Distribution de "Ndogou" : Halte à l’humiliation !


La solidarité avec les pauvres, ce n’est pas un geste volontaire de bienfaisance, c’est plutôt une pressante recommandation divine à laquelle le musulman est soumis. S’il y déroge, sa foi peut être mise en doute. Aussi, l’aumône distribuée aux pauvres, la «zakat» et le «muudum koor» offerts aux nécessiteux sont-ils institués pour marquer la solidarité entre tous les membres d’une même société islamique. Les défunts milliardaires sénégalais El Hadj Babacar Kébé dit Ndiouga, El Hadji Djily Mbaye, et c’est de notoriété publique, construisaient des mosquées, équipaient des morgues, nourrissaient des pauvres, tout en donnant la ferme consigne que leur identité ne soit jamais révélée.

Mais que voit-on de nos jours ? Pour un simple don d’un carton de dattes, acheté à moins de 8.000 Fcfa, on rameute toute la presse pour organiser une «grande cérémonie de partage de Ndogou». Quand on choisit le mois béni du ramadan, durant lequel le mensonge, bien que proscrit par l’Islam, devient encore plus grave, on fait du tape-à-l’œil, rien que pour paraître. Malheureusement, la presse qui pourtant ne recherche que le sensationnel, ne se donne point la peine de comprendre ou même d’interroger les «généreux donateurs» sur leurs motivations profondes.

Certains le font pour paraître, pour se faire remarquer. D’autres le font pour simple offrande, suivant en cela les instructions de leurs marabouts-charlatans. Méditez cette anecdote que nous a racontée l’ancien champion de lutte des années 80 à 2000, Mohamed Aly (aujourd’hui directeur technique écurie Waalo). «Un jour, se souvient-il, à la veille d’un combat très important pour moi, un de mes marabouts m’a recommandé d’acheter quelques baguettes de pain et de les offrir à une malade mentale». Son geste était mû par le seul souci d’offrir sa pitance à cette malheureuse ? Certainement pas ! Mais la suite est encore plus cocasse...

«Il fallait d’abord, à cette heure-là (tard dans la nuit) trouver du pain et à une quantité telle que le conseillait le marabout, raconte encore le champion de lutte. Quand j’ai pu trouver le pain, il fallait maintenant dénicher une malade mentale. Dieu n’a pas tardé à en mettre une sur mon chemin. Mais, quand le lui ai tendu les baguettes de pain en lui disant "am Yaalla joxla" (ndlr : tenez, c’est Dieu qui vous l’offre), c’est à la limite si elle ne m’a pas giflé. Elle m’a éconduit proprement en me lançant : "foutez le camp avec vos offrandes. Vous voulez m’empoisonner et me manger à la sauce avec ce pain..." Je me suis éclipsé afin que du monde ne me trouve pas sur les lieux».

Au rythme auquel se poursuit le cirque des «Ndogou», certains donateurs pourraient connaître pire que cette mésaventure vécue par Mohamed Aly. Malgré tout, il y en a qui n’ont d’autre motivation que l’accomplissement d’une des recommandations de Dieu. Ceux-là n’ont rien à se reprocher...

Serigne Mour Diop

Source: Lesenegalais.net

Abdou Khadre Cissé

Vendredi 17 Aout 2012 09:08

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