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Comment Mitt Romney a esquivé un vrai débat de politique étrangère


Comment Mitt Romney a esquivé un vrai débat de politique étrangère
Pour le débat de lundi soir, centré sur la politique étrangère, le plan de Mitt Romney était clair et en trois parties. Premièrement, être d'accord avec toutes les décisions les plus populaires d'Obama en matière de sécurité nationale (mettre fin à la guerre en Irak, se retirer d’Afghanistan d'ici 2014, imposer des sanctions à l'Iran et envoyer des drones pourchasser les terroristes) tout en martelant à plusieurs reprises, mais en restant vague, la nécessité de restaurer la «force» et le «leadership» américains.

Deuxièmement, tourner énergiquement les boutons de son ardoise magique vers le centre. D'où l'insistance de Romney sur la paix, sa promesse de ne jamais réitérer l'expérience irakienne et sa validation d'une «stratégie globale» pour aider le monde musulman à construire des sociétés civiles (sans donner aucun détail, ni même énoncer de propositions générales sur la mise en œuvre de cette stratégie).

En matière de politique étrangère, vous ne saurez jamais si ses principaux conseillers gardent les stigmates des néoconservateurs. Même sur la Syrie, le seul sujet où Romney s'en est pris à Obama avec une certaine efficacité, il s'est assoupli, en disant qu'il ne n’appuierait aucune zone d'exclusion aérienne contre les forces de Bachar el-Assad, ni d'intervention américaine armée –laissant ouverte la question de ce qu'il allait faire, par rapport à ce qu'Obama n'a pas fait.

Troisièmement, détourner à la moindre occasion le débat sur la politique intérieure, en particulier sur la question du chômage élevé et persistant.
Visiblement dépassé

En somme, le gouverneur Romney était visiblement dépassé, comme à chaque fois qu'il a eu à parler de politique étrangère (d'où sa résolution de changer de sujet dès que possible) et, parce qu'il savait peut-être qu'il allait l'être, a décidé d'adapter sa stratégie en conséquence.

Mais pour autant –même si, en comparaison, il a paru réfléchi et déterminé, et a souligné à de nombreuses reprises les pirouettes de son adversaire («Vous êtes partout à la fois», a été l'une des meilleures réparties de la soirée)–, le président Obama n'a pas non plus été avare en faux-fuyants.

La leçon la plus évidente à tirer de cette soirée –rien de nouveau, mais c'est toujours triste à constater–, c'est qu'il est probablement impossible pour les hommes politiques américains d'avoir une discussion honnête de politique étrangère, a fortiori en période électorale.

Le modérateur, Bob Schieffer, a pourtant soumis de bonnes questions à Obama et Romney: que ferez-vous avec la Syrie? Comment pouvons-nous influer sur le Pakistan? Comment vous y prendrez-vous pour faire pression sur la Chine, en particulier sur les questions de manipulation monétaire, sans déclencher une guerre commerciale? Sur son programme nucléaire, quel compromis accepterez-vous avec l'Iran? Si vous identifiez une attaque contre Israël à une attaque contre les États-Unis, une telle stratégie ne serait-elle pas à même de décourager l'Iran, même s'il se dote de l'arme nucléaire, comme ce fut le cas avec l'Union soviétique pendant des décennies?

Mais les deux candidats ont joué l'amorti, ou ont tout simplement refusé de frapper la balle.
Palme de la malhonnêté sur l'Iran

C'est la question iranienne qui remporte la palme de la malhonnêteté, surtout du côté de Romney. Au départ, il a affirmé qu'il chercherait à dissuader l'Iran de se doter de l'arme nucléaire «par des moyens pacifiques et diplomatiques». Puis, la minute d'après, il a déclaré vouloir déférer le président Mahmoud Ahmadinejad pour «incitation au génocide» et transformer les diplomates iraniens en «parias» (comment utilisez-vous des «moyens diplomatiques» sans diplomates?)

Ici, Obama pouvait au moins défendre son bilan et montrer qu'il avait réussi à rassembler une coalition internationale et imposer des sanctions réellement handicapantes à l'Iran. Mais il a aussi déclaré que le seul accord acceptable était celui par lequel les dirigeants iraniens consentiraient à «mettre fin à leur programme nucléaire». Soit, vraisemblablement, arrêter tout enrichissement de l’uranium. Ce qui n'est tout simplement pas possible, et Obama n'est pas sans le savoir, évidemment.

