Des sanglots vite étouffés, une bousculade de photographes et des cameramen voulant rendre immortel ce moment où le cercueil est glissé dans le corbillard. Tout autour, Khalilou Fadiga, Daniel Bocandé, ancien international olympique et fils du défunt, Roger Mendy, Joseph Koto, entre autres sportifs de renom et personnalités de différents secteurs d’activité.
Le Sénégal officiel est là, représenté par El Hadj Malick Gackou, ministre des Sports. Aux côtés de Youssou Ndour, ministre de la Culture et du Tourisme et bien d’autres personnalités.
Selon un membre de la famille du défunt, à la voix empreinte d’émotion, ‘’cette image démontre ce que Bocandé a toujours été, ce liant entre les citoyens, entre les populations et entre les générations’’.
Quelques minutes plus tôt, l’ancien partenaire de Bocandé, Mamadou Marième Diallo, expliquait sa présence sur les lieux : rendre hommage ‘’à un citoyen sénégalais fier et fier de l’être’’.
‘’Depuis plusieurs années, je m’étais retiré du football. Mais ce soir, par devoir et par amitié pour quelqu’un que j’ai admiré, qui a été mon partenaire, il fallait que je vienne’’, affirme l’ancien défenseur central, qui a joué les coupes d’Afrique de 1990, 1992 et 1994.
Pour l’ancien ministre des Sports, Faustin Diatta, ce liant ‘’ne doit jamais être défait, pour l’intérêt du Sénégal’’. ‘’Ce soir, c’est cette unité entre les générations, entre les supporters de tous les camps, entre les dirigeants d’hier et d’aujourd’hui, entre personnalités et hommes du peuple qu’il faut magnifier’’, dit-il.
A Jules Bocandé, l’architecte Pierre Goudiaby Atepa chante ce vers de Birago Diop très connu des Sénégalais : ‘’Les morts ne sont pas morts’’. ‘’Pour ce qu’il a fait, le Sénégal ne pourra jamais l’oublier. Il a démontré que tout citoyen, dans son domaine d’activité, doit pouvoir se donner pour son pays’’, témoigne Atépa, engoncé dans un costume sombre.
‘’Tout citoyen sénégalais doit souhaiter ce genre d’hommage de ses concitoyens’’, ajoute l’architecte, jetant un regard vers les supporters du 12ème Gaïndé et le groupe ‘’Allez Casa’’, qui forment une haie d’honneur.
Bercé par la chorale de la troupe Bakalama de Thionck-Essyl, l’icône du 12ème Gaïndé, Abdoulaye Thiam, se remémore les propos de Jules Bocandé à l’endroit de joueurs, en Namibie. ‘’Et ce soir, je me rappelle des mots qu’il avait prononcés à Windhoek, à quelques heures du match contre la Namibie, en demandant aux joueurs de le regarder dans les yeux’’, se souvient Thaim Gaïndé, rappelant que seul El Hadj Diouf lui avait répondu.
‘’Diouf disait qu’il n’avait pas besoin de parler, parce que son regard suffisait’’, rappelle Thiam.
Présent ce soir à l’aéroport Senghor, le même Diouf, au bord des larmes, dans une tenue traditionnelle noire, lunettes de même couleur, n’a pas les mots, malgré les nombreuses sollicitations, pour faire un témoignage ou rendre hommage au défunt.
D’autres visages familiers du football sont là. Yatma Diouck, qui était de ceux qui ont défendu les couleurs du Sénégal à la CAN 1968, à Asmara (Érythrée), vient représenter les Anciennes gloires de Saint-Louis. Souleymane Camara Gaucher, joueur, puis entraîneur, est sur les lieux. Tout comme Ass Mandaw Sy et les joueurs de Niary Tally, habillés aux couleurs de leur club.
Pour tout ce monde, Jules Bocandé doit rester à jamais dans les cœurs, estime Boune Sadio, employé au Centre des œuvres universitaires de Dakar (COUD) et indécrottable supporter du Casa Sports. Il se souvient, ‘’comme si c’était hier’’, les finales de Coupe du Sénégal 1978 et 1979.
Au milieu des supporters, le corbillard mettra plusieurs minutes dans la zone de fret de l’aéroport, avant de s’ébranler en direction de l’Hôpital Principal.