Au IVe siècle avant Jésus Christ, le dramaturge Ménandre, dans ses Pensées morales disait ceci: " La parole cause bien des maux, et souvent elle a perdu celui qui l'a proférée ; apprends à te taire, ou si tu dois dire quelque chose, ne prononce que des mots qui vaillent mieux que ton silence". Cette belle sagesse devrait inciter la classe politique sénégalaise à la retenue afin de créer les conditions d'un débat politique sain et civilisé dans lequel l'excès et la maladresse seront bannis. Dans le cas contraire, nous risquons de vivre pendant une bonne période l’histoire de « l’Ours et l’amateur des jardins » contée par Jean de la Fontaine dans ses Fables. Pour celles et ceux qui ne la connaissent pas, je vais emprunter la bouche et la langue du Dr Massamba Guèye, Professeur, Conteur, Ecrivain et Dramaturge, pour leur narrer l’histoire : « Un Ours vivait seul et caché dans les montagnes pendant très longtemps si bien qu’à la fin, il devint fou de son isolement. Pendant qu’il vivait mélancoliquement sa situation, un vieillard s’ennuyait lui aussi dans les jardins fleuris. Fatigué de sa vie monotone, celui-ci alla chercher compagnie. Porté par le même dessein, l’Ours sortit des montagnes et rencontra le vieillard. Les deux devinrent de bons amis. Ils vécurent ensemble dans les jardins et chacun faisait son activité favorite. Un jour, l’Ours qui était un bon « émoucheur » (celui qui chasse les mouches), voyant qu’une mouche importunait son ami le vieillard pendant son sommeil, voulut le protéger. Après avoir chassé vainement, à plusieurs reprises, la mouche imprudente, l’Ours décida de passer à la vitesse supérieure. Il prit une grosse pierre pour écraser la mouche qui s’était posée sur le bout du nez de son ami. En écrasant la mouche, il casse en même temps la tête du vieillard. Par amitié et par maladresse, l’Ours a tué son meilleur ami. A la fin de la Fable, La Fontaine donne la formule de sagesse suivante : « Rien n’est si dangereux qu’un ignorant ami/Mieux vaudrait un sage ennemi ».
Cette histoire tragique résume parfaitement l’effervescence politico-médiatique qui accompagne le dossier judiciaire du Maire de Dakar. Des émissions à la télévision, à la radio, des interviews et autres formes d’expressions médiatiques servent de tribunes à des hommes politiques, pour se prononcer sur une question judiciaire mal maitrisée. L’examen de ces différentes interventions montre qu'ils profitent du dossier du Maire de Dakar pour en faire un fonds d’existence politique. D’autres esprits sataniques jettent de l’huile sur le feu et souhaitent que le pays brûle. Les équilibristes imaginent des pirouettes pour essayer de contenter tout le monde et se donner bonne conscience. L’autre catégorie la plus importante, les « amis ignorants », tente de défendre maladroitement un camp. Ils sont très nombreux et polluent l’atmosphère politique.
Du côté de l’Opposition, leur violence verbale est sans égale. C'est ainsi que dans le registre de la menace, un maire s’est tristement illustré en affirmant: « Si Khalifa n’est pas libéré, pas de fête d’indépendance à Dakar ». Dans la même veine, cet autre psychologue, qui a d'ailleurs besoin d'un "NDEUP", a eu l’outrecuidance de déclarer publiquement que « Macky Sall est un accident historique ». A l'Assemblée nationale, un député, connu pour son indiscipline et son arrogance légendaires, s'est illustré par la plus vile des manières devant ses collègues, le Président de l'Institution et le Premier Ministre. Ces propos sonnent, il faut le dire, comme des signes de la faillite morale de certaines personnes qui n'ont rien à faire en politique. Les esprits brumeux de cet acabit n'ont pas compris que l'engagement politique est une attitude qui consiste à intervenir dans la vie de la société en respectant les valeurs de celle-ci. Etre un homme politique c'est d'abord et avant tout, un savoir être, un travail permanent sur soi. Or il me semble que ceux qui défendent le Maire de Dakar de cette manière, le desservent fatalement. A la place d'arguments juridiques appropriés, ils choisissent, l'insulte, la désinformation, l’instrumentalisation des jeunes et la manipulation de l'opinion publique. Avec ces axes de défense qui ne peuvent légitimer aucun combat politique, les partisans du Maire Khalifa Sall risquent d'avoir le contraire de l'effet escompté.
Dans leur argumentaire politique, ils dénoncent d'abord, une justice sélective et soutiennent que le moment est politiquement chargé pour engager des poursuites contre leur mentor. Sur ce point, je voudrais bien qu’ils comprennent aussi que le temps de la justice est différent de celui du politique. La justice est rendue en tous lieux et en tous temps au nom du peuple. Dans les pays où la justice est en pause ou mise entre parenthèses, les conflits se règlent par d’autres moyens.
