Cet instant de crépuscule ombrageux qui couvre notre pays, est-il du soir ou du matin ?


Je vais avouer mon dépit de devoir encore ajouter à la clameur politiquerelle ambiante qui contribue fortement au brouillage de la visibilité des sénégalais sur les véritables enjeux de notre pays, mon dépit d’avoir encore à continuer le combat lancinant contre ces « axes du mal » secrétés et fossilisés par la logique politico-partisane de conquête ou de participation au Pouvoir avec leurs groupes d’intérêts, leurs « bassins de rétention électorale » et leur leadership à la légitimité sonnante et trébuchante parce que rapinée sans limite ni réserve dans les caisses du trésor public.
 
Disposant d’une capacité de résistance et de nuisance à la mesure des énormes moyens financiers engrangés à partir des opportunités offertes par les différentes stations publiques qu’ils ont occupées pour « servir le Sénégal et non se servir » selon leur slogan, ces prédateurs des « mille collines » de la Politiquerie parviennent à se propulser au sommet de nos institutions sur le tremplin d’un modèle de dévolution du pouvoir privilégiant le plus fort enchérisseur. Et il est dommageable que les Sénégalais aient encore une fois été obligés de choisir dans la continuation d’un système d’élection, de représentation et de gouvernance publique construit pendant 21 ans par Léopold Sédar SENGHOR, consolidé pendant 19 ans par Abdou DIOUF et sur la « solidité » duquel, Me Abdoulaye WADE après un 1er mandat de 7 ans et sitôt sa réélection pour 5 autres années, nous avait prédit sur un ton péremptoire que « le PDS restera au pouvoir pendant 50 ans ».

Avec ce sentiment désagréable de n’être pas encore sorti de ce système après l’élection de mon jeune ami Macky SALL dans les mêmes conditions de forme et de fonds que son prédécesseur, j’aurais en effet souhaité aborder les véritables problématiques auxquels il doit se confronter plutôt que d’exprimer ma colère devant cet état des lieux hérité de l’ancien régime. D’autant plus que nous ne percevons encore de cet état des lieux que la crête des vagues océaniques charriant des flots de « rapines » à la mesure du taux exorbitant de 47% représentant la proportion des sénégalais qui vivent en dessous du seuil de la pauvreté.

Combien avons-nous été face au syndrome « wadien » qui a gangréné jusqu’à la moindre parcelle de vertu et d’éthique, toutes nos dimensions de représentation nationale? Combien avons-nous été contre ce monstre depuis un certain soir d’hérésie constitutionnelle collective qui l’aura conforté dans sa perception négative « de ce que chaque sénégalais avait son prix » ? Et pendant ses douze années de leurres et de lueurs jalonnées ici et là de grandes, couteuses et prestigieuses réalisations sur le fondement du pourcentage à valoir et encaissé cash, ce Monstre n’a-t-il pas eu tous les jours Raison et donc Droit de « cuisage » sur l’ensemble des sénégalais qui nuque raide et front bas, ont accepté longtemps de subir au lieu de réagir?
 
Mais il faut aussi dire cette vérité historique que tant que Wade était le pourvoyeur de situations et de « fonds politiques », l’’écrasante majorité de nos élites politiques et « civilo-vedettariales », hérauts d’armes actuels, ont accepté toute dignité refoulée, de profiter le plus longtemps possible du gigantesque « tong tong» (dépeçage) de notre nation pour ne quitter cette immonde beuverie du sang de nos populations que totalement défenestrés et mis « hors la table » par le Maitre du jeu. Il en est de même de nos grandes familles représentatives de nos dimensions communautaires et confrériques parmi les plus éminentes qui également participaient en toute connaissance de cause à la curée morbide sur les corps déchirés, déchiquetés, sanguinolents et agonisants de nos personnes, de nos familles et de notre nation.
 
Eh oui ! il n’y en a pas un à l’exclusion du Grand Dansokho et de quelques petites voix comme la mienne (je le paye cher encore aujourd’hui), qui ait un moment exprimé un quelconque désaccord public sur ce qui se passait contre le présent et l’avenir de notre pays, pas un qui soit parti de lui-même parce que dégouté par la montée en puissance de « l’Alternoce » qui englobait désormais tous les actes de nos autorités au plus haut niveau de l’Etat.  Mais ce Monstre ne pouvait pas avoir raison tout le temps en ce que le Sénégal est resté malgré les mille modifications de sa constitution, une République dans laquelle tous les mandats de pouvoir ont obligatoirement une durée et surtout un terme.
 
Ainsi pour la deuxième fois, les sénégalais ont pu le 25 Mars dernier chassé hors de sa station « prési-monarchique » Celui qui avait réussi à forcer jusqu’au dégout toutes les limites de leur extraordinaire tolérance.

