16 janvier 1983 : «La naissance de mon fils aîné. Cette date m’a marqué. D’abord, parce que c’est mon premier enfant et surtout que c’était un garçon. Et mon souhait le plus ardent était d’avoir un fils qui porterait le nom de mon papa. Et, je dis dire aussi que j’ai trois garçons qui portent le nom de Mohamed. Cette date m’a profondément marqué parce que le jour du baptême je n’avais pas les moyens. Mais, la solidarité agissante m’a permis de faire un baptême digne ce de nom devant toute ma famille réunie.»
Années 1980 : «C’est dans ces années-là que j’ai perdu ma mère. Je ne me souviens pas de la date exacte à l’instant (l’interview a été réalisée vendredi vers 20H00 à la sortie de l’émission «Lamou saff» de Sidate Thioune de la Rfm, ndlr). Chez moi, les gens évitent de parler de ma mère quand je suis présent parce que je n’ai jamais réussi à parler de ma mère et terminer mon discours sans verser des larmes. Elle a tout fait pour moi. Je vais vous raconter une anecdote. Mon père était un employé municipal et ma mère faisait du commerce. Mes parents n’étaient pas pauvres, mais ils n’étaient pas riches non plus. Alors, une fois ma mère est allée cultiver un champ d’arachide et après la récolte, elle a remis tout l’argent à mon père. Quand mon papa a essayé de lui donner une partie, elle lui a répondu : «La poule et ses œufs appartiennent à leur propriétaire et puis nous n’avons qu’un fils et je veux qu’il devienne demain quelqu’un d’important. ». Durant tout le temps qu’on a vécu avec eux, je n’ai jamais constaté un différend les opposant.»
27 août 1977 : «Première conférence des jeunes du Pds. Elle s’est tenue là où se trouve l’école Madièye Sall. A l’époque, c’est un terrain vide. Cette conférence a été déterminante pour mon avenir politique. Parce que, ce jour-là, le département de Thiès auquel j’appartiens avait rédigé un rapport et quand on est arrivé, celui qui devait lire le discours avait disparu avec le rapport. Et feu Babacar Sall m’avait chargé de faire les allocutions du département de Thiès. C’était un discours improvisé. Je suis monté sur la tribune sous les regards de Me Abdoulaye Wade. A la fin de mon allocution, Me Abdoulaye Wade m’a chaleureusement félicité. Et bien après, quand nous nous sommes retrouvés au palais de la République, il m’a rappelé cet épisode.»
25 mars 2012 : «C’est la date de notre perte du pouvoir. Ce jour-la, Me Wade m’a appelé pour me dire de préparer un discours, car il doit féliciter le Président Macky Sall qui a gagné les élections. Et quand je suis monté dans son bureau, j’ai trouvé Me Abdoulaye Wade tellement serein et confiant. Et il m’a dit : «Mais tu es tellement triste là, pourquoi ? Ce pouvoir ne nous appartient pas, ce sont les Sénégalais qui nous l’ont donné par la grâce de Dieu et ils nous l’ont retiré dans les meilleures conditions.». Et il ajoute : «Rappelez-vous, je vous disais que je ne marcherai jamais sur des cadavres pour entrer au Palais et je ne marcherai jamais non plus sur des cadavres pour y sortir.». Ca, c’est une leçon que j’ai reçue du Président Wade.
7 juin 1963 : «L’inauguration de la Grande mosquée de Touba. J’étais avec mon père qui est né en 1886 à Yang-Yang, qui a fait l’école française et qui était ensuite devenu gérant de maison de commerce. Il a tout abandonné pour répondre à l’appel de Serigne Touba d’aller faire la Première guerre mondiale sous la demande de Blaise Diagne. Et avant de partir, Serigne Touba leur avait fait comprendre que s’ils reviennent au Sénégal vivants, le reste de leur vie sera bénie et après leur mort, ils seront au paradis. Et le seul de mon père, c’était de participer à l’inauguration. Ce jour-la, on a passé la nuit à la belle étoile. On n’a mangé que des biscuits et je suis rentré à la maison avec une faim de loup, mais très content parce que j’étais à côté de mon père qui venait de participer à l’événement de sa vie».
L’Observateur