Primo, même les rares réformateurs iraniens soutiennent un programme nucléaire (sans vouloir pour autant l'arme atomique).

Deuzio, le Traité sur la non-prolifération des armes nucléaires –que toutes les résolutions et les sanctions de l'ONU sont censées renforcer– permet aux pays d'enrichir l'uranium jusqu'à un certain point. En cas d'accord, si on en croit la plupart des experts, l'Iran gardera le droit d'enrichir l'uranium de 5 à 15% (les armes atomiques contiennent un uranium enrichi à 80%, et quand un laboratoire réussit à enrichir l'uranium à 20%, l'uranium de qualité militaire est à portée de main).

Toute négociation réussie ménage une porte de sortie à l'autre camp –sauf si votre objectif réel est un changement de régime. L'accord d'Obama ne prévoit pas de porte de sortie. Désire-t-il un changement politique?
Flou sur la question afghane

Le président a aussi été très flou sur la question afghane, affirmant que les forces de sécurité nationales seront capables de contenir les talibans quand les États-Unis quitteront le pays, en 2014. Mais c'est loin d'être évident.

Obama a quand même pu souffler quand Romney s'est dit d'accord avec lui. Étonnamment, l'accord de ce dernier s'est fait inconditionnel avec le calendrier 2014 (après avoir dit, il y a quelques semaines, qu'il retirerait les troupes seulement s'il avait une garantie de sécurité de la part du commandement militaire); il a aussi affirmé que tout se déroulait dans les temps, et a même loué les renforts de troupe déployés sur place par Obama. Au moins (faucons de tous les pays, prenez-en note), cela prouve qu'il n'y a aucun consensus politique allant dans le sens d'une poursuite de la guerre en Afghanistan.  

Chez Romney, la stratégie la plus assommante a consisté à répéter, encore et encore, les mantras qu'il sait être des sornettes: qu'Obama a débuté son mandat par une «tournée d'excuses» mondiale (il a sorti la formule deux fois lundi soir); qu'Obama soutient des coupes dans le budget militaire chiffrées à mille milliards de dollars, un plan que son propre secrétaire à la Défense considère comme «dévastateur» (de telles économies seraient en réalité la conséquence d'un blocage au Congrès); qu'Obama est resté impassible quand les opposants iraniens ont demandé le soutien des États-Unis (en réalité, la majorité d'entre eux ne voulaient pas d'un tel soutien, craignant que les mollahs les accusent d'être des espions de la CIA, ce qui s'est passé quand le secrétaire d’État de Bush, Condoleezza Rice, leur a offert 75 millions de dollars d'aide); et que la flotte américaine n'avait jamais été aussi peu fournie depuis 1917.
Objection significative d'Obama sur la Chine

Au moins, sur ce dernier point, la boutade d'Obama a été réussie —«Nous avons aussi moins de chevaux et de baïonnettes», a-t-il rétorqué, ajoutant que le gouverneur n'avait «pas passé suffisamment de temps à regarder comment notre armée fonctionne» et que les Etats-Unis ont aujourd'hui, par exemple, des porte-avions, des sous-marins nucléaires et d'autres équipements capables d'écraser leur marine d'il y a un siècle– ou (aurait-il pu ajouter) de réduire en miettes la flotte de n'importe quel autre pays actuel.

Mais l'objection la plus significative d'Obama est arrivée vers la fin du débat, quand Romney s'est plaint que la Chine était en train de marcher sur les Etats-Unis avec ses pratiques commerciales abusives. Obama a répondu que son administration avait souvent réussi à condamner la Chine pour sa violation des législations commerciales et qu'en conséquence de quoi, un grand fabricant de pneus américain n'avait plu à subir la concurrence déloyale des produits chinois et qu'une usine sidérurgique de (ahem) l'Ohio expédiait désormais ses produits vers la Chine.

Au cours de la soirée, ce fut l'un des nombreux rappels que la politique étrangère n'est pas vraiment un sujet important de cette élection, même si elle devrait l'être, et plutôt deux fois qu'une. Après tout, il s'agit encore d'un des rares secteurs où de jeunes hommes et femmes sont envoyés tuer et se faire tuer, où la survie des Etats-Unis est potentiellement en jeu, et où les présidents ont le pouvoir de faire globalement tout ce qu'ils veulent.

Fred Kaplan

Traduit par Peggy Sastre

Slate.fr


Mercredi 24 Octobre 2012 - 15:24





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