L’incursion de BDN dans l’arène des conquêtes politiques, à la faveur des dernières législatives, n’en continue pas moins d’interloquer plus d’un analyste politique et de poser une équation à multiples inconnues dont l’avenir immédiat ne manquera pas de nous fournir des réponses qui pourraient être tout aussi surprenantes.
La particularité de ce qu’il est désormais convenu de cataloguer comme le nouveau pole émergent de l’espace politique est dans son indépendance d’appréciation libre des événements et des situations. La force désormais incontestable de ce mouvement qui a conquis sa place aux côtés des grands partis et coalitions de partis tient tant à la personnalité singulière de son leader qu’à sa démarche politique originale fondée sur l’autonomie de fonctionnement, la prise de risques, la témérité et la verte sincérité du langage.
La surprise créée par Bës Du Niakk vient du fait que dans ce qui est, abusivement ou non, interprété comme un «partage du gâteau» post-alternance, le mouvement de El Hadj Mansour Sy Diamil qui n’était attendu presque nul part par une bonne partie de l’opinion et même de la classe politique (y compris par les dirigeants de la coalition majoritaire), est venu, pour ainsi dire, mettre les pieds dans le plat en coiffant au poteau les coalitions de partis, autant que des coalitions multipolaires dont les chances, réelles ou supposées, étaient, au départ, et pour des raisons évidentes, sans commune mesure avec les siennes.
Seul grand parti à l’hémicycle
Cette ligne de conduite qui est celle de la foi en soi-même et de la fermeté sur ses propres convictions est une leçon magistrale servie à toute la classe politique et doit servir de fil conducteur pour baliser l’avenir de toute organisation politique et/ou syndicale nourrissant des ambitions nationales, surtout de tous les Mouvements citoyens qui ont la prétention de nous convertir au modèle NTS (nouveau type de sénégalais).
Sans background politique autre que celui solide de son leader et de quelques uns de ses proches collaborateurs, sans moyens financiers à la hauteur de ses ambitions ou comparables à ceux de ses rivaux et, malgré une confection de listes faite en catastrophe et une campagne électorale tout aussi improvisée,Bës Du Niakk n’en est pas moins devenu, pour trois raisons au moins, la principale force organique de notre Parlement :
1°) Bdn est la seule liste à avoir obtenu quatre députés sans avoir eu besoin de s’encombrer d’un seul allié et avec une présence minimaliste dans quatre (4) régions sur quatorze (14) et dans neuf (9) départements sur quarante-cinq (45) là où les coalitions ayant obtenu plus ou autant de députés que lui (à savoir BBY, Sopi et Gis-Gis) avaient aligné, dans l’ensemble des départements, des candidatures appuyés par des moyens financiers quasiment illimités et une logistique on ne peut plus impressionnante mis à la disposition d’une flopée de responsables de haut rang qui ont, pour la plupart, exercé ou exercent encore le pouvoir avec ce que cela peut comporter de privilèges, de moyens d’influence et de prébendes de toutes sortes.
2°) Rapportés aux 45 départements que compte le Sénégal, les quatre députés obtenus dans 9 localités équivaut, proportionnellement, à 30 élus si ce Mouvement avait eu le temps de préparation nécessaire pour couvrir l’ensemble des circonscriptions électorales. Individuellement pris, rares seraient les membres de cette coalition qui, dans les mêmes conditions, aurait dépassé deux ou trois députés.
3°) Bdn a réussi à faire pièce à la forfaiture de ses alliés de Benno Bokk Yakaar qui ne lui proposaient pas plus d’un seul et unique poste dans leur liste.
D’avoir eu le courage et la lucidité de cracher sur ce quota injuste qui ne reposait sur aucune clé de répartition connue n’a fait qu’ajouter aux mérites de Bës-Du-Nakk.
Du reste, les absences du Parlement de mouvements et de partis alliés comme ceux de Landing Savané, Ibrahima Fall, Cheikh Tidiane Gadio, entre autres, reconnaît pour cause essentielle d’avoir manqué de cette témérité et de cette réactivité dont BDN a fait preuve pour cracher sur les propositions de BBY avant de jouer son va-tout en soumettant ses propres listes à la sanction populaire.
3°) En se présentant sous sa propre bannière, BDN est la seule réelle grande formation politique de la présente législature si l’on considère qu’une coalition (quelles que soient ses forces) n’est qu’une entité provisoire et non un parti politique et que BDN a gagné ce laurier d’exclusivité et de représentation en s’abstenant d’altérer sa dénomination, en se refusant de travestir ses propres couleurs et attributs, contrairement à tous ces partis supposés «historiques» ou détenteurs de «majorités» réelles ou factices qui ont choisi de se mettre en «sécurité » en trouvant refuge dans des coalitions qui leur ont fait perdre, à la fois, leur âme, leur autonomie et leur personnalité politique.
Ainsi, par ce jeu de sécurisation et d’instinct de conservation, ni l’APR ni le Ps ni l’AFP ni Rewmi encore moins leurs affidés et satellites ne peuvent revendiquer une quelconque présence à l’Assemblée nationale sous leur propre dénomination. Tous et toutes doivent se mordre les doigts en constatant qu’ils sont historiquement absents de cette 11e législature où cette coalition hétéroclite et de phagocytose dénomméeBenno Bookk Yakaar ne les représente guère à la dimension de leur vécu et de leur histoire politique.
A SUIVRE...