DAGANA- RAMADAN DES PRISONNIERS «Nous mangeons du mil pilé avec du sel ou sucre pour le Ndogou»

Les détenus de la Maison d’arrêt et de correction de Dagana souffrent des rigueurs du Ramadan et de leurs conditions de détention exécrables. Dans ce lieu de privation de liberté, la rupture du jeûne ou «Ndogou» est un véritable casse-tête pour les détenus. Des responsables de la Compagnie sucrière sénégalaise ont fait un tour, hier, dans cette prison pour venir en aide aux détenus.


A la prison de Dagana, les pensionnaires mangent très mal. Plus qu’un constat, la dure réalité fait délier d’amertume les langues des détenus. «Vous voyez le mil qui est en train d’être pilé, c’est pour le «Ndogou». Nous le mangeons avec du sel ou du sucre», confie d’une voix triste un détenu. La visite effectuée hier par des responsables de la Compagnie sucrière sénégalaise (Css) a permis de recueillir les aveux des prisonniers sur leur sort. «Ceux qui n’ont pas de quoi acheter du sucre ou du sel mangent le couscous «sec» et boivent de l’eau. Parfois, nous recevons du poisson frais, mais c’est la préparation qui pose problème. C’est nous qui faisions la cuisine et je vous dis, nous ne mangeons ça que pour éviter de mourir de faim. Ici le plus souvent, nous mangeons du riz avec du poisson séché», soupire un détenu sous le seau de l’anonymat pour éviter les représailles des matons.
Malgré une alimentation désagréable et des conditions très difficiles de détention, les prisonniers de la Maison d’arrêt et de correction de Dagana peuvent se targuer d’avoir un Directeur qui se soucie de leur condition d’existence. Le maton en chef de la prison a réussi à trouver les bons mots pour que la Css vienne appuyer les détenus. Un don composé de téléviseurs, de ventilateurs, de nattes de couchage et des jeux d’esprit a été remis hier au Directeur de la prison de Dagana. Mais, très sensible au sort des détenus et au  dysfonctionnement noté dans le réseau d’évacuation des excréments humains, la Css a promis de faire un geste dans ce sens. «Ce geste est un devoir pour nous, parce que la Css est une entreprise citoyenne dans sa démarche. Faire des dons, c’est notre action de tous les jours. Nous voulons être aux côtés de l’Etat dans la réinsertion des pensionnaires. Rien qu’au niveau de la Direction des ressources humaines, nous avons un budget de 2 milliards de FCfa destiné annuellement aux actions sociales. A côté de cette manne financière, la Direction générale fait des actions sociales qu’elle décide d’elle-même et qui ne sont pas prévues dans le budget. La Css, socialement sans exagérer, investie au moins autour de 3 milliards 500 millions de FCfa chaque année au profit des populations environnantes. Nous souhaitons que ce don à la Mac de Dagana soit un exemple que d’autres entreprises suivront. Nous sommes conscients que l’Etat ne peut pas tout faire», soutient le Directeur des ressources humaines de la Css.
Hier matin, une partie de la presse qui était venue couvrir la cérémonie de remise de dons de la Compagnie sucrière sénégalaise à la prison de Dagana a eu droit à une petite visite guidée des lieux. Cette visite a fini par être un calvaire, même pour la délégation qui avait à sa tête, le préfet, un représentant du maire, l’inspecteur régional de l’Administration pénitentiaire, le représentant du juge chargé de l’application des peines, le Directeur des ressources humaines de la Css, l’Imam Ratib de Dagana, entre autres. Une fois dans la cour de la prison, ce sont des excréments et leur odeur nauséabonde qui ont accueilli les visiteurs. «Nous sommes nombreux ici et les toilettes ne sont pas en nombre suffisant et si chacun de nous se soulage, c’est plein», tente d’expliquer un prisonnier.
                                                                                                   EL HADJI TALL (jrnal L’Observateur)

Bamba Toure

Dimanche 21 Juillet 2013 09:57

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