Ce qui s’est passé dans le bureau du juge d’instruction

Cheikh Béthio réfute toutes les accusations…

C’est vers 10 heures que le guide des «thiantakounes», habillé d’un caftan bleu, a été présenté au procureur qui a aussitôt transmis son dossier au juge d’instruction du premier Cabinet du tribunal de Thiès. Mais ce n’est qu’à 12 heures 30 minutes que le face-à-face entre Cheikh Béthio et le juge d’instruction a véritablement commencé. La raison de ce retard ? L’avocat du déféré, Me Sèye qui était alors à Dakar. «Le juge d’instruction et le procureur ont eu l’amabilité de m’attendre», reconnaît d’ailleurs Me Sèye. Donc à 12 heures 30, top départ du face-à-face entre Cheikh Béthio et le juge d’instruction. Ironie du sort, ce sont deux personnes au même patronyme qui se sont fait face Cheikh Béthio Thioune et Alassane Thioune (des ‘doomu baay’, comme on dit pour policer les relations dans la société sénégalaise).

…Et va produire son autorisation de port d’arme

Cela n’a pas empêché les échanges d’être secs et expéditifs. Au total, la rencontre, qui a enregistré la présence de l’avocat de l’accusé, du substitut du procureur et du greffier, a duré une vingtaine de minutes. Juste donc le temps pour le juge d’instruction de notifier à Cheikh Béthio Thioune les chefs d’inculpation retenus contre lui, c'est-àdire «complicité d’homicide, recel et inhumation de cadavres sans autorisation, détention d’armes sans autorisation et association de malfaiteurs». Des accusations que Cheikh Béthio Thioune a totalement réfutées. S’agissant du chef d’inculpation de «détention d’armes sans autorisation», Cheikh Béthio l’a balayé d’un revers de main. Il a indiqué bien disposer d’une autorisation de port d’arme qu’il n’a pas eu le temps de chercher dans ses bagages, mais qu’il va produire. Cheikh Béthio a
également contesté le délit d’«association de malfaiteurs» qui lui a même fait arracher un sourire.

Demande de liberté provisoire en début de semaine

Après les argumentations de Cheikh Béthio et avant qu’on lui fasse lire le procès-verbal d’audition qu’il a signé, le juge d’instruction lui a notifié sa mise sous mandat de dépôt «pour éviter le trouble à l’ordre public». «J’ai rétorqué que c’est le mettre sous mandat qui trouble l’ordre public», a indiqué Me Sèye qui ne décolère pas : «c’est la première fois que je vois la responsabilité pénale d’un marabout du fait de ses talibés. Cela fait un précédent dangereux parce qu’il n’a commis aucun meurtre ni donné l’ordre de commettre un quelconque meurtre, encore moins porté aide ou assistance à ceux qui ont commis un meurtre. Tous les marabouts risquent alors d’aller en prison, de même que les chefs de parti, les responsables d’association».

Cheikh Béthio à son avocat : «Maïtre, ce n’est rien, c’est le destin»

Pour l’avocat du guide des «thiantakounes», «il y aura, comme il y en a eu souvent, des bagarres dans les sièges des partis, les associations, les ‘Dahiras’, on verra ce que va faire la justice. Ça m’amuse, j’attends alors de voir, tous ceux-là qui crient que c’est la fin de l’impunité».
Parlant de son client, Me Sèye dit qu’il a vu en lui «un homme serein, courageux qui accepte le destin divin. «Il a été digne, pieux, il m’a dit : ‘Me ce n’est rien, c’est le destin’», rapporte l’avocat qui dit que la famille de son client et lui ont «demandé aux uns et autres de se calmer et de laisser la justice suivre son cours, et c’est son (Ndlr : Cheikh Béthio) avis». Quant à une demande de liberté provisoire, les avocats du marabout, qui doivent se réunir durant le week-end, vont la déposer en début de semaine, lundi normalement. Mais elle ne sera étudiée qu’une fois que le juge aura entendu Cheikh Béthio Thioune sur le fond du dossier. Une audition qui ne répond pas à une contrainte de temps.