Ils disent ensuite, que le dossier est politique et la démarche du pouvoir est suspecte. Dans leur exercice, ils cherchent vaille que vaille à jeter le discrédit sur l’Inspection Générale d’Etat(IGE) et la justice sénégalaise. Or, ceux qui aspirent aux honneurs ne doivent, en aucun cas, déshonorer des institutions qui honorent la République qu’ils prétendent servir.
Concernant l’IGE, ses rapports sont écrits par de hauts fonctionnaires chevronnés de l’Etat qui n’ont aucune coloration politique. Mieux, ces mêmes rapports sont contradictoires et soumis à un contrôle qualité à l’interne avant leur remise officielle au Chef de l’Etat. C'est après l'approbation du Président de la République que le Gouvernement se saisit des rapports pour la mise en œuvre des recommandations qui deviennent en ce moment des directives. La rédaction des rapports de l’IGE est très sérieuse et il n’est pas donné à ceux qui s'essaient en politique de comprendre les mécanismes qui encadrent ce processus, la rigueur qui caractérise le travail de ces agents, la maturité, la responsabilité et le sens de l’Etat qui animent ces hommes et ces femmes. A titre illustratif, le rapport d’inspection de la Mairie de Dakar a été élaboré sur une durée de dix-huit(18) mois alors même que la date des élections législatives n’était pas fixée. Donc l’idée d’une manipulation politique est complètement absurde. Les observateurs avertis savent d'ailleurs que l’IGE est au service exclusif de l’Etat et ceux qui veulent faire croire le contraire doivent déchanter.
S’agissant de la justice, nous avons tous intérêt qu’elle soit debout et forte. Nul ne peut attester, avec des arguments juridiques, que la démarche qui a été adoptée par le Procureur de la République est contraire à sa mission. Il est le maitre des poursuites et celles-ci sont faites au nom du peuple sénégalais. De la même manière, les ordonnateurs de dépenses travaillent pour le peuple et doivent rendre compte au peuple. Pourquoi, sous prétexte de la liberté d’expression, certains apprentis sorciers attaquent le Procureur de la République qui ne fait que son travail? Nous devons œuvrer à l’édification d’une justice forte, capable de répondre aux préoccupations de notre société. C'est pourquoi les citoyens sont en droit d’exiger, au nom de la bonne gouvernance, la reddition des comptes, la transparence et la sanction des mauvaises pratiques. Pour le cas d’espèce, le rapport d’inspection de l’IGE à la Mairie de Dakar a montré que les mauvaises pratiques se sont sédimentées dans la gestion de l’Institution. S’il y a vraiment des actes suspects que personne ne peut nier dans ce dossier, c’est bien l’établissement de fausses factures, l’usage de faux et l'incapacité à fournir les pièces justificatives des dépenses effectuées par le Maire Khalifa Sall.
Les plus téméraires disent enfin, que le Maire de Dakar n’a rien fait et que le Pouvoir s’acharne contre lui pour le liquider. Je voudrais faire observer que la routine et le mimétisme n’ont jamais été un gage de bonne gestion. Est-ce que le fait de dire : « j’ai géré la caisse d’avance comme l’ont fait mes prédécesseurs » constitue un argument juridique? Ceux qui veulent diriger les sénégalais ne doivent pas prêter le flanc ni dans leur communication ni dans leur gestion. Donc l'idée d'un acharnement du Pouvoir sur Khalifa Sall est totalement infondée et insensée. Au contraire c’est l’appel du Maire de Dakar à l’insurrection, qui est grave, irresponsable et indigne d’un élu du peuple. Cette volonté manifeste de vouloir déstabiliser le pays est le signe d’un niveau d’éthique condamnable.
Du côté de l’APR, on n’a pu noter aussi des écarts entre la fin et les moyens. C’est ce qu’il faut retenir de la sortie maladroite de ceux qui laissent entendre que le dossier du Maire de Dakar est « politique ». La réprobation générale qui a suivi ces déclarations malencontreuses se comprend parfaitement dans la mesure où les sénégalais sont convaincus de l’attachement indéfectible du Président Macky Sall au principe de la séparation des pouvoirs. Ces propos n’engagent que son auteur puisque chacun est maître de sa langue. Je pense que la langue lui a probablement fourché car son engagement positif aux côtés du Président Macky Sall ne souffre d’aucune ambiguïté. Ses propos sont peut-être allés au-delà de sa pensée car d’une manière ou d’une autre tout le monde dérape. Cependant, il faut aussi admettre que nul n’a le droit de persister dans un délire émotionnel qui peut nuire. Errare humanum est, perseverare diabolicum (l'erreur est humaine, l'entêtement est diabolique).
