Commercialisation de l’arachide : l’Etat offre 300 mille tonnes à la suneor

Pour garantir la continuité du service, et en attendant l’arrivée du prochain repreneur, l’Etat veut tout faire pour que la Suneor continue de fonctionner et de produire de l’huile pour le bien du pays


A qui va échoir la Suneor renationalisée et son potentiel industriel et foncier ? Macky Sall et Amadou Ba ont sans doute une idée, mais ne l’ont pas encore laissé deviner, et laissent donc la place aux spéculations intellectuelles. La seule certitude est que les commissions techniques qui devaient étudier les modalités de départ de Jaber du capital de la société ont fini de travailler et remis leur rapport au chef de l’Etat, mais à ce jour, rien n’a encore filtré de leurs recommandations.
Il n’en reste pas moins que Le Quotidien a appris que l’Etat a décidé de réquisitionner le Top management de la société afin de conduire la campagne de commercialisation qui va bientôt commencer. Il serait en effet inconcevable que des problèmes de reprise puissent empêcher la Suneor de participer à la campagne agricole, alors que le Sénégal attend, selon les prévisions officielles, pas très loin du million de tonnes d’arachides coques. Dans cet ordre d’idées, les pouvoirs publics ont déjà prévu d’aider la Sonacos à acquérir environ 300 mille tonnes. Le ministère de l’Economie, des finances et du plan aurait déjà mis de côté les fonds nécessaires à cette acquisition.

Une perfusion de l’Etat qui dure
On sait déjà que cette année, comme les années précédentes, le prix garanti au producteur sera de 200 francs Cfa. Mais il semble que la demande, surtout du côté des Chinois, sera encore très importante. Cela pousse à croire que si la Suneor n’est pas appuyée, elle risquerait d’être laissée en rade. Or, elle constitue l’ossature de l’industrie agro-alimentaire sénégalaise, du moins en ce qui concerne l’arachide, et elle ne pourrait disparaître sans conséquences funestes. 
Il faut savoir que ces deux dernières années à tout le moins, l’Etat a été obligé d’intervenir aux côtés de la Suneor pour lui apporter sa garantie dans la mobilisation des fonds nécessaires à l’achat de l’arachide dont la compagnie avait besoin. La situation de l’entreprise était si mauvaise qu’aucune des banques locales ou étrangères n’osait prendre le risque de lui avancer ne serait-ce qu’une partie de l’argent dont elle avait besoin, sans la garantie de l’Etat. Et malgré leurs réticences, les pouvoirs publics ont dû faire contre mauvaise fortune bon cœur, la Suneor étant la seule entreprise nationale capable d’acheter une quantité importante d’arachide. Malheu­reuse­ment, malgré ces garanties et les subventions sur le prix au producteur, l’ancienne Sonacos n’est jamais parvenue à sortir du rouge.

Une reprise transparente
Si l’Etat réquisitionne aussi la direction de l’entreprise, c’est au-delà de la campagne de commercialisation pour assurer la continuité de l’outil de production. Rien n’est encore sorti, on l’a dit plus haut, des recommandations de l’équipe technique chargée de préparer le départ de Jaber dans des bonnes conditions. Or, déjà plusieurs repreneurs potentiels se bousculent au portillon pour prendre la place de l’ancien négociant natif de Thiès. 
Mais les pouvoirs publics assurent que la reprise se fera selon les souhaits de Macky Sall, de manière transparente, et avec des partenaires crédibles. Il est prévu de lancer un appel international à candidatures avec des conditions claires. Et l’une de ces conditions sur lesquelles l’Etat compte en particulier est l’exigence pour le futur repreneur d’introduire des partenaires nationaux représentatifs dans son tour de table.

Campagne de commercialisation : Beykat Sa et Copéol veulent 100 mille tonnes

Le nouvel opérateur, drivé par Mamadou Cissokho, l’un des plus importants leaders paysans de l’Afrique de l’Ouest, assure avoir déjà mis de côté de quoi acheter au moins la moitié de la quantité recherchée.


L’Etat et les opérateurs chinois ne sont pas les seuls à se préparer pour la prochaine campagne de commercialisation. Le Quotidien a appris que la société Beykat Sa et son partenaire français Copéol se sont aussi engagés à payer environ 100 mille tonnes d’arachides pour sécuriser l’approvisionnement de l’ancienne Novasen. Ce qui représente déjà, au prix actuel, 20 milliards de Cfa. Et à en croire le communiqué, Beykat Sa a acquis un important centre de stockage à Sing-Sing, non loin des usines de Copéol à Kaolack.
Les deux partenaires assurent avoir déjà sécurisé 12 milliards de francs Cfa qui leur permettront d’acheter les premières quantités d’arachide que leur présenteront les producteurs.
Beykat Sa, diminutif sénégalisé de la Société pour le développement semencier, agricole et agro-industriel, dirigé par M. Kibily Touré, a pour président de son Conseil d’administration Mamadou Cissokho, l’icône du mouvement paysan sénégalais. La société se veut l’opérateur agricole de référence de la filière arachide.
Elle déclare vouloir accompagner les petits producteurs dans la phase de préparation des campagnes agricoles pour les aider à améliorer leurs performances agronomiques. D’ailleurs dans le capital de la société, on retrouve les coopératives agricoles parmi les plus représentatives, dont l’Egas, qui est l’une des plus connues. Reste à savoir si cette alliance leur donnera un avantage comparatif par rapport à la concurrence.

mgueye@lequotidien.sn



Lundi 9 Novembre 2015 06:26

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