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Ce que l’économie sud-africaine doit à Nelson Mandela


Ce que l’économie sud-africaine doit à Nelson Mandela

INTERVIEW Pour Thierry Vircoulon, chercheur associé à l’Ifri, l’Afrique du Sud ne serait jamais devenu un pays émergent s’il n’avait pas pris la tête du pays en 1994.

Qu’est-ce que Nelson Mandela, décédé le 5 décembre à Johannesburg, a apporté à l’économie sud-africaine ?

Quand il a été élu président en 1994, il a contribué à ce que l’ANC (Congrès national africain) change sa politique économique. Elle a abandonné le communisme. Cela a permis au pays de ne pas nationaliser toute l’économie du pays.

 

Cela a-t-il ensuite permis à L’Afrique du Sud de décoller économiquement ?

Il est sûr que si tout avait été nationalisé, si on était revenu à une politique économique des années 50, l’Afrique du sud ne serait pas devenue un pays émergent. 

Pourtant, Nelson Mandela n’était pas forcément un grand partisan de l’économie libérale ?

L’économie n’était pas son truc. Il a fait partie des leaders de l’ANC les plus communistes dans les années 40 et 50 et a défendu la théorie marxiste-léniniste. C’est un communiste repenti. Quand il est arrivé au pouvoir, le mur de Berlin était tombé, il a réalisé que l’histoire avait tourné et en a tiré les conséquences. Et pour prendre le pouvoir, il a dû aussi composer avec l’élite blanche des affaires, libérale. Mais, lors de ses premières années à la tête du pays et jusqu’en 1997, il a eu une politique très sociale, avec un Etat providence fort et des grands projets d’Etat.

Il a été très pragmatique d’un point de vue économique…

Oui, il s’est adapté à l’air du temps. Il a confié la politique économique à son vice-président Thabo Mbeki. Nelson Mandela n’avait pas vraiment de vision économique.

Il avait suffisamment d’autres visions…

Exactement. Il a été le fondateur de l’Afrique du Sud démocratique, il a évité la guerre civile dans son pays, réussi la paix. Il aura été un vrai chef d’Etat dans un monde où il y en a peu, le dernier héros du XXe siècle.

La situation de l’Afrique du Sud aujourd’hui ne se fragilise-t-elle pas ?

Non, le pays n’est pas fragile. Mais parmi les Brics (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud), c’est le plus petit. L’Afrique du Sud est un géant en Afrique, un nain dans le monde. Sa croissance (2 % attendu en 2013 selon le FMI, ndlr) est poussive depuis longtemps, elle ne parvient pas à créer suffisamment d’emplois et se fait concurrencer par d’autres pays émergents. D’ailleurs, le président Jacob Zuma a récemment lancé une controverse avec la Chine, en déclarant que ses rapports avec l’Afrique étaient trop déséquilibrés. Les problèmes de chômage, dont le taux atteint 26 %, créent un fort malaise social. Il y a de plus en plus de grèves et de mouvements sociaux. En clair, l’Afrique du Sud n’est pas le plus dynamique des pays émergents.

Par Dominique Perrin Challanges.fr



Bamba Toure

Lundi 9 Décembre 2013 - 02:53










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