Création de la coalition nationale pour l’emploi : L’armée de chômeurs devenue une bombe à retardement

La Coalition nationale pour l'emploi a animé hier une conférence de presse pour décliner son plan d’activité 2013-2014. Une structure de mécontents sur les traces du Mouvement Y en a marre.


Après le Mouvement Y en a marre, la Coalition nationale pour l’emploi qui regroupe quelques huit (8) structures s’aligne sur le front social. Fasse à la presse hier, les initiateurs de ce premier regroupement sous le règne du président Macky Sall affichent clairement leur ambition d’organiser des manifestations revendicatives à l’échelle nationale.

DIAGNOSTIQUE DU MAL. Les jeunes diplômés regroupés dans cette structure de lutte, indique leur porte-parole Babacar Ndour, ont dressé un diagnostic sans complaisance de la politique de l’emploi du Sénégal. Pour eux, « la question de l’emploi constitue l’enjeu le plus important pour les jeunes en âge de travailler et les familles de manière plus large. L’accès à l’emploi et aux opportunités permet de prendre part à la dynamique nationale de production et de consommation, d’assumer son rôle d’agent du développement, de soutien de famille et de moteur de transformation de la société. Mais, malheureusement, les politiques publiques menées jusque-là n’ont pas su faire de cette question un enjeu central ». M. Ndour estime d’ailleurs que la question de l’emploi, « même lorsqu’elle est reconnue comme importante par les gouvernements, ne fait pas l’objet d’une prise en charge à la mesure de son importance sociale et économique ». Parce que, soutient-il, plusieurs raisons expliquent cet état de fait, notamment le manque d’organisation des personnes victimes du manque d’emploi. « Il est remarquable de constater l’absence d’organisations nationales regroupant les personnes touchées par le problème du chômage. Or en l’absence de telles organisations ciblées sur la défense des sans-emploi, les gouvernements n’ont pas en face d’eux des forces sociales et des interlocuteurs suffisamment organisés pour leur imposer la prise en charge cette question de manière satisfaisante », disent les diplômés sans-emploi. Ces derniers font remarquer à ce sujet que les syndicats, les organisations patronales et même les partis politiques, tous, se liguent pour défendre leurs revendications économiques ou politiques. Tenant à redimensionner la force de frappe de leur coalition, les conférenciers préviennent en ces termes : « Que nul ne s’y trompe. Les victimes du chômage, c’est aussi bien les personnes directement touchées que les pères et mères de familles qui ont investi dans l’éducation et la formation de leurs enfants, pour constater qu’à l’arrivée, les portes de l’opportunité leurs sont fermées pour des raisons qui ne relèvent pas de leurs responsabilités. C’est aussi le contribuable qui perd si les investissements publics pour la formation des jeunes n’aboutissent pas à leur rentabilisation ». Pour eux, « cette situation est inacceptable, surtout lorsque le pays a besoin de compétences et de dynamisme pour impulser la croissance, diminuer les pertes et réduire les fléaux sociaux ».

COMPOSANTES D’UNE ARMEE DORMANTE. Il convient de souligner à ce niveau que les structures fondatrices de ladite coalition sont au nombre de huit (8). Et qu’elles regroupent globalement des détenteurs de diplômes de spécialisation. Il s’agit du Regroupement des Diplômés Sans Emploi du Sénégal (RDSES) ; du Collectif National des Diplômés de Pêche et d’Aquaculture (CNDPD) ; du Collectif des Sages-femmes et Infirmiers d’Etat (CSFIE) ; Collectif des sortants Diplômés de l’ENDSS (CSD-ENDSS) ; du Regroupement des Diplômés du CFPC Maurice Delafosse (RD-CFPC) ; de l’Association des médecins chômeurs ; de l’Association des techniciens en mécanique et métiers associés et de l’Association des étudiants handicapés. Pour les initiateurs de la coalition, « c’est l’union des personnes victimes du chômage qui permettra de porter leurs revendications et de défendre leurs droits au travail ». Ils font remarquer en outre que, « même si on constate que la question du chômage est évoquée de manière récurrente, à la suite de revendications politiques ou estudiantines explosives, elle ne fait pas l’objet d’une approche de lutte structurée ». Toutes choses qui font qu’il est aujourd’hui nécessaire, à leurs yeux, de défendre les sans-emploi à travers « une organisation structurée, responsable et capable de porter une plateforme de revendications et des propositions de solutions ».

STRATEGIE DE COMBAT. Les acteurs de ce combat qui s’annonce bruyant se positionnent dans « une tour de garde et un cadre de défense » pour faire de l’emploi la question centrale des politiques économiques. Selon les conférenciers, les priorités de la coalition seront fixées dans un agenda visant jusqu’en 2014, à regrouper l’ensemble des structures œuvrant directement pour l’emploi des jeunes ; à consolider de manière fiable les données factuelles sur l’emploi et le chômage des jeunes ; à imposer l’emploi comme la question centrale des politiques publiques dans le cadre d’une stratégie de croissance durable et favorable à l’emploi ; à proposer des solutions ciblées sur les problématiques des structures membres ; à sécuriser des sources de financement qui seront dédiées à l’emploi des jeunes à travers des programmes structurants et projets ciblés portés par la coalition en collaboration avec les pouvoirs publics, partenaires techniques et associations de la société civile. Face à cette initiative murement réfléchie, le secrétaire exécutif de la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (Raddho), Alioune Tine parle « d’une bombe  qui peut éclater à tout moment ». Pis, il convient d’indiquer que dans le plan d’activités, cette coalition entend se mobiliser pour l’organisation de manifestations revendicatives sur toute l’étendue du territoire. L’objectif étant de marquer l’adhésion des populations à la question de l’emploi des jeunes. D’autres activités de massification et de lobbying seront également déroulées à travers le lancement officiel de la coalition, une caravane nationale de ralliement des sans-emplois, un plaidoyer auprès des acteurs politiques, institutions, organisations patronales, syndicats et partenaires du Sénégal pour imposer l’agenda national autour de l’emploi. 

ABDOUL AZIZ SECK

Le Pays au Quotidien


Bamba Toure

Jeudi 21 Mars 2013 07:55

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