Ils ont ainsi exprimé au 1er tour des élections (Mbapattes) présidentielles leur difficulté à consacrer un candidat parmi les douze à travers le message très significatif de l’essaimage des suffrages (des rancœurs) entre eux pour ensuite au 2éme tour faire leur choix dans une alternative uniquement justifiée par le « tout sauf Wade ». Ce dernier suffrage atteste par son ampleur d’une part le niveau de rejet de Me Abdoulaye WADE et d’autre part le choix résolu des sénégalais d’aller vers des alternatives de changement et de rupture quelque soit le prix à payer ou dussent-ils s’être encore une fois trompés comme en 2000. Et les sénégalais restent dans une posture de vigilance et de réaction qui tire sa source dans l’exaltation d’une certaine journée du 23 Juin et de ses morts et blessés de glorieuse mémoire. Parce qu’ils sont aussi méfiants à raison justement des exorbitances monarchiques et criminelles de l’ancien régime mais surtout de l’absence totale de visibilité sur les projets et programmes de l’Elu du 25 Mars qui semble devoir s’accommoder au nom de la parole donnée d’une arlequine de causes pèlerines et assisardes. .
 
Ainsi le nouveau régime en cours d’installation, cherche ses « assises » dans cet univers du pouvoir encore en insularité par rapport au continent des peuples du Sénégal. La jonction entre ces deux univers à travers la communication participative et interactive reste à être effective avec toutes ces voix discordantes et ces prises de positions finalement contradictionnelles au point de brouiller la perception des sénégalais sur les véritables enjeux de l’heure. L’impression dominante au sein de l’opinion publique nationale est que le seul « plan ORSEC » du nouveau régime face aux calamités qui pèsent encore sur nos populations, se résume par les limogeages des anciens au profit des nouveaux, l’arbitrage tonitruante pour la désignation de l’un ou de l’autre des alliés à la tête des postes stratégiques ou encore sur le comment faire rendre gorge à ces grands bandits de la République qui peuvent à bon droit faire valoir pour leur défense le statut « d’opposants persécutés » suivant l’exigence incontournable de neutralité de la justice prônant l’égalité de tous sans discrimination devant la loi.  
 
Il s’y ajoute cette confusion extrême sur les orientations stratégiques du nouveau régime avec ces « conclusions des assises » que l’on voudrait absolument imposer au nouvel élu qui avait pourtant mené sa campagne présidentielle au 1er tour sur la base d’un Projet résolument différencié de celui de ses adversaires, un projet dont la dénomination et surtout l’esprit n’avait rien à voir avec ce qui apparait le plus dans celui des assises. Toute prétention mise à part et n’en déplaise à mes amis comme Ibrahima SENE, je crois déceler dans ces conclusions « d’assises », une profonde remise en cause des bases institutionnelles, doctrinales et comportementales de notre République et de ses modes de représentation et de fonctionnement ainsi que la mise entre parenthèse des missions de l’Etat avec cette obligation incidente de gestion d’une période de transition « qui ne pourrait excéder 12 mois ». Ainsi nos populations malades à mourir devront attendre pour être enfin prises en compte, la construction d’un modèle de gouvernance publique basé sur un consensus partiel (une partie des acteurs nationaux) et parcellaire du point de vue de la diversité et de l’adversité entre les Benno, entre les différents leaders candidats du « Peuple des Assises ».  Et pourquoi donc ?
 
Il y a en effet au dessus de tous les engagements de « gagner et de gouverner ensemble », cette grande vérité finalement incontestable parce que issue des résultats des élections présidentielles que la majorité des sénégalais n’ont pas adhéré aux conclusions de ces «Assises nationales » tant par le faible score accordé aux différents candidats porteurs de ce Projet au 1er tour que par l’ampleur de l’abstention aux législatives avec la jonction - confusion de tous les projets dont en exergue celui APPAREMMENT rejeté. Bien entendu, je me dois de souligner que cette lecture basée uniquement sur les dernières élections, est proposée en tant qu’indicateur objectif et vérifiable sans aucune prétention d’analyse de fonds et encore moins de conclusion sur les motivations réelles des électeurs sénégalais. Et ce d’autant plus que le Projet « Monarchique » du Candidat Wade a été en tête dans le choix des sénégalais au 1er tour des élections présidentielles.
 
Ainsi avec la « composition plurielle » de l’Assemblée Nationale qui doit OBLIGATOIREMENT « rompre » » avec la logique traditionnelle et consacrée de la majorité parlementaire se confondant avec celle présidentielle et plus sensiblement les interpellations adressées au Premier Ministre qui devrait OBLIGATOIREMENT choisir entre le Projet porté par le Candidat Macky SALL et celui des « Assises » pour sa Déclaration de Politique Générale, la question se pose de savoir si cet instant de crépuscule ombrageux qui couvre notre pays et donc la perception des sénégalais sur les orientations du nouveau régime, est du soir ou du matin.   
 
Puisse Allah Soubhanahou Waa taala inspirer mon jeune ami Macky et l’accompagner dans ce difficile exercice de synthèse de toutes nos intelligences et vertus nationales pour faire prospérer ses ambitions pour le Sénégal.
 
Pape Massène SECK
 
Expert Consultant
 
Pdt GETCONSULT

Abdou Khadre Cissé

Mercredi 22 Aout 2012 07:30

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