Dans la même veine des interventions hasardeuses, j'ai retenu celle de cet allié dans Benno Bokk Yaakaar qui, dans sa quête de trouver une formule originale d’existence politique dit ceci : « je ne serai jamais le griot de Macky Sall. Je suis contre l’arrestation de Khalifa Sall ». Au-delà du caractère burlesque et loufoque enrobé dans un mélange de genre hypocrite, cette déclaration, il faut le noter pour le déplorer, contient les germes d'une déloyauté rampante et d'une trahison en marche.
D'un côté comme de l'autre, il est important que les uns et les autres s’éloignent des réactions émotionnelles s'ils veulent que ce qu'ils font ne soit pas privé de sens. Au nom de l’égalité, aucun citoyen n’est au-dessus de la loi et personne ne peut se soustraire à la justice. Malheureusement le débat politicien a pris le dessus sur les vraies questions. Les constantes sont reléguées au second plan au profit des variables.
Diamé DIOUF, Conseiller Technique
Cette histoire tragique résume parfaitement l’effervescence politico-médiatique qui accompagne le dossier judiciaire du Maire de Dakar. Des émissions à la télévision, à la radio, des interviews et autres formes d’expressions médiatiques servent de tribunes à des hommes politiques, pour se prononcer sur une question judiciaire mal maitrisée. L’examen de ces différentes interventions montre qu'ils profitent du dossier du Maire de Dakar pour en faire un fonds d’existence politique. D’autres esprits sataniques jettent de l’huile sur le feu et souhaitent que le pays brûle. Les équilibristes imaginent des pirouettes pour essayer de contenter tout le monde et se donner bonne conscience. L’autre catégorie la plus importante, les « amis ignorants », tente de défendre maladroitement un camp. Ils sont très nombreux et polluent l’atmosphère politique.
Du côté de l’Opposition, leur violence verbale est sans égale. C'est ainsi que dans le registre de la menace, un maire s’est tristement illustré en affirmant: « Si Khalifa n’est pas libéré, pas de fête d’indépendance à Dakar ». Dans la même veine, cet autre psychologue, qui a d'ailleurs besoin d'un "NDEUP", a eu l’outrecuidance de déclarer publiquement que « Macky Sall est un accident historique ». A l'Assemblée nationale, un député, connu pour son indiscipline et son arrogance légendaires, s'est illustré par la plus vile des manières devant ses collègues, le Président de l'Institution et le Premier Ministre. Ces propos sonnent, il faut le dire, comme des signes de la faillite morale de certaines personnes qui n'ont rien à faire en politique. Les esprits brumeux de cet acabit n'ont pas compris que l'engagement politique est une attitude qui consiste à intervenir dans la vie de la société en respectant les valeurs de celle-ci. Etre un homme politique c'est d'abord et avant tout, un savoir être, un travail permanent sur soi. Or il me semble que ceux qui défendent le Maire de Dakar de cette manière, le desservent fatalement. A la place d'arguments juridiques appropriés, ils choisissent, l'insulte, la désinformation, l’instrumentalisation des jeunes et la manipulation de l'opinion publique. Avec ces axes de défense qui ne peuvent légitimer aucun combat politique, les partisans du Maire Khalifa Sall risquent d'avoir le contraire de l'effet escompté.
Dans leur argumentaire politique, ils dénoncent d'abord, une justice sélective et soutiennent que le moment est politiquement chargé pour engager des poursuites contre leur mentor. Sur ce point, je voudrais bien qu’ils comprennent aussi que le temps de la justice est différent de celui du politique. La justice est rendue en tous lieux et en tous temps au nom du peuple. Dans les pays où la justice est en pause ou mise entre parenthèses, les conflits se règlent par d’autres moyens.
Ils disent ensuite, que le dossier est politique et la démarche du pouvoir est suspecte. Dans leur exercice, ils cherchent vaille que vaille à jeter le discrédit sur l’Inspection Générale d’Etat(IGE) et la justice sénégalaise. Or, ceux qui aspirent aux honneurs ne doivent, en aucun cas, déshonorer des institutions qui honorent la République qu’ils prétendent servir.
