Question : Nous sommes à quelques jours de la tenue du 15ème Sommet de la Francophonie à Dakar; que peut-on retenir de l’état des préparatifs ?
Réponse: Nous sommes tout à fait satisfaits des préparatifs. Au commencement du processus, les instructions du Chef de l’Etat étaient claires. Il nous avait demandé de travailler pour une réussite totale du sommet; que la préparation soit faite avec des normes de qualité totale, sans faute, sans couac. Tant au plan organisationnel, qu’aux plans politique et scientifique, le pari est largement gagné.
Au plan organisationnel, la délégation à l’organisation du 15ème sommet de la francophonie s’est appuyée sur des commissions au nombre sept (7) pour procéder à une répétition générale, régulièrement, en faisant des scénarios, en produisant des normes pour juger de la qualité de chaque séquence, de chaque activité.
C’est ainsi que les commissions logistiques s’occupent de l’hébergement et du transport. Et, il y a des commissions protocole, projet d’accompagnement, et partenariat, santé, média, etc. Toutes les commissions ont produit des normes et des protocoles pour assurer à l’organisation une qualité totale.
Du point de vue politique, le comité ad hoc qui regroupe les représentants de tous les pays membres, est dirigé par notre compatriote, la ministre Penda MBOW, représentante du Chef de l’Etat auprés de l’OIF. Le Comité Ad hoc donc, a beaucoup travaillé sur la Déclaration de Dakar. Le document d’orientation de cette déclaration a été élaboré par le comité scientifique préparatoire du 15ème sommet. Et ce document a été adopté à l’unanimité, et par le comité ad hoc de rédaction de la déclaration de Dakar, et par le comité permanent de la Francophonie. Le Comité scientifique a également produit le document premier, le draft de la Déclaration de Dakar; ce qu’on appelle le projet martyr de la Déclaration de Dakar qui devait faire objet de négociation à Paris, entre les représentants des différents pays. La présidente du comité Ad Hoc, Penda MBOW, a dirigé avec beaucoup de brio les débats de ce comité-là, mais aussi la délégation sénégalaise avec nos compatriotes et collègues de l’Ambassade du Sénégal en France, notamment l’ambassadeur Paul BADJI, le monsieur Francophonie de l’Ambassade, Sonar NGOM, le ministre conseiller AÏDARA, etc; moi- même, président du comité scientifique. Nous avons défendu les positions du Sénégal; nous avons fait en sorte que la qualité des documents que nous avons réalisés impose le consensus dès le début. Et là, nous sommes juste dans le travail de toilettage de ce texte qui sera le document central du prochain Sommet de Dakar.
Là également, sur la base des orientations que le président de la République nous a fixés, je pense que nous avons travaillé sur la base de normes de qualité assez élevées. Et, de ce point de vue, nous pouvons dire que nous sommes fin prêts. Nous avons une dernière réunion le 17 novembre prochain à Paris pour adopter définitivement, au niveau du comité ad hoc, ce texte-projet de déclaration des Chefs d’Etat qui sera transmis au comité permanent de la Francophonie et à la Conférence ministérielle de la Francophonie.
Au plan scientifique, nous avons d’abord pris en compte les indications dégagées par le Président Macky SALL; c’est lui qui organise le Sommet. Il nous avait demandé de travailler sur une thématique qu’il avait formulée ainsi : «Femmes et jeunes en Francophonie: vecteurs de paix, acteurs de développement». Nous avons travaillé sur ce thème-là pour produire une brochure qui est intitulée les 7 raisons impératives d’un choix.
Q : Pouvez- vous revenir sur le choix du thème retenu ?
R : Nous avons choisi le thème général ‘’Femmes et jeunes en Francophonie : vecteurs de Paix, acteurs et développement’’ ; un argumentaire assez puissant qui a fait que lorsque nous sommes allés sous la direction de Mr Mankeur N'diaye, ministre des Affaires étrangères à la conférence ministérielle de la Francophonie à Paris les 07 et 08 novembre 2013. La thématique a été adoptée à l’unanimité. On a même applaudi. Ce qui inédit dans les annales de cette instance- là ; parce là- bas les gens n’applaudissent pas. Non seulement, les ministres, les collègues ont applaudi mais l’ont adopté sans débat. Or, généralement, quand les pays venaient avec un intitulé, ils repartaient avec un autre; tellement il y avait des amendements. Sur ce plan, je pense que nous avons accompli un bon travail.
