Après plus de 5 ans passés derrière les barreaux, Mbène Mbaye est libre. La jeune mère de 26 ans, poursuivie au départ, pour infanticide, a été condamnée à 5 ans de travaux forcés par la Chambre criminelle du tribunal de grande instance de Dakar ce vendredi 11 novembre 2016. Tribunal qui a disqualifié l'infraction d'infanticide pour laquelle elle était poursuivie en délaissement d’enfant ayant entraîné la mort de ce dernier. Mbène Mbaye a déjà purgé la peine qui lui a été infligée.
Les faits qui lui ont valu une condamnation remontent à la nuit du 28 janvier 2011 à Dakar. Mbène, qui avait caché sa grossesse, arrive à terme. Ayant ressenti des contractions et des douleurs, elle s’est rendue dans les toilettes de la maison où elle habite pour accoucher d'un bébé de sexe féminin qu’elle a enveloppé dans un pagne avant de le déposer dans une maison en chantier, située près de chez elle. Elle a ensuite nettoyé les toilettes avant d'aller se coucher, comme si de rien n’était.
Le lendemain, le bébé a été retrouvé mort. L'affaire fait un grand bruit. Alertés par les habitants, les gendarmes de la brigade de la zone franche effectuent une descente sur les lieux et réquisitionnent les sapeurs-pompiers qui récupèrent le corps sans vie du nouveau-né. L’enquête ouverte permettra de mettre la main sur la mère de l’enfant. Placée en garde à vue, Mbène Mbaye finira par être déférée, inculpée pour infanticide et placée sous mandat de dépôt à la Maison d'arrêt pour femmes (Maf) de Liberté 6.
Âgée de 21 ans au moment des faits, la mise en cause, native de Kaolack, femme de ménage et domiciliée à Keur Mbaye Fall (banlieue dakaroise), a soutenu devant les juges qu’elle a été abusée sexuellement par un certain Mamadou Ka, vigile dans la maison où elle servait, et que ce dernier l'avait menacé de mort si elle le dénonce.
«Après avoir accouché, j’ai vu que l’enfant n’a pas crié et n’a fait aucun geste. J’ai cru ainsi qu’il était mort-né. C’est pourquoi, je l’ai enveloppé dans un pagne avant de le déposer dans cette maison», a-t-elle expliqué. Habillée d’une robe de couleur rose, un voile aux épaules, la jeune mère, de taille moyenne et de teint un peu clair, rongé par la tristesse et l’émotion, a juré qu’elle avait bien l’intention de garder son enfant s’il était vivant, malgré le fait qu’elle a été violée.
Mais Mme le procureur n'est pas de son avis. Dans son réquisitoire, elle a soutenu que l’enfant est né vivant. Parce que, détaille-t-elle, le rapport médical l’a démontré. Selon elle, Mbène Mbaye avait bel et bien l’intention de se débarrasser de son enfant car elle n’a informé personne de cette affaire, même pas sa propre mère. Elle a requis, en conséquence, sa condamnation à 10 ans de travaux forcés.
Quant à l'avocat de Mbène Mbaye, il a estimé que le délit d’infanticide n’est pas établi, soutenant que la mise en cause est de bonne foi. L’avocat a plaidé la disqualification des faits en délit d’abandon d’enfant et a demandé au juge d'être clément avec sa cliente. Il a été suivi par la chambre criminelles.