Mohamed Morsi a été déclaré vainqueur de la présidentielle égyptienne, dimanche par le président de la commission électorale, Farouk Soltan. Une victoire saluée par le chef du pouvoir militaire qui a félicité le nouveau président.
M. Morsi a obtenu plus de 13 millions de voix contre plus de douze millions à son rival Ahmad Chafiq, ancien Premier ministre de Hosni Moubarak. Des milliers d'Egyptiens réunis sur la place Tahrir dans le centre du Caire ont explosé de joie dimanche à l'annonce de la victoire du candidat des Frères musulmans. Les manifestants réunis sur cette place, épicentre de la révolte qui a chassé du pouvoir Hosni Moubarak début 2011, scandaient «Allah akbar» (ndlr: «Dieu est le plus grand») en brandissant des drapeaux et des portraits du candidat islamiste. Les manifestants ont également lancé des feux d'artifice.
Sur un bandeau déroulant, la télévision d'Etat a annoncé que le maréchal Tantaoui, chef du Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui gère la transition en Egypte depuis le départ de Hosni Moubarak, a félicité Mohammed Morsi pour son élection.
Selon la commission électorale, le taux de participation au second tour de cette présidentielle, les 16 et 17 juin, s'est élevé à 51%. La participation lors du premier tour, les 23 et 24 mai, de cette première élection présidentielle depuis la chute de Hosni Moubarak en février 2011, avait été de 46%.
Déception vive dans le camp de Chafiq
A l'annonce des résultats, la déception était vive au sein du camp Chafiq, qui n'avait cessé de proclamer sa victoire sur la base de résultats provisoires au cours des derniers jours. Plusieurs de ses supportrices ont hurlé, d'autres étaient en pleurs alors que des hommes se sont pris la tête entre les mains. Le responsable de communication de la campagne de M. Chafiq, Ahmad Baraka a refusé de commenter cette défaite.
«Je suis vraiment triste», affirme Magued, un autre partisan de Chafiq. «Je ne vois pas comment l'Egypte sera représentée par cet homme et son groupe», s'interroge-t-il. «C'est un marché conclu entre l'armée et les Frères», déplore une supportrice qui a refusé d'être identifiée. Pour elle, «l'armée a peur que le pays s'engage dans la violence.» Chef du Parti de la Justice et de la Liberté (PLJ), vitrine politique des Frères, M. Morsi avait bénéficié lors de sa campagne du soutien de l'immense réseau militant des Frères, la plus importante et la mieux organisée des forces politiques du pays face au pouvoir incarné par l'armée.
Une marge de manoeuvre très réduite pour le nouveau président
Fort d'une légitimité populaire, le futur président disposera toutefois d'une marge de manoeuvre très réduite face au Conseil militaire, aux commandes du pays. L'armée a en effet récupéré le pouvoir législatif après la dissolution mi-juin de l'Assemblée, contrôlée par les islamistes, suite à un jugement déclarant illégal le mode de scrutin.
L'armée a promis de remettre avant le 30 juin le pouvoir exécutif au nouveau chef de l'Etat issu de l'élection présidentielle.