L’autre aspect, ce sont les grandes conférences internationales. Il y avait un programme que nous avons réalisé; nous avons bouclé le cycle de conférences les 29, 30 et 31 octobre 2014.
Sur ce plan également, nous avons eu un premier Forum national de dimension très élevée avec comme thème : «Le Sénégal dans la francophonie» ; c’était en partenariat avec le ministère des Affaires étrangères et des Sénégalais de l’extérieur. Nous avons eu ensuite un Colloque international sur «Femmes et jeunes : enjeux et perspectives de la francophonie». Nous avons ensuite soutenu l’organisation des jeunes francophones qui a regroupé une trentaine de pays et qui a abouti à des conclusions intéressantes sur les questions de l’emploi, de la formation, de la solidarité.
Aussi, durant les 29, 30 et 31 octobre, nous avons organisé un autre Colloque international sur : « la Francophonie, de l’inspiration originelle aux défis actuels et futurs». Ça a regroupé des personnalités de très haut niveau. Et ce Colloque a permis d’aboutir, évidemment, à des recommandations très fortes.
Q : Les femmes et les jeunes sont bien pris en compte dans les différentes thématiques ; quelles sont vos impressions ?
Alors, il y a le Forum des femmes qui devrait avoir lieu très bientôt. Et on peut dire globalement que le programme que nous avions retenu, a été réalisé. Maintenant, il y a des activités que nous voulons organiser à un niveau national; comme par exemple la rencontre avec les Bloggeurs du Sénégal pour produire des contenus pour le Sommet de la Francophonie. Egalement, d’autres initiatives de jeunes, de femmes au niveau national vont permettre à ces jeunes de comprendre les enjeux de ce Sommet de Dakar.
Sans compter maintenant que nous avons été en partenariat avec beaucoup d’autres institutions internationales telles que l’ONU-Femme, où les violences faites aux femmes ont été au menu. Et, de concert avec l’Ambassade de Grande Bretagne, en plus de l’Association des femmes juristes du Sénégal, nous avons fait un panel sur «les violences faites aux femmes dans les zones de crise pendant les périodes de crise». Nous avons également été partenaires et actifs d’un Colloque international de haut niveau sur «les filles et le patrimoine», mais également «sur l’innovation dans l’industrie agro- alimentaire» avec la délégation de la Fédération Wallonie de Bruxelles.
Q : A votre niveau, quelles sont les difficultés rencontrées dans la préparation de cette importante rencontre de Dakar ?
Je dirais qu’il n’y a pas de difficultés majeures. D’abord au plan organisationnel et logistique, il faut rappeler que le Sénégal a une excellente et longue expérience. Nous avons commencé à organiser des événements de dimension internationale en 1966 avec la première édition du Festival mondial des Arts nègres qui avaient réuni ce que le monde noir avait de plus substantiel à travers la planète, aux plans intellectuel, culturel, artistique. Et donc, cette organisation était parfaite. Nous avons eu à organiser d’autres événements de dimension internationale.
Mais nous avons surtout réussi parce que les instructions du Président de la République étaient très claires. Ces instructions étaient basées sur trois impératifs : ‘’La qualité ! La qualité ! La qualité !’’. C’était très clair. Et, c’est pourquoi tout le monde s’est donné; les présidents de Commission, les membres de Commission, les membres du Comité scientifique, le staff technique du comité scientifique, les collaborateurs pour la dimension médiatique comme Pascal Alihonou, Amadou TALL dit Lilot. Donc, il y a eu vraiment un travail extraordinaire du point de vue communication médiatique.
On peut dire qu’à chaque fois qu’on sentait des difficultés, on a eu des mécanismes pour réajuster. Le Président de la République dirige des réunions périodiques pour faire l’état des lieux sur les difficultés. Et immédiatement des mesures sont prises. Le ministre-Directeur de cabinet aussi dirige régulièrement des réunions qui permettent également de lever ces difficultés.
