La tragédie provoquée par l'accident de chemin de fer de Saint Jacques-de-Compostelle qui a fait 80 morts et plus de 140 blessés dont 35 dans un état critique, a fait réapparaitre Mariano Rajoy sur la scène publique. Alors qu'il était invisible, depuis des jours, évitant toutes les occasions de croiser la presse, le président du gouvernement espagnol s'est rendu jeudi à Saint-Jacques sur les lieux du déraillement, puis à l'hôpital pour rencontrer les blessés et leurs familles. Cette réapparition a lieu à quelques jours de sa comparution très attendue, le 1er aout au parlement, où il doit s'expliquer sur les révélations de l'ex-trésorier de son parti qui a dévoilé un système de financement occulte du PP, en vigueur durant plus de 20 ans.
Très affecté par la catastrophe qui touche sa ville natale
Rajoy, galicien très attaché à ses origines, s'est montré particulièrement affecté par la catastrophe qui touche sa ville natale, au moment où elle s'apprêtait à ouvrir les grandes fêtes de la Saint-Jacques, le patron de la région. Toutes les festivités ont été annulées et trois jours de deuil national on été décrétés en hommage aux victimes.
Les premiers indices amènent les enquêteurs sur la piste d'un excès de vitesse: le conducteur du train aux commandes a abordé trop vite la courbe qui marque l'entrée dans la ville de Saint-Jacques. Alors que la vitesse est limitée à 80 km à l'heure, il aurait annoncé par radio au poste de contrôle, juste avant l'accident qu'il entrait dans le virage à une vitesse de plus de 190 km à l'heure à l'heure, sans expliquer pourquoi il arrivait aussi rapidement.
Les interrogations portent sur la validité des systèmes de contrôle de circulation et sur l'hypothèse de faille des signaux, mais c'est aussi autour de la personnalité de Francisco José Garzon Amo, 52 ans, trente ans de chemins de fer, que se tournent les médias espagnols. Ils décrivent comment tout de suite après l'accident, l'homme indemne mais coincé dans sa cabine de pilotage, répète à la radio, hébété: "J'ai déraillé... S'il y a des morts je les aurai sur la conscience". Il semblerait par ailleurs que l'an dernier il aurait affiché sur sa page Facebook une photo de ses "exploits" conduisant un train à près de 200 km à l'heure. "Si la garde civile t'attrape, tu vas perdre tous tes points de permis", avait à l'époque commenté l'un de ses amis sur la page qui a été retirée d'Internet très vite après l'accident. Le conducteur a été placé sous surveillance policière hier a été placé en garde à vue par la justice.
Pour Mariano Rajoy, la présence sur les lieux de la tragédie de Santiago est une façon de revenir sur le devant la scène sur un terrain rassembleur. Loin de Madrid, c'est le personnage qui lui convient le mieux, un homme politique de province à l'ancienne. Mais ce n'est qu'une parenthèse. Il doit se préparer au retour dans l'arène. Le 1er août prochain, l'hémicycle l'attend pour lui demander des comptes, enfin, six mois après l'explosion du scandale sur le financement de son parti.