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Dossiers de l’ancien régime : Tous traqués par la justice

La liste des membres du régime sortant qui traînent des casseroles est longue ! Très longue même ! Des ministres d’Etat aux gardes du corps du président sortant en passant par des Officiers de police judiciaire. Responsables directement ou indirectement d’infractions pénales ou de fautes de gestion présumées dans l’exercice de leurs fonctions, ces autorités dépositaires d’un mandat de service public ont longtemps bénéficié de la protection du chef. Aujourd’hui que Wade n’est plus à la tête du pays, ils ont du souci à se faire.


Dossiers de l’ancien régime : Tous traqués par la justice
Anciens ministres, gardes du corps, policiers, responsables du Pds, Dg… : Les dossiers qui attendent devant le juge

Ousmane Ngom et Cheikh Tidiane Sy dans le viseur

Le ministre de l’Intérieur, au même titre que son collègue de la Justice, risquent d’être poursuivis dans l’affaire de l’arrestation jugée arbitraire de Alioune Tine. Une plainte qui vise ces deux personnalités est en gestation. Une source judiciaire contactée par Wal Fadjri informe qu’ils sont accusés d’avoir orchestré l’arrestation du président de la Raddho contre l’avis du Parquet. Une arrestation et une garde-à-vue sur instruction du ministre de l’Intérieur sans en informer le Procureur de la République - voire contre son avis - qui ont outré les magistrats qui avaient mis en garde les autorités policières contre ces impairs en leur rappelant les sanctions encourues, notamment la radiation. L’autre dossier pour lequel la responsabilité de l’ex-ministre de l’Intérieur Ousmane Ngom est engagée concerne la mort de l’étudiant Mamadou Diop. Une plainte pour meurtre qui vise, entre autres, Ousmane Ngom a été déposée sur la table du doyen des juges d’instruction par la famille du défunt. Et selon une source bien au fait du dossier, la responsabilité du ministre de l’Intérieur peut être située dans la chaîne de commandement.

Le Parquet sollicite un ordre de poursuite contre le commissaire Arona Sy

Comme Ousmane Ngom, la responsabilité du commissaire central de Dakar Arona Sy peut-être aussi située dans la chaîne de commandement lors de la répression des manifestations contre la candidature du président Wade ayant entraîné la mort de Mamadou Diop. Il risque, également, des poursuites pour «complicité par instigation». Le doyen des juges, Mahawa Sémou Diouf, ne tardera pas à ouvrir une information judiciaire à ce sujet. En outre, des sources proches du Parquet informent que le fait pour le commissaire central de qualifier la mort du jeune homme «d’accident de la circulation» est considéré comme «tentative d’obstruction à la justice». Et est donc passible de poursuites judiciaires.

Le ministre Coumba Gaye et l’agression de Alioune Tine

Le ministre Coumba Gaye a un contentieux avec Alioune Tine. Ce dernier l’a assignée en justice pour le délit de «tentative d’assassinat». En clair, le patron de la Raddho reproche à la responsable politique libérale d’être la commanditaire de l’agression dont il a été victime, lors du vote du projet de loi instituant le ticket présidentiel le 23 juin 2011. Mais s’estimant diffamée, Coumba Gaye a, à son tour, porté plainte contre son accusateur. Mais cette procédure ne sera évoquée qu’après la première, le 07 juin 2012, en attendant que Coumba Gaye soit fixée sur son sort.

Aïda Mbodj devant le tribunal de Diourbel pour agression

L’ex-ministre de la Femme et des Organisations professionnelles a un contentieux pendant devant le tribunal régional de Diourbel. Elle a été assignée en justice par la militante du mouvement citoyen Luy jot jotna, Gnagna Ndao. Cette dernière l’accuse d’avoir commandité l’agression physique dont elle a été victime lors des affrontements du 23 octobre 2011 à la suite des manifestations du M23 à Bambey. C’est à cause de cette affaire que Cheikh Tidiane Gadio s’est vu servir une plainte pour diffamation. L’ancien patron de la diplomatie sénégalaise accusait Aïda Mbdodj d’être derrière tout cela : «C’est une honte pour le Sénégal que des ministres dirigent des commandos de miliciens pour attaquer des citoyens. La grande dérobade qu’ils sont en train d’organiser consiste à dire qu’ils n’ont rien fait. Je trouve que ce ne sont pas des courageux. Elle (Aïda Mbodj, Ndlr) doit avoir le courage d’assumer ce qu’elle a fait. On ne peut pas accepter que de telles pratiques se déroulent à trois mois des élections. Aïda Mbodj ne peut pas s’en tirer en bénéficiant d’impunité».

Affaire Bathélémy Dias : les gardes du corps de Wade sans protection

Des proches du président sortant Me Abdoulaye Wade sont cités dans l’attaque de la mairie de Sacré-cœur Mermoz ayant conduit à la mort du jeune Ndiaga Diouf. Il s’agit de trois des gardes du corps du président Wade : le brigadier-chef Abdoulaye Diène, Baye Moussé Ba «Bro» et Sémou Diouf Niakhar. Maintenant que ces derniers ne jouissent plus de la protection du chef de l’Etat, leur traduction en justice ne devrait pas tarder, selon une source proche du parquet de Dakar. Dans cette affaire, le maire socialiste Barthélemy Dias a été placé sous mandat de dépôt pour meurtre, coups et blessures volontaires et détention illégale d’arme par le doyen des juges d’instruction. Au même titre que Abib Dieng, Cheikh M. Doucouré et Seydina Oumar Mangoné. Il en est de même pour deux des assaillants Cheikh Diop et Bocar Sy. Ces derniers ont été inculpés pour association de malfaiteurs, menaces verbales, attroupement illicite sur la voie publique et participation à un rassemblement non autorisé.