Donc, à tous les niveaux il y a eu des mécanismes qui ont permis de réajuster à temps, afin que les délais soient respectés, mais également que la qualité et les normes qui sont préconisées, soient réalisées.
Q : Que peuvent être les retombées, l’impact socio- économique, du 15ème Sommet de l’OIF à l’endroit des pays membres, en général, et du Sénégal (pays d’accueil), en particulier ?
Les retombées, on peut les évaluer à deux niveaux au moins. Le premier niveau est celui des Chefs d’Etat et de gouvernement qui vont adopter deux documents stratégiques : la stratégie économique et la stratégie jeunesse.
En dehors de la déclaration dite Déclaration de Dakar, tous ces trois documents contiennent des recommandations très fortes qui devraient permettre aux pays de la Francophonie de renforcer leur coopération économique, leur solidarité, de faciliter les échanges entre les pays francophones dont le potentiel est extraordinaire. C’est une richesse économique colossale.
Et donc, on peut dire que ces stratégies économiques sont mises en œuvre; ça veut dire ont une plus-value en matière économique pour nos pays ; ça veut dire également plus d’opportunité de formation et d’emploi pour les jeunes, plus de mobilité. C’est d’un enjeu capital d’autant plus qu’il va permettre à la francophonie, après le départ de DIOUF, d’avoir un nouveau secrétaire général qui devra, avec l’avantage de la nouveauté, de l’enthousiasme et du commencement, mettre en œuvre la résolution du Sommet de Dakar.
Q : Quel est votre dernier mot ? Quel avantage nous offre ce Centre de Conférence Internationale de Diamniadio ?
R : Le dernier mot c’est que notre pays accueille pour la deuxième fois le Sommet de la Francophonie. C’est un événement exceptionnel. Nous avons eu la chance de réceptionner l’ouvrage qui va accueillir ce Sommet-là, en l’occurrence le Centre International de Conférence de Dakar qui, il faut le rappeler, relève d’un défi fou, d’un pari risqué. Parce que le Président de la République quand il a décidé de construire ce centre-là il y avait beaucoup de sceptiques. Beaucoup de personnes se disaient, mais en un an on ne peut pas construire un centre. Le Président SALL a pris le risque, il s’est engagé intellectuellement, politiquement, financièrement et même physiquement; parce qu’il était sur le chantier régulièrement et, à mon avis, on a gagné le pari. Le CICD a été construit en 11 mois et c’est ce qu’il y a de plus moderne aujourd’hui ; du point de vue des matériaux de construction, mais également des équipements technologiques. Un centre à la fois intelligent, grâce à ces technologies, un centre écologique par le procédé de récupération de l’eau, par également l’énergie solaire qui est mise sur place. Et, ce centre va nous permettre d’être de plain pied dans ce que l’on appelle l’industrie des conférences internationales qui drainent énormément de ressources. Donc, il était temps qu’au même titre que l’Afrique du Sud, le Maroc, nous puissions avoir un Centre de cette dimension, de ce standard, de cette classe internationale en mesure d’accueillir n’importe quelle conférence. On peut, aujourd’hui, organiser n’importe quelle conférence de dimension internationale.
Mais l’autre aspect aussi, c’est que le Chef de l’Etat avait envie de créer une nouvelle ville qui va désengorger Dakar, qui va offrir des opportunités de milliers et de milliers d’emplois aux jeunes du Sénégal ; parce qu’il y aura des infrastructures touristiques, un parc industriel, une cité du savoir, la deuxième université de Dakar, des infrastructures administratives parce que certains ministères vont être délocalisés à Diamniadio, des infrastructures sportives, des centres commerciaux, normalement le Cices même devait être transféré… Voilà, c’est donc un pôle de prospérité qui constitue un carrefour de toutes les routes qui mènent à l’intérieur du pays. L’avantage est que nous aurons de plus en plus de mouvements de Dakar vers l’intérieur du pays.
Donc, ce site de Diamniadio c’est une conception de l’aménagement, de la gestion du territoire qui s’inscrit dans une stratégie de création de richesse...