Les électeurs sénégalais n’étaient pas sortis en masse pour voter hier. Le taux de participation tourne autour du quart des électeurs inscrits. Bien moins que le vote des élections législatives de 2007 avec 34,7% des électeurs qui s’étaient déplacés pour accomplir leur devoir civique. Si la faiblesse du taux de participation en 2007 pouvait s’expliquer par la décision d’une bonne frange des partis de l’opposition de boycotter le scrutin dont ils contestaient les conditions d’organisation qui n’aurait pas été de nature à garantir la sincérité des résultats, cette année, aucune chapelle politique n’a été en reste pour ces élections législatives. Pas moins de 24 listes de candidats ont concouru et toutes les formations ou sensibilités politiques ont été représentées.
Source: Le Quotidien
A quoi tiendrait alors la forte abstention observée ? Au-delà du fait que de nombreux observateurs ont trouvé que le fichier électoral était artificiellement gonflé, les premières explications voudraient que la campagne électorale n’ait pas emballé les électeurs. Les Sénégalais ne se sont pas vraiment sentis concernés par ces élections législatives. On voudrait croire que les grands ténors politiques ne se soient fortement impliqués dans la bataille électorale. Il aurait été sans doute plus intéressant pour les électeurs de voir leurs leaders politiques s’aligner en tête de liste de leurs circonscriptions électorales respectives, plutôt que de se réfugier dans les listes nationales pour se faire élire selon la règle du scrutin proportionnel qui se révèle être plus commode. Un Moustapha Niasse à la tête de la liste départementale de Nioro, un Idrissa Seck à Thiès, un Abdoulaye Baldé à Ziguinchor, un Ousmane Ngom à Saint-Louis, un Mamadou Seck à Pikine, un Cheikh Bamba Dièye à Saint-Louis, une Aïda Mbodji à Bambey ou une Aminata Tall à Diourbel, un Modou Diagne Fada ou un Thierno Lô à Kébémer, un Djibo Ka à Linguère, entre autres, auraient donné plus de relief à la compétition dans ces différentes circonscriptions électorales.
De nombreux électeurs se sont aussi gardés de se déplacer pour n’avoir pas bénéficié à l’occasion des Législatives de dimanche dernier des conditions habituelles d’encadrement des électeurs qu’assuraient certaines formations politiques. Des milliers d’électeurs avaient coutume d’être transportés, nourris et même payés pour accomplir leur devoir citoyen. Pour les élections du 1er juillet 2012, ce phénomène à été très marginalement observé. Il s’y ajoute une certaine démobilisation de l’électorat du Pds. L’absence de l’icône Abdoulaye Wade dans la campagne électorale n’a pas manqué de provoquer un désintérêt de l’électorat traditionnel du Pds. Aussi, les déchirures survenues dans ce parti suite aux investitures n’ont pas été pour mobiliser les militants. On a même constaté que des personnalités investies dans les listes du Pds comme Oumar Sow à Dagana et Khouraichi Thiam à Tambacounda ont décidé, en pleine campagne électorale, de tourner casaque pour appeler à voter Bennoo bokk yaakaar. Les militants déboussolés ont bien pu s’abstenir. Il s’y ajoute le discrédit de plus en plus affirmé, d’une Législature à une autre, du titre de député. Les députés ont eu à s’illustrer tristement comme étant mus à l’Assemblée nationale plus par leurs intérêts personnels et de parti que par les intérêts des électeurs. Ce discrédit de la classe politique avait été considéré comme étant la cause de l’abstention des électeurs mais on retiendra que l’analyse ne prospère plus car un rush de listes dites citoyennes a été noté lors de ces dernières élections législatives. Les listes citoyennes n’ont pas réussi à mieux intéresser les électeurs au vote. Il n’en demeure pas moins que les listes dites «religieuses» ont constitué la révélation de ce scrutin. En effet, on ne le dira jamais assez, en période de crise et de difficultés sociales, les populations se montrent assez ouvertes au discours des religieux.
Ce vote duquel se sont détournés la plupart des électeurs constitue un échec dont tout le monde porte la responsabilité. On se demandera jusqu’où la parité imposée pour la recevabilité des listes de députés n’a pas empêché de placer dans les listes des hommes susceptibles de recueillir de meilleurs coefficients électoraux. Les investitures opérées par certaines coalitions ont été parfois de nature à démobiliser certains militants. Par exemple à Matam, aucun responsable de l’Alliance pour la République n’a été investi dans la liste de Bennoo bokk yaakaar.
Il s’avère donc nécessaire de procéder à des correctifs indispensables afin de re-crédibiliser l’institution que constitue l’Assemblée nationale.
