Les vendeurs d’eau ou "Diay ndokh" continuent d’arpenter à longueur de journée les ruelles de la ville de Koungheul, des fûts de 50 litres sur la tête, renvoyant ainsi l’image de ces corvées d’eau que l’on croyait révolues à jamais dans les centres urbains sous l’effet de l’urbanisation et de la modernité.
La réalité, c’est que cette pratique est toujours en cours dans cette capitale départementale du centre du Sénégal. Comme à Kounghueul où le visiteur qui débarque est saisi par le phénomène de ces hommes parcourant la ville pour écouler leur produit ou honorer des commandes.
Certes, cette activité se perpétue encore dans d’autres villes comme Kaolack, mais elle se fait dans la capitale du Saloum à l’aide notamment de charrettes tirées par des ânes, selon une certaine mécanisation donc.
Venus du lointain Boundou (région de Tambacounda), Ousmane Diallo et Abdou Ndiaye font partie des nombreux jeunes qui se livrent à cette activité, monnayant leur force avec courage et abnégation. Les temps sont durs et il faut gagner sa vie, expliquent-ils.
"Ce métier, rappellent-ils, était dévolue presque exclusivement aux maures qui, à l’époque, vendaient le fût à 5 (cinq) francs !" CFA. Ces pionniers, font-ils remarquer, l’ont aujourd’hui délaissé pour se convertir en bouchers, commerçants ou vendeurs de viande grillée, des activités plus lucratives.
"Nous, nous avons choisi, faute de travail, de le pratiquer, le temps d’une campagne de quatre à cinq mois. Nous sommes des cultivateurs et nous devons regagner nos terroirs dès l’approche de l’hivernage", confient ces vendeurs d’eau trouvés près du puits situé à quelques encablures du marché, leur quartier général.
Le cours du liquide précieux n’a pas échappé au phénomène de la hausse généralisée des produits, s’écoulant entre 75 et 100 francs CFA le fût. Les "Diaye ndokh" ne se limitent pas simplement à cette activité. Pendant les périodes creuses, certains d’entre eux s’adonnent à la réparation, en appoint, de chaussures.
Le gain journalier reste aléatoire et dépend de l’endurance de chacun ou de l’importance de la clientèle. Néanmoins, admettent-ils, les recettes peuvent atteindre jusqu’à 3.000 FCFA, voire plus en cas de coupure d’eau.
APS