A la proclamation des résultats du premier tour, on disait le président Wade fini. Aphone. Agonisant. La lecture de la presse n’augurait, en outre, rien de bon pour le camp libéral. Le Pds lisait-on, était mort de sa belle mort. Ses cendres étaient destinées à être répandus aux quatre coins de l’APR et de REWMI. La réalité, pourtant, était loin des cataclysmes annoncés. Wade a su remobiliser son parti, gonfler ses partisans pour retourner à la conquête des suffrages des Sénégalais. Et, au vu du déroulement de la campagne pour le second tour, l’on est tenté de dire que le Pds n’a jamais été aussi déterminé à croiser le fer avec ses adversaires.
Déjà, des voix se lèvent dans les rangs de l’opposition pour s’étonner de la vigueur retrouvée du « Vieux ». « Il se nourrit de l’adversité », souffle un des communicants de Macky Sall. Presqu’au débotté, Wade a repris les chemins politiques, déterminé à dépasser la barre fatidique des 50 %. Alors que toute l’opposition a décidé de se liguer contre lui, il snobe les leaders et fraternise avec les électeurs. Le Palais ne désemplit pas. Les militants de ses adversaires se désolidarisent des mots d’ordre et décident de le garder encore au pouvoir. Par calcul politique sûrement.
De l’autre côté, il s’appuie sur des forces sociales comme celle des « Thiantacounes », les talibés de Serigne Béthio Thioune reconvertis à la religion de la carte d’électeur. Les grandes mobilisations de Béthio et les ndigueuls récurrents de certains chefs religieux commencent à faire mal au camp d’en face. Lequel, à l’image d’un Moustapha Cissé Lô traitant le guide des « Thiantacounes » de tous les noms, commence à perdre son sang froid. « Malgré le soutien de l’essentiel de la classe politique, on commence à craindre le pire », confie ce proche du président de l’APR. En effet, le regain de confiance des responsables libéraux, le discours triomphaliste de Wade, le travail de mobilisation entamé par les libéraux dans les coins les plus reculés du pays et les démonstrations de force de Cheikh Béthio ont fini par instiller le doute dans l’esprit des opposants. La peur a changé de camp.