Destruction d’une mosquée réclamée par des chrétiens: Une guerre interreligieuse en vue aux Parcelles Assainies

Après le renvoi d’une élève musulmane pour motif de port de voile au collège Notre Dame du Liban et au collège Hyacinthe Thiandoum pour le même motif, c’est au tour d’une mosquée dont des chrétiens ont exigé la démolition à l’unité 22 des Parcelles Assainies de Dakar.


C’est une affaire qui oppose l’école privée catholique CSPA et notre confrère Cheikh Oumar Tall. Installé aux Parcelles Assainies depuis 20 ans, il a aménagé une petite mosquée jouxtant le mur latéral de ladite école.
 
Depuis deux décennies, la cohabitation n’a jamais posé de problème. Il a fallu que les responsables catholiques du CSPA aient construit dans l’enceinte de l’école une église, puis récemment un monastère pour y former des abbés, pour que les choses prennent une autre tournure.
 
Sous le prétexte que la mosquée est construite sur une voie publique, les responsables catholiques ont saisi le maire, le préfet et le commissaire des Parcelles Assainies pour procéder à la destruction du lieu de culte musulman. Et c’est aujourd’hui, lundi 4 novembre, que cet acte inédit au Sénégal va avoir lieu. Décision prise par le sous-préfet M. Ndao.
 
Selon M. Tall, ce qui gène au fond l’école, c’est que ses propres élèves musulmans prient dans la mosquée et y récitent les khassaïdes de Serigne Bamba. Il ajoute que le prétexte avancé par les responsables catholiques du CSPA au sujet de l’occupation de la voie publique est fallacieux, « car la mosquée n’a jamais obstrué le passage, aussi bien pour les passants que pour les véhicules, surtout les camions ».
 
Se voulant plus explicite, notre confrère a déclaré ce qui suit : « Cet argument d’occupation de la voie publique utilisé pour tromper les autorités administratives, même  s’il était vrai, ce n’était pas aux autorités de l’église du CSPA de demander à la mairie, par écrit, de détruire la mosquée. Parce que cette mosquée n’est pas construite dans leur domaine. Au contraire, elle fait face à ma maison ; et le nettoyage de l’espace environnant la mosquée incombe à ma famille. Donc si l’occupation de l’espace public était un argument solide, ce serait normalement aux populations et, en tête, au délégué de quartier de l’unité 22 des Parcelles Assainies de faire des remarques ou des doléances, ce qui n’a jamais été le cas. Mieux, les populations se sont appropriées la mosquée et la défendent actuellement ».
 
M. Tall poursuit ses récriminations et révèle que les autorités du CSPA ont souvent renvoyé des élèves musulmans qui portent des boubous Baye Lakhat. Selon lui, une autre raison qui justifie le souhait de démolition de la mosquée est que le monastère fonctionnel depuis 2 mois a sa porte qui s’ouvre à quelques mètres de la moquée. « Certainement, ils ne supportent pas de voir ce lieu de culte musulman implantée depuis 20 ans et qui leur semble un affront. Non seulement, des passants en font un lieu d’escale pour prier, mais aussi et surtout la mosquée incriminée n’a jamais gêné le voisinage. Ce qui se passe est que les chrétiens du CSPA ne tolèrent pas la cohabitation entre la mosquée et leur église et monastère. Le sous-préfet refuse que le problème soit considéré comme un conflit religieux. Pourtant, il l’est ! Car c’est ce sont les responsables chrétiens du CSPA qui ont réclamé par écrit la destruction d’un lieu de culte musulman. A la place de la mosquée, s’il y avait un grand-place de damier ou un lieu de vente de PMU, les responsables de l’église et du monastère du CSPA ne demanderaient pas à l’Etat détruire de lieu. Le délégué de quartier et l’imam ratib de l’unité 22 ont pris la défense de la mosquée », conclut notre confrère.
 
Pour notre part, nous estimons que si on n’y prend garde, cette affaire inédite risque de réveiller un conflit interreligieux. Ce qui ne serait nullement la fierté du Sénégal, réputé un exemple de havre de paix religieuse pour l’Afrique et le monde entier.
 

SETAL.NET; setal@setal.net

Dimanche 3 Novembre 2013 16:30

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