Le récit est toujours le même : trois heures avant la clôture du scrutin, plusieurs hommes qui disent être des représentants des candidats proposent de l'argent en liquide aux présidents des bureaux de vote, en échange d'un bourrage des urnes.
Moussa était assesseur, dimanche dernier à Kidal. C'est lui qui a alerté les journalistes présents dans ce complexe scolaire du centre de la ville, qui comptait 52 bureaux de vote : "Ils ont acheté les présidents des bureaux avec de grosses sommes d'argent, des billets de 10.000 [francs CFA]".
Bilal, président de l'un des bureaux, reconnaît avoir été approché. Mais il a refusé la proposition. "Ils proposaient environ 100.000 francs CFA. Je n'ai pas accepté".
Objectif : gonfler le taux de participation
Les bureaux de vote où la fraude a bien eu lieu seraient au nombre de cinq, selon les témoins. Les urnes s'y sont remplies en moins d'une heure selon Ahmed, président d'un autre bureau : "Des votes ont été vendus. On a vu les urnes se remplir d'un coup. Ils ont essayé aussi dans notre bureau, mais ils ont vu qu'avec nous ça ne pouvait pas marcher".
Cette élection présidentielle à Kidal n'a qu'une valeur symbolique. D'ailleurs, seuls trois candidats sont venus pendant la campagne dans cette région aux confins du Mali. Ces fraudes n'avaient donc qu'un objectif : gonfler le taux de participation, après l'appel au boycott de certains chefs rebelles.