La stratégie pour l’avènement de la souveraineté monétaire n’est pas le discours contre le Fcfa. En réalité, notre défi est d’expliquer les avantages concrets du projet monétaire dans le quotidien du citoyen sénégalais. L’enjeu d’une telle approche est qu’elle permet au citoyen de se projeter dans une dynamique d’espoir et dans une logique d’action. Mon postulat est que nous devons nous appesantir sur l’ingénierie de la création monétaire pour l’émergence des économies africaines. Toujours, dans une approche objective, contributive et technique, nous allons aborder la mécanique de la création et de la destruction monétaire pour le financement de l’économie.
D’abord, comprenons que la monnaie est une création de l’activité économique. De ce fait, avant de parler de la monnaie, nous devons comprendre que la création de richesse d’une nation est assurée par deux moteurs que sont l’entreprise productrice de bien et le ménage consommateur de ce bien. Quand un produit est consommé, une richesse est créée via cette transaction. Ainsi l’entreprise (de préférence nationale pour éviter la désillusion des croissances creuses et appauvrissantes du Sénégal) achète de la matière depuis les territoires, produit un bien et le vend. Le ménage rachète ce bien, le consomme et revend son capital humain aux entreprises. Voilà un circuit qui permet une première conclusion que la politique monétaire et les instruments monétaires n’ont de sens que par l’existence d’une économie réelle, depuis les territoires africains, portée et protégée par un régime qui assume son rôle d’état planificateur, entrepreneur et actionnaire.
Après cette précision de taille, parlons maintenant de la nécessité de disposer du pouvoir de création de la monnaie pour financer la consommation des ménages et l’activité de production des entreprises. Le fait est que ces deux branches ont besoin de fonds et le monde de la finance a compris depuis les années 70 que l’argent réel (les billets qu’on appelle monnaie fiduciaire, car basée sur la confiance sociale) ne suffit plus à faire marcher l’économie. Il faut savoir que l’argent en billets et les pièces (monnaie divisionnaire) représentent moins de 20% de l’argent qui circule.
En effet, beaucoup de personnes pensent toujours que partout dans le monde une banque finance les emprunteurs par l’argent réel déposé par les autres clients. Cette idée est tout à fait obsolète. Seuls les pays africains sans souveraineté monétaire sont encore dans cette pratique ou dynamique. Depuis l’avènement de la finance moderne, nos apprentis politiciens sont restés dans la servitude et en retard d’un siècle. Alors, comprenons une bonne fois pour toutes que ce n’est pas le dépôt qui démarre la création de la monnaie, mais bien les demandes de crédit des entreprises et des ménages que reçoit la banque commerciale. Et j’insiste sur ce point important que les banques commerciales n’ont pas l’argent pour financer les demandes de crédit qu’elles reçoivent à la fin de la journée. En réalité, après avoir validé la solvabilité et la crédibilité du client (selon la loi sur le crédit et sa politique de crédit), elles vont emprunter cet argent à la banque centrale qui ne prête qu’aux banques commerciales et qui est donc la banque des banques. Cependant, la banque des banques ou la banque centrale n’a pas non plus l’argent que lui demandent toutes les banques commerciales. En revanche, elle a le pouvoir, sur la base des dossiers de demande de crédit présentés par les banques commerciales, de créer par simple jeu d’écritures bancaires (chèque et virement) de l’argent neuf. C’est la monnaie scripturale qui représente 80% de l’argent du monde et qu’elle va prêter à bas taux (C’est le fameux taux directeur de la Banque centrale). Voilà comment les pays développés injectent de l’argent dans leur économie par la création monétaire basée sur la solvabilité et la crédibilité des entreprises et des ménages.
Prenons les 2 exemples concrets d’une entreprise qui va emprunter 250.000$ sur un an pour la construction d’une maison et un ménage qui va emprunter 300.000$ pour acheter une maison.
1- l’Entreprise va déposer une demande de crédit de 250.000$ à sa Banque. La banque étudie le dossier et emprunte à un taux de 3% cette somme à la Banque des Banques qui va créer les 250.000$ pour les lui prêter. La banque commerciale va à son tour prêter cette somme à l’entreprise à 6%. L’entreprise va ainsi injecter ces 250.000$ dans le marché local du foncier, des matériaux de construction et de l’emploi tout au long de la période de construction. À la vente de la maison à 300.000$, l’entreprise empoche 50.000$, la banque empoche ses 3% d’intérêt sur un an et va rembourser les 250.000$ à la banque centrale plus les 3% d’intérêt. La Banque centrale va empocher 3% d’intérêt et va détruire les 250.000$ qu’elle avait créé.
