. Et pour cause, l’escale fatale qui avait précédé le naufrage dans la nuit du 26 septembre 2002 du bateau le joola aux larges des côtes gambiennes.

D’abord, compte tenu du potentiel économique de la région naturelle de Casamance dans son ensemble, la plus petite infrastructure de communication terrestre, maritime ou aérienne aura un impact sans précédent dans cette partie du Sénégal.  Beaucoup d’efforts ont été faits certes dans ce sens notamment avec le butinage de la route Ziguinchor- Cap-Skirring, Oussouye-Mlomp-Elinkine. La RN6, Ziguinchor-Kolda-Kounkané- Vélingara a bénéficié du programme Millénium challenge corporation (Mcc).  A celles là il faut ajouter la réhabilitation de la route Bignona-Diouloulou et Diouloulou-Sility à la frontière gambienne  Aussi il faut relever celle de la Boucle du Blouf de Tendième à Thionck-Essyl, en passant par Diégoune, Karthiack et Mlomp. Une route qui, il faut le souligner, est en train de se dégrader peu à peu à telle enseigne que les villageois se posent souvent la question de savoir, quelle Entreprise est-elle passée par là ? Sauf qu’il  est aujourd’hui très difficile de comprendre comment une zone touristique et économique comme Abéné et Kafountine  puisse être tributaire du très mauvais état de la route.

Ensuite, pour cette île de Carabane la réhabilitation de ses infrastructure est aussi historique, si l’on sait que le capitaine Protêt avait été tué lors de  la bataille de Hilol, le 6 mars 1860 avant d’être enterré dans cette île (Celui qu’on avait donné ce nom l’actuelle place de l’Indépendance de Dakar).

 Il faut dire ensuite, comme le président Macky Sall l’a si bien compris, l’heure n’est plus à la parole. Mais aux actes concrets. Car,  compte tenu de la complexité de la situation qui sévit dans cette région, la pauvreté augmente de plus en plus. Les facteurs qui l’expliquent sont multiples. Dans les zones urbaines ou semi-urbaines comme dans les communes de Ziguinchor, Bignona ou Oussouye, ce sont des villes qui ont été laissées à elles- mêmes. Pas d’unité de production, pas d’usines proprement dites, (faute d’investissements) pour permettre aux jeunes de travailler. Pour la première ville citée,  avoir une journée à l’usine de la Suneor relève de la croix et de la bannière. Bignona et Oussouye, n’en parlons pas.

D’une part, les activités qui enrôlent plus du monde, c’est bien sûr la cueillette des produits tels que les mangues, les oranges, les pommes et noix de cajou, les produits maraîchers et fruits sauvages comme les « mads » très prisés.  Des activités qui s’étendent dans toutes la Casamance, en Basse, Moyenne, et Haute Casamance, symbolisée respectivement par les régions de Ziguinchor, Sédhiou et Kolda. De l’autre, il faut relever que dans toutes ces circonscriptions, ces produits précités sont soit écoulés dans les marchés hebdomadaires dans des conditions difficiles fautes de pistes de production, soit laissés à des petites commerçants qui dictent leur lois aux producteurs, ou simplement les laisser pourrir dans les vergers et champs à la merci des vaches et autres ruminants.

En outre, toutes ces considérations, du moins  cette importance que requiert l’écoulement des produits tels que les mangues, les mandrines et autres agrumes en provenance de Diouloulou, dans le Balantacounda (zone de production Banane par excellence) et environs sont soit sous le coût de cette problématique, soit sous celui du manque criard d’unité de transformation sur place. Si des efforts sont en train d’être réalisés sur le plan des infrastructures, reste à s’appesantir sur la mise sur pieds d’unité de transformation de ces produits qui sans nul doute demeurent des pourvoyeurs d’emplois pour les femmes, les jeunes bref toutes les couches de la société.

En somme, avec l’inauguration de ce port d’escale de Carabane, les populations vous seront reconnaissantes. Tellement qu’à chaque fois que le navire Aline Sitoé Diatta passe aux larges, qu’elles le contemplent, gardant encore les bons souvenirs du Joola à l’époque. Mais, c’est désormais un vieux souvenir ! La tâche du désenclavement de la Casamance, mais surtout du combat contre la pauvreté passera par la création de pistes de production dans le Kalounayes, Fogny et Fogny Combo, dans le Sindian, le Blouf, le Niamone, le Balantacounda, Pakao, le Fouladou, sans compter dans le Kassa et environs.

L’heure est urgente, tellement urgente car depuis plusieurs décennies, les productions agricoles pourrissent sur place. Sur cette catastrophe, les mangues y payent un sacré –coût alors  qu’actuellement nous buvons le jus Presséa, et autres multiples boissons gazeuses, alors qu’on pourrait, ici en faire aussi pour promouvoir les produits locaux.
 

Pape Diattao Badji

Lundi 15 Juillet 2013 14:45

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