Farba Senghor : les casses de l’As et de 24heures chrono

Farba Senghor a été cité dans plusieurs affaires. Notamment le saccage, en août 2008, des locaux du quotidien d’informations l’As et du défunt journal 24h Chrono où il est accusé d’être le commanditaire. Des hommes de paille ont été jugés, condamnés puis libérés. Jusqu’à ce jour, Farba Senghor n’a jamais été inquiété. La raison est simple! Selon des informations dont dispose Wal Fadjri, le président de la République avait signé un décret qui autorisait le parquet à mener l’enquête sans le poursuivre. Son nom a aussi été cité dans l’agression d’Alioune Tine, président de la Raddho, le 23 juin dernier, lors du vote du projet de loi instituant le ticket présidentiel.

Omar Sarr et le scandale politico-sexuel

L’ancien ministre de l’Habitat et de l’Urbanisme n’a pas été inquiété dans le scandale politico-sexuel de Dagana dite affaire Diombasse Diaw à cause de son immunité ministérielle. Au moment où ses camarades de parti écopaient une peine de prison de six mois, Oumar Sarr était mis hors de cause. Aujourd’hui qu’il ne bénéficie plus d’une immunité ministérielle, il peut être poursuivi par la justice, selon une source judiciaire qui estime que les actes pour lesquels il est poursuivi sont détachables de ses charges ministérielles.

L’affaire Diombasse Diaw, qui revient en procès le 23 avril prochain, est consécutive à une histoire de mœurs avec comme actrice principale Khadija Mbaye. Elle est prévenue pour avoir entretenu des relations intimes avec le premier, au moment où les ébats étaient filmés à l’aide de son téléphone portable, à l’insu de son partenaire. Mais, les images finiront par faire le tour de la toile. Ce, sur instruction des adversaires politiques de Diombasse Diaw, notamment le ministre Oumar Sarr, son directeur de cabinet Abdoul Aziz Diop et les sieurs Abdou Salam Sarr, Ramdane Dia et Pape Djiby Gaye.

Karim Wade et l’obligation de reddition des comptes

Le fils du président est souvent cité dans des scandales portant sur de l’argent. Il s’agit des travaux de l’Anoci, de la vente de la licence Sudatel, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio, l’aéroport Blaise Diagne, etc. Citant des propos des diplomates américains en poste à Dakar, Wikileaks l’a affublé du titre de «Monsieur 15 %». Enfin, Karim Wade est cité dans une affaire de drogue. Le journal Le Quotidien qui a publié l’article écrivait dans ses colonnes qu’il aurait été arrêté en 2009 pour détention de drogue au Maroc.

En réponse à cette accusation, l’ex-ministre de la Coopération internationale, des Infrastructures et des Transports terrestres a traduit en justice les responsables du journal pour diffamation. «Cette information est grotesque, fantaisiste, extravagante et mensongère. Je la démens formellement. Les faits rapportés par l’article précité sont faux et hallucinants. Ils sont diffamatoires et attentatoires à mon honneur et à ma considération. Je jure sur honneur que je n'ai jamais été arrêté ou interpellé au Maroc ou ailleurs (…)», dément Karim.

Awa Ndiaye sauvée par un décret présidentiel

Depuis que le scandale des casseroles, dans le cadre de la passation des marchés publics en 2008, a été agité, l’ex-ministre de la Famille, de la Solidarité nationale, de l’Entreprenariat féminin et de la Micro-finance n’a jamais été inquiétée. La raison? Un décret présidentiel du régime sortant demandant aux autorités judiciaires en charge de son dossier de surseoir aux poursuites avait sauvé le ministre Awa Ndiaye, d’après une source de Wal Fadjri. Dans cette affaire, l’Armp avait constaté des écarts très élevés sur les prix appliqués dans les marchés : un tapis de prière acheté à 15 mille 850 francs, une cuisinière acquise à deux millions, une cuillère grand-modèle à 37 mille francs l’unité, un couteau grand modèle à 42 mille francs, entre autres.

La «responsabilité politique» du ministre Aliou Sow

Le projet de découpage administratif de Sangalkam initié par l’ex-ministre de la Décentralisation et des Collectivités locales, Aliou Sow, a été à l’origine des violences ayant entraîné la mort de Malick Bâ. Ainsi, même si sa «responsabilité pénale» ne peut pas être engagée dans cette affaire, selon des spécialistes, il n’en demeure pas moins que sa «responsabilité politique» peut être mise en cause.

Amadou Kane Diallo et la gestion du Cosec

L’ancien directeur du Conseil sénégalais des chargeurs (Cosec) Amadou Kane Diallo, alors Dg a été sanctionné par le rapport de l’Inspection générale d’Etat (Ige) en 2010. Le rapport révélait que le salaire de base brut mensuel du Dg du Cosec était fixé à cinq millions de francs. Selon les enquêteurs, le Dg du Cosec bénéficiait d’une gratification égale à 30 % du montant global à verser au personnel, d’une dotation mensuelle de deux mille litres de carburant, d’une indemnité mensuelle de logement établi à deux millions et d’un forfait de participation aux frais d’eau, d’électricité et de téléphone de deux millions. Sans compter des primes, la prise en charge médicale et le parc automobile mis à sa disposition. Le rapport indiquait aussi que le directeur général coûtait mensuellement au Cosec près de 8 708 333 Fcfa. L’affaire est pendante devant la justice.     


Bamba Toure

Vendredi 13 Avril 2012 - 04:04





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