2- Le ménage, lui, signe une hypothèque pour l’achat d’une maison à 300.000 $ à un Taux de 4% sur 25 ans avec sa banque. Suite à cette demande de financement par le ménage, La banque commerciale emprunte 300.000$ à la banque centrale qui va créer cet argent et va lui prêter à 2%. L’entreprise constructrice de la maison va recevoir un virement de 300.000 $ de la banque du ménage. Et sur chaque versement mensuel du ménage, il y’a une portion de capital qui sera détruite et il restera une portion intérêts que se partagent la banque commerciale et la banque des banques. Sur 25 ans, le ménage va rembourser les 300.000$ qui seront entièrement détruits et il ne restera que la richesse produite et qui est la somme correspondante au 4% d’intérêt.
In fine, 80% de la monnaie du monde provient des Banques Centrales par le pouvoir de la création et de la destruction monétaire. Voilà l’enjeu de la monnaie dont nos nations se privent par ignorance. Beaucoup de ceux qui luttent contre le FCFA ignorent la vitalité du pouvoir de création monétaire dans le financement de la création de la richesse. Ainsi la barrière d’une monnaie est bien des politiciens incompétents et techniquement limités en ingénierie financière et qui se ridiculisent par l’apologie du FCFA. Il ne peut y avoir d’émergence sans la création monétaire et les instruments monétaires qui sont la sève nourricière ou le lubrifiant de la mécanique financière qui permettent la création d’une richesse porteuse de bien-être des populations africaines. Comme disait l’autre, si la finance était une arme à feu l’homme politique est celui qui appuie sur la gâchette. En attendant ma prochaine note, toujours sur la finance, je termine par cette citation du père de la Chine moderne SUN YAT-SEN qui disait que « dans la construction d'un pays, ce ne sont pas les travailleurs manuels qui manquent, mais bien les idéalistes et les planificateurs. »
Moussa Bala Fofana
Ancien conseiller technique du Gouvernement du Sénégal & conseiller financier en Banque au Canada
Expert en Planification des Programmes, Développement Territorial & Ingénierie urbaine.
Candidat Législatives 2017 – Circonscription nord-américaine
Ctfofana.matcl@gmail.com - https://www.facebook.com/moussabala.fofana
D’abord, comprenons que la monnaie est une création de l’activité économique. De ce fait, avant de parler de la monnaie, nous devons comprendre que la création de richesse d’une nation est assurée par deux moteurs que sont l’entreprise productrice de bien et le ménage consommateur de ce bien. Quand un produit est consommé, une richesse est créée via cette transaction. Ainsi l’entreprise (de préférence nationale pour éviter la désillusion des croissances creuses et appauvrissantes du Sénégal) achète de la matière depuis les territoires, produit un bien et le vend. Le ménage rachète ce bien, le consomme et revend son capital humain aux entreprises. Voilà un circuit qui permet une première conclusion que la politique monétaire et les instruments monétaires n’ont de sens que par l’existence d’une économie réelle, depuis les territoires africains, portée et protégée par un régime qui assume son rôle d’état planificateur, entrepreneur et actionnaire.
Après cette précision de taille, parlons maintenant de la nécessité de disposer du pouvoir de création de la monnaie pour financer la consommation des ménages et l’activité de production des entreprises. Le fait est que ces deux branches ont besoin de fonds et le monde de la finance a compris depuis les années 70 que l’argent réel (les billets qu’on appelle monnaie fiduciaire, car basée sur la confiance sociale) ne suffit plus à faire marcher l’économie. Il faut savoir que l’argent en billets et les pièces (monnaie divisionnaire) représentent moins de 20% de l’argent qui circule.