Concernant l’IGE, ses rapports sont écrits par de hauts fonctionnaires chevronnés de l’Etat qui n’ont aucune coloration politique. Mieux, ces mêmes rapports sont contradictoires et soumis à un contrôle qualité à l’interne avant leur remise officielle au Chef de l’Etat. C'est après l'approbation du Président de la République que le Gouvernement se saisit des rapports pour la mise en œuvre des recommandations qui deviennent en ce moment des directives. La rédaction des rapports de l’IGE est très sérieuse et il n’est pas donné à ceux qui s'essaient en politique de comprendre les mécanismes qui encadrent ce processus, la rigueur qui caractérise le travail de ces agents, la maturité, la responsabilité et le sens de l’Etat qui animent ces hommes et ces femmes. A titre illustratif, le rapport d’inspection de la Mairie de Dakar a été élaboré sur une durée de dix-huit(18) mois alors même que la date des élections législatives n’était pas fixée. Donc l’idée d’une manipulation politique est complètement absurde. Les observateurs avertis savent d'ailleurs que l’IGE est au service exclusif de l’Etat et ceux qui veulent faire croire le contraire doivent déchanter.
S’agissant de la justice, nous avons tous intérêt qu’elle soit debout et forte. Nul ne peut attester, avec des arguments juridiques, que la démarche qui a été adoptée par le Procureur de la République est contraire à sa mission. Il est le maitre des poursuites et celles-ci sont faites au nom du peuple sénégalais. De la même manière, les ordonnateurs de dépenses travaillent pour le peuple et doivent rendre compte au peuple. Pourquoi, sous prétexte de la liberté d’expression, certains apprentis sorciers attaquent le Procureur de la République qui ne fait que son travail? Nous devons œuvrer à l’édification d’une justice forte, capable de répondre aux préoccupations de notre société. C'est pourquoi les citoyens sont en droit d’exiger, au nom de la bonne gouvernance, la reddition des comptes, la transparence et la sanction des mauvaises pratiques. Pour le cas d’espèce, le rapport d’inspection de l’IGE à la Mairie de Dakar a montré que les mauvaises pratiques se sont sédimentées dans la gestion de l’Institution. S’il y a vraiment des actes suspects que personne ne peut nier dans ce dossier, c’est bien l’établissement de fausses factures, l’usage de faux et l'incapacité à fournir les pièces justificatives des dépenses effectuées par le Maire Khalifa Sall.
Les plus téméraires disent enfin, que le Maire de Dakar n’a rien fait et que le Pouvoir s’acharne contre lui pour le liquider. Je voudrais faire observer que la routine et le mimétisme n’ont jamais été un gage de bonne gestion. Est-ce que le fait de dire : « j’ai géré la caisse d’avance comme l’ont fait mes prédécesseurs » constitue un argument juridique? Ceux qui veulent diriger les sénégalais ne doivent pas prêter le flanc ni dans leur communication ni dans leur gestion. Donc l'idée d'un acharnement du Pouvoir sur Khalifa Sall est totalement infondée et insensée. Au contraire c’est l’appel du Maire de Dakar à l’insurrection, qui est grave, irresponsable et indigne d’un élu du peuple. Cette volonté manifeste de vouloir déstabiliser le pays est le signe d’un niveau d’éthique condamnable.
Du côté de l’APR, on n’a pu noter aussi des écarts entre la fin et les moyens. C’est ce qu’il faut retenir de la sortie maladroite de ceux qui laissent entendre que le dossier du Maire de Dakar est « politique ». La réprobation générale qui a suivi ces déclarations malencontreuses se comprend parfaitement dans la mesure où les sénégalais sont convaincus de l’attachement indéfectible du Président Macky Sall au principe de la séparation des pouvoirs. Ces propos n’engagent que son auteur puisque chacun est maître de sa langue. Je pense que la langue lui a probablement fourché car son engagement positif aux côtés du Président Macky Sall ne souffre d’aucune ambiguïté. Ses propos sont peut-être allés au-delà de sa pensée car d’une manière ou d’une autre tout le monde dérape. Cependant, il faut aussi admettre que nul n’a le droit de persister dans un délire émotionnel qui peut nuire. Errare humanum est, perseverare diabolicum (l'erreur est humaine, l'entêtement est diabolique).
Dans la même veine des interventions hasardeuses, j'ai retenu celle de cet allié dans Benno Bokk Yaakaar qui, dans sa quête de trouver une formule originale d’existence politique dit ceci : « je ne serai jamais le griot de Macky Sall. Je suis contre l’arrestation de Khalifa Sall ». Au-delà du caractère burlesque et loufoque enrobé dans un mélange de genre hypocrite, cette déclaration, il faut le noter pour le déplorer, contient les germes d'une déloyauté rampante et d'une trahison en marche.
D'un côté comme de l'autre, il est important que les uns et les autres s’éloignent des réactions émotionnelles s'ils veulent que ce qu'ils font ne soit pas privé de sens. Au nom de l’égalité, aucun citoyen n’est au-dessus de la loi et personne ne peut se soustraire à la justice. Malheureusement le débat politicien a pris le dessus sur les vraies questions. Les constantes sont reléguées au second plan au profit des variables.
Diamé DIOUF, Conseiller Technique