C'est une fin de non-recevoir que la présidence égyptienne a adressé mardi matin à l'armée. Les militaires avaient donné 48 heures à Mohamed Morsi pour satisfaire les "demandes du peuple", faute de quoi, ils annonceraient "une feuille de route et des mesures pour superviser sa mise en œuvre".
"L'Egypte ne permettra absolument aucun retour en arrière quelles que soient les circonstances", a répondu le chef de l'Etat qui s'est posé en garant de la "réconciliation nationale" et de la "paix sociale". Une mission traditionnellement imputée à l'armée. A chaque poussée de fièvre, le peuple se tourne en effet vers elle, comme il y a deux ans et demi, lors de la chute de Hosni Moubarak. Mais durant les 18 mois de transition, elle avait été incapable de mettre le pays sur les voies du redressement.
Démission du ministre des Affaires étrangères
Lundi, le commandement de l'armée est de nouveau entré en scène, via une déclaration télévisée, en adressant un sévère avertissement aux forces politiques. Une annonce accueillie dans la liesse place Tahrir. "L'armée s'est rangée au côté du peuple", s'est félicité le mouvement Tamarrod, à l'origine des manifestations monstres. L'opposition avait elle-même fixé un ultimatum à Mohamed Morsi : mardi, 17 heures. La journée s'annonce donc décisive et le dialogue entre les différentes parties, difficile.
Après les démissions de quatre ministres lundi, le président paraît de plus en plus isolé. Mardi matin, le chef de la diplomatie égyptienne a claqué la porte du gouvernement. Un signe fort, Mohammed Kamel Amr étant une figure marquante du cabinet. Barack Obama a quant à lui appelé son homologue égyptien ce matin pour lui faire part de son inquiétude sur l'aggravation de la crise politique. Depuis la Tanzanie, le président américain a indiqué que Washington était attaché "au processus démocratique et ne soutenait aucun parti ou groupe". "La démocratie ne se limite pas aux élections, a-t-il souligné. Il s'agit aussi de faire en sorte que les voix de tous les Egyptiens soient entendues et représentées par leur gouvernement, y compris les nombreux Egyptiens qui manifestent à travers le pays".