En effet, beaucoup de personnes pensent toujours que partout dans le monde une banque finance les emprunteurs par l’argent réel déposé par les autres clients. Cette idée est tout à fait obsolète. Seuls les pays africains sans souveraineté monétaire sont encore dans cette pratique ou dynamique. Depuis l’avènement de la finance moderne, nos apprentis politiciens sont restés dans la servitude et en retard d’un siècle. Alors, comprenons une bonne fois pour toutes que ce n’est pas le dépôt qui démarre la création de la monnaie, mais bien les demandes de crédit des entreprises et des ménages que reçoit la banque commerciale. Et j’insiste sur ce point important que les banques commerciales n’ont pas l’argent pour financer les demandes de crédit qu’elles reçoivent à la fin de la journée. En réalité, après avoir validé la solvabilité et la crédibilité du client (selon la loi sur le crédit et sa politique de crédit), elles vont emprunter cet argent à la banque centrale qui ne prête qu’aux banques commerciales et qui est donc la banque des banques. Cependant, la banque des banques ou la banque centrale n’a pas non plus l’argent que lui demandent toutes les banques commerciales. En revanche, elle a le pouvoir, sur la base des dossiers de demande de crédit présentés par les banques commerciales, de créer par simple jeu d’écritures bancaires (chèque et virement) de l’argent neuf. C’est la monnaie scripturale qui représente 80% de l’argent du monde et qu’elle va prêter à bas taux (C’est le fameux taux directeur de la Banque centrale). Voilà comment les pays développés injectent de l’argent dans leur économie par la création monétaire basée sur la solvabilité et la crédibilité des entreprises et des ménages.
Prenons les 2 exemples concrets d’une entreprise qui va emprunter 250.000$ sur un an pour la construction d’une maison et un ménage qui va emprunter 300.000$ pour acheter une maison.
1- l’Entreprise va déposer une demande de crédit de 250.000$ à sa Banque. La banque étudie le dossier et emprunte à un taux de 3% cette somme à la Banque des Banques qui va créer les 250.000$ pour les lui prêter. La banque commerciale va à son tour prêter cette somme à l’entreprise à 6%. L’entreprise va ainsi injecter ces 250.000$ dans le marché local du foncier, des matériaux de construction et de l’emploi tout au long de la période de construction. À la vente de la maison à 300.000$, l’entreprise empoche 50.000$, la banque empoche ses 3% d’intérêt sur un an et va rembourser les 250.000$ à la banque centrale plus les 3% d’intérêt. La Banque centrale va empocher 3% d’intérêt et va détruire les 250.000$ qu’elle avait créé.
2- Le ménage, lui, signe une hypothèque pour l’achat d’une maison à 300.000 $ à un Taux de 4% sur 25 ans avec sa banque. Suite à cette demande de financement par le ménage, La banque commerciale emprunte 300.000$ à la banque centrale qui va créer cet argent et va lui prêter à 2%. L’entreprise constructrice de la maison va recevoir un virement de 300.000 $ de la banque du ménage. Et sur chaque versement mensuel du ménage, il y’a une portion de capital qui sera détruite et il restera une portion intérêts que se partagent la banque commerciale et la banque des banques. Sur 25 ans, le ménage va rembourser les 300.000$ qui seront entièrement détruits et il ne restera que la richesse produite et qui est la somme correspondante au 4% d’intérêt.
In fine, 80% de la monnaie du monde provient des Banques Centrales par le pouvoir de la création et de la destruction monétaire. Voilà l’enjeu de la monnaie dont nos nations se privent par ignorance. Beaucoup de ceux qui luttent contre le FCFA ignorent la vitalité du pouvoir de création monétaire dans le financement de la création de la richesse. Ainsi la barrière d’une monnaie est bien des politiciens incompétents et techniquement limités en ingénierie financière et qui se ridiculisent par l’apologie du FCFA. Il ne peut y avoir d’émergence sans la création monétaire et les instruments monétaires qui sont la sève nourricière ou le lubrifiant de la mécanique financière qui permettent la création d’une richesse porteuse de bien-être des populations africaines. Comme disait l’autre, si la finance était une arme à feu l’homme politique est celui qui appuie sur la gâchette. En attendant ma prochaine note, toujours sur la finance, je termine par cette citation du père de la Chine moderne SUN YAT-SEN qui disait que « dans la construction d'un pays, ce ne sont pas les travailleurs manuels qui manquent, mais bien les idéalistes et les planificateurs. »
Moussa Bala Fofana
Ancien conseiller technique du Gouvernement du Sénégal & conseiller financier en Banque au Canada
Expert en Planification des Programmes, Développement Territorial & Ingénierie urbaine.
Candidat Législatives 2017 – Circonscription nord-américaine
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