Chahuté, malmené, mal théorisé, le département de la Culture perd, à chaque changement d’équipe, non seulement de couleurs mais aussi d’appellations. Lesquelles se révèlent être, à la fin, des coquilles vides. Il faut dire que, depuis la première Alternance intervenue avec le président Abdoulaye Wade, le département de la culture est devenu le parent pauvre du gouvernement.
A chaque remaniement ministériel, celui qui se trouve à sa tête en fait les frais. Ce qui fait que le travail y est un éternel recommencement. En effet, chaque ministre qui arrive, plutôt que de poursuivre les actions de son prédécesseur, essaie d’imprimer à la politique culturelle sa propre vision et sa marque. Conséquence, les acteurs se retrouvent dans un véritable méli – mélo… artistique, chacun essayant de tirer des avantages du nouveau ministre sans que ce dernier puisse impulser ou mettre en œuvre de grands projets. Et même dans le cas exceptionnel où il y aurait un début d’exécution, les chantiers sont vite stoppés par un remaniement. Si Youssou Ndour avait trouvé grâce dans le cercle de quelques artistes, son successeur, M. Abdoul Aziz Mbaye, a été le ministre le plus décrié depuis bientôt dix ans. Enfourchant le cheval de la diversité culturelle, il s’est beaucoup plus soucié de promouvoir celle-là à grand frais plutôt que d’impulser le secteur culturel dans son ensemble. Ses relations heurtées avec beaucoup de ses collaborateurs n’étaient pas non plus pour arranger les choses. Ce qui fait que son départ de la Culture ne constitue en réalité pas une surprise pour la majorité des acteurs culturels. La surprise vient plutôt de celui qui l’a remplacé au département de la Culture. Mbagnick Ndiaye nommé à la tête de ce qui est devenu le ministère de la Culture et de la Communication, des acteurs ont vite fait de saluer sa nomination tout en l’invitant à poursuivre les actions de son prédécesseur. Seulement voilà, le nouveau ministre de la Culture a beau être l’initiateur des journées culturelles « Ndef leng », la culture ne peut être assimilée à du folklore. Or, malheureusement, la plupart de nos décideurs ont la fâcheuse tendance de reléguer la culture au rang de vestige alors qu’elle est plus que cela. Elle devrait en effet être un véritable moteur de l’économie mais, hélas, ceux qui ont été nommés à la tête du ministère de la Culture n’en ont jamais pris conscience. Sauf Youssou Ndour mais, lui, il était plus intéressé par la promotion de ses propres intérêts que par autre chose. Connaissant mieux le mouvement sportif dont il est un grand militant, présidant, avant son arrivée au gouvernement, la Fédération sénégalaise d’escrime, inspecteur de la jeunesse et des sports de métier, M. Ndiaye, dont le seul engagement connu dans le domaine culturel est son militantisme au sein de l’association sérère Ndef leng qu’il préside d’ailleurs, M. Ndiaye, donc, devra s’appliquer à poursuivre les chantiers jamais exécutés de son prédécesseur et beaucoup échanger avec les acteurs culturels. Lesquels ne doivent pas se résumer aux seuls laudateurs plus préoccupés par les avantages qu’ils peuvent tirer du ministre que par développement de la culture. Et Dieu sait que les chantiers culturels sont nombreux ! Ils ne sont pas titanesques pour autant. Il suffit juste d’exécuter les résolutions issues des différents colloques et autres séminaires tenus sur la question pour donner enfin à la Culture ses habits de lumière. Autant dire qu’il s’agit juste pour l’Etat du Sénégal d’être animé de beaucoup de bonne volonté pour faire de la Culture la locomotive de notre développement économique. Surtout que nombreux sont les artistes à désespérer des politiques de l’Etat qui manqueraient, selon eux, de vision. Sans compter que les différents changements au niveau du ministère de la Culture constituent une chape de plomb pour ce département qui a le plus souffert des différents remaniements que notre pays a connus ces 14 dernières années. Une période au cours de laquelle le Sénégal a connu au moins dix ministres de la Culture. Effarant !