Le costume d’homme public est taillé dans l’étoffe d’un rebelle au verbe haut. Moustapha Cissé Lô ne s’accommode d’aucun décalage entre l’offense reçue et la réplique assénée sans concessions. Il assume le costume d’alarme de la République et de son parti. Rester ou partir n’a d’enjeu que l’honneur à défendre. La vertu est sa mise dans le grand jeu politique qui ne révèle les véritables tempéraments de ses acteurs que lorsque sonne l’heure du partage des honneurs. Le député de Touba-Mbacké, lui, choisit l’Honneur. En clair, il s’agir de ne pas prendre de rôle dans le théâtre quotidien où le silence et les mots soyeux deviennent des passeports pour les lambris du pouvoir. Il agace parfois, heurte souvent mais ne laisse personne indifférent. Il commence toujours par affirmer ses convictions et il finit toujours par préserver ses convictions. Le vote du Groupe Libéral démocratique en 2008 ou le décret de Macky Sall en 2012 ont eu raison de son mandat de député et de ministre-conseiller. Mais ils n’ont pas emporté sa foi en son étoile politique et en sa dignité d’homme dans le flot des intérêts du moment.
Un tel homme dérange mais finit toujours par forcer le respect grâce à une certaine constance à sonner l’alerte quitte à en payer le prix de la solitude ou de quelques avantages politique et matériels. Pour s’être réalisé dans son business en dehors de dividendes des compagnonnages politiques, Moustapha Cissé Lô sait payer le prix de l’indépendance d’esprit. La foi et la fidélité sont les étalons immuables dans sa bourse des valeurs morales. Il galope vers son idéal, n’ayant pas peur de la solitude parmi la foule qui dit les éloges pour plaire aux puissants. Il chemine parmi les périls de la politique, outré par les mines jetées sur les routes des destins collectifs. Il garde la tête haute, pas loin de ce verbe qui appelle une réflexion profonde sur la relation à la constance. Il n’a pas peur des démesures.
Accroché aux principes, il a défié l’administrateur civil au long cours, Moustapha Niasse. La discipline de parti supporte-t-elle l’humeur rebelle d’un tel homme, caricaturé à son seul fait d’arme, El Pistolero ? C’est à ce point précis qu’intervient la rupture logique avec ses frères de parti. Le débat doit être porté dans les instances. Il n’est pas un exercice public de démonstration de courage. A moins que ce parti, l’Alliance pour la République, refuse les notes discordantes dans la conduite de son agenda. La question est pertinente à la lumière du défaut de structuration d’un parti né pour, tout de suite, laisser le soin à une « coalition de coalitions » porter son chef au pouvoir. Un homme dont les mots sont accrochés au cœur telle une main généreuse ne peut se taire lorsque la multitude vogue à contrecourant. Cet émotif qui pleure n’a au fait pas une face cachée. Ses coups de cœur et ses excès relèvent de son naturel d’âme forgée dans la générosité. Mais gare à la ligne rouge !
Amadou Lamine NDIAYE