Inna Lilaahi Wa inna aleyhi raajihoûn »
(De Dieu nous procédons En LUI nous retournerons)
Ton papa est parti le jour de la Station d’Arafat.
Heureuse coïncidence, dirait le croyant lambda.
Mais la coïncidence, ni le hasard, du reste, ne sont des concepts coraniques.
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Il n’y a pas de hasard, tout comme il n’existe pas de coïncidence, au sens où nous
l’entendons généralement.
Seule, prévaut la Volonté divine.
DIEU a tout décidé. Il a tout « programmé », pour reprendre un terme usité.
Dans cette atmosphère de malheur qui nous étreint tous, le jour choisi par le Seigneur des
Mondes pour le rappel à LUI, de ton papa, se distingue comme un message qu’il nous appartient de décrypter.
Si la mort ne s’imposait pas comme un épais mystère et une épreuve pour l’homme, nous nous serions presque réjouis que Jacques s’en fût allé ce jour-là.
Je ne te dis pas « siggil ndigaalé », puisque tu pourrais me le dire, tout comme on nous le dit, à tous les deux indistinctement.
N’est-ce pas que « noo ko bokk » ?
DIEU, dans Son Omnipotence et Son
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omniscience, a décidé.
Nous nous plions à Sa décision et Lui en rendons grâces.
Les témoignages qui ont fusé de partout,
se passent de commentaires, par leur
qualité et la spontanéité, donc la sincérité, qui les ont caractérisés.
Tu es, à présent, en charge d’un lourd, très lourd héritage.
C’est une gageure, en effet, que de prétendre
succéder à Mbaye-Jacques DIOP.
Puisse Allah (SWT) te balise le chemin.
Adama Sow et Mbaye-Jacques DIOP t’encadrent ! Tu n’auras rien à craindre des vicissitudes de la vie.
Reste comme tu es ; comme je t’ai toujours connu.
Continue de cultiver l’humilité ; elle est
parfaitement compatible avec le culte de la
dignité, le respect de soi-même et l’exigence
de considération, en tout lieu et en toutes
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circonstances.
Sois un rassembleur, comme ton papa l’a été.
Mbaye-Jacques fascinait, en effet, par ses qualités humaines.
Il avait une haute idée de l’homme et se trouvait aussi bien à l’aise avec les grands de ce monde, qu’avec les gens de modestes conditions.
C’est cette ambivalence qui lui permettait d’étaler ses talents de diplomate, en certaines circonstances, tout en pouvant se métamorphoser, selon les contextes, en fauve belliqueux, qui était sa « marque de fabrique ».
Ton papa était «de la race des aigles», pour reprendre Antoine de Saint-Exupéry.
Il était d’un courage insoupçonné, qui pouvait
confiner à la témérité.
Dans son long itinéraire de militant et de responsable politique, il a eu à surprendre plus d’un, dans des contextes de danger, par ses initiatives et les actes inattendus qu’il lui arrivait de
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poser.
Ce n’est pas pour rien, que, bien que non préparé physiquement pour les sports violents, Mbaye-Jacques fût grand amateur de boxe.
Pour l’anecdote, il a eu à effectuer, il y a quelques décennies, le déplacement Dakar-Londres et retour (en ayant pris en charge un compagnon de voyage, champion de boxe, franco-sénégalais) pour assister à un combat mémorable de Mike TYSON.
Il adorait la boxe, disait-il, parce que c’est un sport requérant des efforts personnels. Sur le ring, le boxeur est seul face à son adversaire, mais aussi seul face à son destin.
La philosophie de la boxe a toujours inspiré sa vie, en ce qu’elle renvoie aux idées d’endurance et
de dépassement et à la volonté de vaincre.
Le courage de Mbaye-Jacques n’était pas que physique, cependant.
Il était aussi intellectuel et politique. Mbaye-Jacques avait le courage de ses idées.
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En des moments où, dans le cadre du
monopartisme triomphant, la « pensée unique » était
prépondérante, Mbaye-Jacques s’était souvent distingué par sa propension à « ramer à contre- courant », au cours de réunions politiques, tant sous L.S.SENGHOR, que sous Abdou DIOUF.
Il a toujours fait « peur », en ce qu’il était réputé « incontrôlable ».
Mais il faisait tout avec élégance.
Élégance morale et étique, dans ses rapports avec ses semblables. Il forçait, là aussi, l’admiration.
Il était fidèle en amitié et veillait sur la qualité des relations humaines.
Mbaye-Jacques était, également, un véritable
« dandy », quant au port vestimentaire.
Il était soigneux de sa personne et toujours de
mise impeccable.
DIEU, dans Sa Miséricorde, a, sans doute, choisi
de le rappeler à LUI en une période où tout la
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Ummah se faisait l’agréable devoir de bien s’habiller, en l’honneur de l’Aid Al Kabir.
Voilà, donc, Pape, le défi qui s’offre à toi, de succéder à un « Géant ».
Dieu merci, tu es déjà confronté à l’exercice des responsabilités, au management de tes semblables. Le charisme qui caractérisait ton papa peut t’être dévolu .Il est vrai que il n’est pas toujours immanent .Mais sa construction ne se conçoit que dans un cadre humaniste.
Le charisme de Mbaye-Jacques DIOP, la fascination qu’il exerçait sur ses compagnons reposaient, avant tout, sur l’image, qu’il renvoyait, d’un homme de bien, d’un altruiste toujours disposé à aller vers l’autre.
Pape, si je me suis permis de te livrer ces
réflexions et, partant, te faire quelques recommandations, c’est parce que, il n’y a guère, tu m’as fait l’honneur, en
croyant devoir me consulter comme tu l’aurais fait avec Jacques, sur des problèmes intimes
imposant des décisions à prendre.
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J’ai été réconforté dans l’idée que je me faisais, que je me suis toujours faite, de toi, tirée du tréfonds de notre culture sénégalaise et que caractérisent le respect parental, le respect du patriarche, le respect de l’aîné.
Jacques m’a constamment– quand il pouvait encore le faire–tenu informé de l’assistance, multiforme, dont il bénéficiait, de ta part, alors que, DIEU merci, il pouvait s’en passer.
Le rappel, ci-dessus, des multiples facettes de ton papa, te confère de redoutables
responsabilités.
« Gère », donc, ce patrimoine spirituel, dans l’acception éthique de notre culture sénégalaise.
Perpétue l’ »esprit » Mbaye-Jacques, qui, par vocation, est immortel.
Il était « soldat » des causes nobles.
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Or, le Général Mac Arthur a dit qu’ «un vieux soldat ne meurt jamais, il disparaît simplement».
Tonton NIANG