La première solution est de revenir au couplage des élections législatives avec l’élection présidentielle comme cela avait été le cas jusqu’en 1993. Cela permettrait que les élections de députés bénéficient de la même participation populaire que l’élection du président de la République. De tout temps, l’élection présidentielle draine plus d’électeurs que les autres types d’élections. Aussi, une telle réforme permettrait d’importantes économies en matière de dépenses électorales. Mais la réforme qui semble la plus urgente est celle du système d’élection des députés. Une formule qui supprimerait la dose de proportionnelle pour instaurer un système électoral au scrutin majoritaire intégral à deux tours serait approprié. Un tel système est en vigueur en France et il aurait l’avantage de rationaliser les listes. Des listes fantaisistes qui ne compteraient que sur «un plus fort reste» à la proportionnelle pour gagner des députés n’auraient plus leur place dans les élections législatives. La prolifération de telles listes sans aucune assise nationale coûte cher au contribuable. On constate, à l’examen des listes de candidats, que la plupart des listes n’arrivent même pas à trouver des personnes à investir au niveau de plus de la moitié des circonscriptions électorales du pays. On sait aussi qu’un certain clientélisme a permis à certaines listes de pouvoir trouver des candidats «députables». On ose espérer que les députés de la 12e Législature arriveront à redorer le blason du député Sénégalais.
Par Madiambal Diagne De nombreux électeurs se sont aussi gardés de se déplacer pour n’avoir pas bénéficié à l’occasion des Législatives de dimanche dernier des conditions habituelles d’encadrement des électeurs qu’assuraient certaines formations politiques. Des milliers d’électeurs avaient coutume d’être transportés, nourris et même payés pour accomplir leur devoir citoyen. Pour les élections du 1er juillet 2012, ce phénomène à été très marginalement observé. Il s’y ajoute une certaine démobilisation de l’électorat du Pds. L’absence de l’icône Abdoulaye Wade dans la campagne électorale n’a pas manqué de provoquer un désintérêt de l’électorat traditionnel du Pds. Aussi, les déchirures survenues dans ce parti suite aux investitures n’ont pas été pour mobiliser les militants. On a même constaté que des personnalités investies dans les listes du Pds comme Oumar Sow à Dagana et Khouraichi Thiam à Tambacounda ont décidé, en pleine campagne électorale, de tourner casaque pour appeler à voter Bennoo bokk yaakaar. Les militants déboussolés ont bien pu s’abstenir. Il s’y ajoute le discrédit de plus en plus affirmé, d’une Législature à une autre, du titre de député. Les députés ont eu à s’illustrer tristement comme étant mus à l’Assemblée nationale plus par leurs intérêts personnels et de parti que par les intérêts des électeurs. Ce discrédit de la classe politique avait été considéré comme étant la cause de l’abstention des électeurs mais on retiendra que l’analyse ne prospère plus car un rush de listes dites citoyennes a été noté lors de ces dernières élections législatives. Les listes citoyennes n’ont pas réussi à mieux intéresser les électeurs au vote. Il n’en demeure pas moins que les listes dites «religieuses» ont constitué la révélation de ce scrutin. En effet, on ne le dira jamais assez, en période de crise et de difficultés sociales, les populations se montrent assez ouvertes au discours des religieux.
Ce vote duquel se sont détournés la plupart des électeurs constitue un échec dont tout le monde porte la responsabilité. On se demandera jusqu’où la parité imposée pour la recevabilité des listes de députés n’a pas empêché de placer dans les listes des hommes susceptibles de recueillir de meilleurs coefficients électoraux. Les investitures opérées par certaines coalitions ont été parfois de nature à démobiliser certains militants. Par exemple à Matam, aucun responsable de l’Alliance pour la République n’a été investi dans la liste de Bennoo bokk yaakaar.
Il s’avère donc nécessaire de procéder à des correctifs indispensables afin de re-crédibiliser l’institution que constitue l’Assemblée nationale.
La première solution est de revenir au couplage des élections législatives avec l’élection présidentielle comme cela avait été le cas jusqu’en 1993. Cela permettrait que les élections de députés bénéficient de la même participation populaire que l’élection du président de la République. De tout temps, l’élection présidentielle draine plus d’électeurs que les autres types d’élections. Aussi, une telle réforme permettrait d’importantes économies en matière de dépenses électorales. Mais la réforme qui semble la plus urgente est celle du système d’élection des députés. Une formule qui supprimerait la dose de proportionnelle pour instaurer un système électoral au scrutin majoritaire intégral à deux tours serait approprié. Un tel système est en vigueur en France et il aurait l’avantage de rationaliser les listes. Des listes fantaisistes qui ne compteraient que sur «un plus fort reste» à la proportionnelle pour gagner des députés n’auraient plus leur place dans les élections législatives. La prolifération de telles listes sans aucune assise nationale coûte cher au contribuable. On constate, à l’examen des listes de candidats, que la plupart des listes n’arrivent même pas à trouver des personnes à investir au niveau de plus de la moitié des circonscriptions électorales du pays. On sait aussi qu’un certain clientélisme a permis à certaines listes de pouvoir trouver des candidats «députables». On ose espérer que les députés de la 12e Législature arriveront à redorer le blason du député Sénégalais.
Source: Le Quotidien